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Les fonctionnaires d'État dans la rue pour leur retraite


La pluie n'a pas découragé les grévistes qui ont marché jeudi de la place Vaiete vers le Haut-commissariat.
La pluie n'a pas découragé les grévistes qui ont marché jeudi de la place Vaiete vers le Haut-commissariat.
Tahiti, le 5 décembre 2019 - Entre 600 et 700 fonctionnaires d'État ont participé hier au mouvement de grève pour manifester contre le projet Delevoye de réforme des retraites. Le mouvement a particulièrement été suivi par les personnels de l'éducation où un taux de 59,1% de grévistes a été décompté par le Pays.

"Sauvons nos retraites", "Retraite à points, zéro pointé", "Marre de se faire plumer", ou "Cotiser plus pour gagner moins" sont les quelques messages que l'on pouvait lire sur les banderoles des grévistes qui ont répondu jeudi à l'appel de l'intersyndicale des fonctionnaires d'État. Entre 600 et 700 personnes, selon la Direction de la sécurité publique (DSP), se sont réunies sur la place Vaiete pour manifester contre le projet Delevoye de réforme des retraites. Le cortège, composé d'enseignants, d'agents des services de la justice, des douanes ou du trésor public, s'est ensuite dirigé sous la pluie vers le Haut-commissariat, où ils ont présenté leurs revendications au directeur de cabinet du haut-commissaire. 

"La réforme ne nous convient pas du tout", a insisté Temarama Varney, secrétaire général du SE-UNSA. "Cette réforme va nous faire perdre 30% sur nos pensions de retraite. Mais l'État assure de son côté que personne ne sortira perdant de cette réforme, mais il y a des simulations qui ont été réalisées et il n'y a rien de positif pour nous." 

En effet, ce projet de réforme prévoit notamment d'unifier les 42 régimes de retraite en instituant un régime universel à points basé sur l'ensemble de la carrière. Or aujourd'hui, la retraite des fonctionnaires est calculée sur la base du dernier salaire brut (hors primes) perçu au moins six mois avant le départ à la retraite. "Avec cette réforme, quand on partira à la retraite, on n'aura absolument plus rien", atteste pour sa part Michael Bottreau, secrétaire territorial d'Alliance Police Nationale en Polynésie française.



L'ITR AU CŒUR DES REVENDICATIONS

L'intersyndicale a par ailleurs réclamé, au cours des négociations avec les représentants de l'État, la mise en place d'un système alternatif pour compenser la suppression progressive de l'Indemnité temporaire de retraite (ITR) qui doit définitivement disparaitre en 2028. "Il y a dix ans, l'État nous avait promis une compensation pour combler les pertes de l'ITR", explique Michael Bottreau. "On veut juste que l'on nous donne ce à quoi nous avons droit. Suite à notre rencontre avec les représentants de l'État, on espère qu'ils vont pouvoir peser auprès du gouvernement central pour faire remonter nos revendications."
 
"Avec la suppression progressive de l'ITR, la Polynésie française a contribué d'une certaine manière à l'effort national pour la caisse des retraites. Et aujourd'hui, l'État veut nous imposer sa réforme. Ce n'est pas acceptable", s'est exclamé John Mau, co-secrétaire du SNUPP Polynésie.
 
À noter que le mouvement de grève a été particulièrement suivi par les personnels de l'éducation où un taux de 59,1% de grévistes a été décompté par le Pays. Ce taux est même monté jusqu'à 78% dans le 1er degré. Si l'UNSA a appelé l'ensemble des grévistes à reprendre le travail vendredi, les syndicats SNETAA-FO et FNEC-FO ont prévu de reconduire le mouvement.
Le cortège était composé d'enseignants, d'agents des services de la justice, des douanes ou du trésor public. Le maître-mot était la solidarité entre les différents corps de métier.
Le cortège était composé d'enseignants, d'agents des services de la justice, des douanes ou du trésor public. Le maître-mot était la solidarité entre les différents corps de métier.

L' Indemnité temporaire de retraite, ITR, c'est quoi ?

L'ITR est un système de sur-retraite qui existe depuis un décret de 1952 dans six collectivités : la Réunion, Mayotte, Saint-Pierre et Miquelon, la Polynésie française, la Nouvelle Calédonie, Wallis-et-Futuna. Par ce dispositif, des retraités de l'Etat touchent une retraite complémentaire, même s’ils n’ont aucun lien avec le territoire d’Outre-Mer dans lequel ils s’installent. En 2008, dans un souci de réduction des dépenses, l'Etat a décidé de supprimer progressivement l'ITR jusqu'à son extinction en 2028. Pour compenser cette perte le gouvernement s'était engagé auprès des partenaires sociaux pour mettre en place un dispositif qui garantisse le pouvoir d’achat des futurs pensionnés du territoire. Un dispositif qui n'a pas encore vu le jour aujourd'hui. 

Rédigé par Désiré Teivao le Jeudi 5 Décembre 2019 à 17:55 | Lu 2463 fois