Les mots pour le dire


Avec sa participation à la prochaine séance annuelle de la quatrième commission, le Tavini retourne pour la douzième fois à New York pour plaider l’indépendance bien entendu, en appuyant sur le blocage de l’État dans les discussions sur le sujet.
Tahiti, le 2 octobre 2025 - Avant son déplacement à New York, le Tavini a critiqué jeudi la tenue à Paris du dîner républicain sur les réformes institutionnelles des territoires ultramarins. À cette occasion, Richard Tuheiava a posé la question du lexique à employer désormais pour parler de décolonisation.
 
 
À quelques jours de son déplacement à New York pour participer à la 4e commission de l’ONU, en charge des questions de décolonisation, le Tavini a organisé une conférence de presse pour dénoncer le dîner républicain tenu à l’Élysée mardi soir pour évoquer les réformes institutionnelles potentielles à mettre en place dans les territoires ultramarins. Dîner auquel a participé le président Moetai Brotherson.
 
Mais cette coïncidence de calendrier, a été jugée inoportune pour le président du Tavini. En effet, Oscar Temaru n’apprécie pas que soit organisé une telle réunion une semaine avant un rendez-vous important à l’ONU où, selon nos informations, le Tavini dépêche 15 personnes et l’Église protestante mā’ohi cinq. Le Tapura prévoit quant à lui d’y envoyer sept représentants du courant autonomiste.
 
Lors de séance de la quatrième commission, le Tavini retournera pour la 12e fois à New York pour plaider l’indépendance bien entendu, en appuyant sur le blocage de l’État dans les discussions sur le sujet.
 
D’autres questions seront abordées comme le trafic d’ice, la venue d’une délégation de l’ONU pour étudier la question de la décolonisation au Fenua, ainsi qu’une demande visant à organiser en Polynésie française la prochaine réunion de cette commission onusienne.
 
Des demandes maintes fois répétées qui risquent cependant de tomber dans un vide gouvernemental à l’échelle de Paris. L’État n’a en effet toujours pas de gouvernement, et l’année à venir devrait en outre être plus préoccupée par l’élection présidentielle de 2027 que par les questions institutionnelles des territoires ultramarins.
 
“Le Tavini rappelle que le seul véritable dossier légitime est celui du droit à l’autodétermination pleinement respecté, conforme aux textes et résolutions internationaux. Ce droit ne saurait être réduit à une simple évolution institutionnelle intégrée à la République française, ni être traitée sans la pleine participation – juste et équitable – du peuple mā’ohi et de ses représentants dans un cadre onusien crédible et transparent”, explique de surcroit le parti dans un communiqué transmis aux journalistes sur place.
 
En l’absence de velléité de l’État de venir discuter de l’indépendance avec le Tavini, Richard Tuheiava a proposé jeudi de venir exclure du champ lexical la notion de “colonialisme” qui semble froisser l’État sur la question. “Le problème fondamental vient du terme colonisation”, développe-t-il. “Je lance un appel : Quel est le nom qu’il faut utiliser aujourd’hui pour qu’on commence à dialoguer ? Des discussions qui devront se dérouler, non pas à l’Élysée de manière unilatérale dans le cadre d’une énième réforme institutionnelle, mais à l’ONU, dans le cadre des règles internationale des droits de l’Homme.”
 
“Ce n’est quand même pas au peuple qui a subi la colonisation d’avoir à offrir un terme avec lequel la puissance administrante va devoir s’accommoder”, a-t-il conclu.
 
Les discussions autour du vocabulaire à employer seront aussi proposées mardi prochain lors des prises de paroles du Tavini pendant la réunion de la 4e commission.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Jeudi 2 Octobre 2025 à 17:33 | Lu 3063 fois