Les débats onusiens s’invitent à l’APF


Tahiti, le 15 octobre 2025 – Dans une question orale qui sera adressée au ministre de l’Éducation ce jeudi en séance plénière, le Tapura s’interroge sur une annonce faite par plusieurs pétitionnaires du Tavini la semaine dernière à l’ONU : la mise en place d’un “programme d’éducation politique et citoyenne aux options de décolonisation”, accompagné d’un volet “éducation et sensibilisation”. Des déclarations “ambigües” qui méritent clarification selon le parti d’Édouard Fritch.
 
Avant de passer à l’examen des dossiers inscrits à l’ordre du jour de cette nouvelle séance plénière (lire encadré), six questions orales ont été déposées par les élus des trois composantes de Tarahoi. Du côté du Tavini, il est demandé au gouvernement ce qu’il compte mettre en place pour soutenir les producteurs de Tubuai qui voient leurs carottes rejetées et gaspillées car “hors calibres”. Il est aussi question de nucléaire avec le suivi du projet scientifique du professeur Keohu Fox sur les conséquences génétiques transgénérationnelles des 193 essais opérés en Polynésie. Et enfin, d’environnement avec une question relative aux procédures administratives d’information avant interventions en rivière. Ahip de son côté s’interroge sur l’engagement pris par le président du Pays en mai dernier visant à reconnaître l’endométriose au titre de la longue maladie, mais dont l’arrêté se fait toujours attendre. Le Tapura enfin, s’inquiète de l’absence de missions de vétérinaires aux Marquises.
 
Édouard Fritch et Tepuaraurii Territahi de retour de New York, s’inquiètent surtout de l‘une des annonces faites par trois pétitionnaires du Tavini lors de la 4e commission de l’ONU le 7 octobre dernier. Une annonce qui émanerait d’une recommandation faite, “en catimini” par le ministre de l’Éducation quelques jours plus tôt en commission de décolonisation de l’assemblée alors même qu’il n’y siège pas, que les Polynésiens n’ont pas été consultés à ce sujet qui ne figurait, par ailleurs, pas au programme du Tavini. Il s’agirait de mettre en place un “programme d’éducation politique et citoyenne aux options de décolonisation”, accompagné d’un volet “éducation et sensibilisation”. “S’agit-il d’un programme d’éducation politique et citoyenne qui s’adresserait également à nos enfants, au titre d’une instruction civique”, demande ainsi le Tapura qui pointe du doigt cette démarche initiée par le Tavini à l’ONU alors même que les régimes totalitaires ont “utilisé l’école et les systèmes éducatifs comme instruments de propagande et d’endoctrinement politique”.

Joutes oratoires en perspective
 
Les déclarations des pétitionnaires du Tavini à l’ONU qui décrivent une Polynésie sous le joug de la puissance administrante qu’est la France risquent de revenir dans les débats à Tarahoi ce jeudi. Les élus doivent en effet rendre trois avis concernant différentes aides financières de l’État figurant dans le projet de loi de finances 2026. Sera ainsi notamment évoquée la diminution drastique prévue sur les taux de défiscalisation Outre-mer à laquelle ne sont pas favorables les rapporteurs, Tematai Le Gayic et Maurea Maamaatuaiahutapu qui plaident pour leur maintien, au moins dans les “secteurs stratégiques”. Cette dernière ayant particulièrement fustigé la France dans ses propos devant la 4e commission onusienne en charge des questions de décolonisation.

Elle ne manquera pas de se faire reprendre de volée par les élus de l’opposition qui devraient saisir l’occasion pour la mettre face à ses contradictions. Autrement dit, réclamer les subsides de l’État tout en l’accusant de tous les maux. Le gouvernement devrait aussi être mis à mal dans un autre dossier : une convention d’application sectorielle relative au secteur de l’économie pour la lutte contre la vie chère... à Wallis-et-Futuna. Enfin, les élus devront examiner la proposition de loi du Pays émanant des représentantes du Tavini, Élise Vanaa et Pauline Nivaa, et qui concerne la profession de comptable libéral en Polynésie française. Un texte qui a reçu un avis défavorable du Cesec et qui met vent debout l’Ordre des experts comptables de Polynésie, son président Vincent Law, y étant farouchement opposé.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 15 Octobre 2025 à 14:55 | Lu 1529 fois