Les Vergers de Moorea où les goûts retrouvés


PAPEETE, le 2 juillet 2018 - Marie Christine Sengues a lancé Les Vergers de Moorea. Une marque de confitures qui se décline en sept gammes et qui sonne comme une promesse de bon, de fruits, de saveurs. Poussée dans sa lancée par Patrick Lenôtre, elle propose aujourd’hui quarante-et-uns parfums à déguster en fonction des saisons.

"Je suis intuitive", annonce Marie Christine Sengues pour éclairer une anecdote marquante de son parcours. Les yeux dans les yeux, elle poursuit : "je n’écoute jamais la radio mais, je ne sais pas pour quelle raison, ce jour-là, elle était allumée et j’ai entendu l’interview de Patrick Lenôtre". C’était au début de l’année 2017, Marie Christine Sengues était dans sa voiture, au fond de la baie d’Opunohu.

"Il était de passage à Moorea où il devait préparer au Sofitel trois repas", poursuit-elle. "Un menu gastronomique, un buffet et un brunch." En préambule, les médias lui avaient donné la parole. "Patrick Lenôtre racontait être issu d’une grande famille de pâtissier et disait ses difficultés lorsqu’il fit le choix de passer en cuisine."

Au fil du temps et après de nombreux succès le neveu du fameux Gaston Lenôtre, finit par être reconnu par les siens. "Il gardait toutefois un regret, celui de ne pas avoir vu ses enfants grandir", rapporte Marie Christine Sengues. "Lors de cette interview, il parlait aussi beaucoup de son père. Il était très touchant. Je me suis dit qu’il fallait absolument que je lui fasse goûter mes confitures."

Des moments heureux

La folie des confitures a démarré très tôt pour Marie Christine Sengues. "Avant même d’arriver en Polynésie, en 2009. Car cela me rappelait des moments heureux partagés avec ma grand-mère. Je dirais même d’aventures parce qu’avec elle, la cueillette des fruits, c’était une aventure."

Avant le passage de Patrick Lenôtre, Marie Christine Sengues avait déjà commencé ses expériences dans son laboratoire. En rentrant chez elle, après avoir entendu l’interview radiophonique, elle a décroché son téléphone pour joindre le Hilton et trouver le moyen de faire déposer quelques-unes de ses créations sur la table du chef pour son petit-déjeuner.

"Je suis tombée sur une personne de l’hôtel me promettant qu’il s’en chargerait. Je lui ai fait confiance et j’ai réservé deux places au buffet du lendemain, pour mon mari et moi." Pour le couple, l’effort financier n’était pas négligeable, "mais indispensable. Je devais y aller".

Lors du buffet "somptueux de pièces incontournables de la cuisine française", Marie Christine Sengues a "picoré" et rencontré le chef. "Je me suis présentée à lui comme la femme qui avait fait les confitures." Une annonce à laquelle Patrick Lenôtre a répondu : "je le savais. Je savais que derrière ces confitures se cachait une femme. Vous savez, elles m’ont fait penser à mon père".

"À ces mots, j’ai pleuré"

"À ces mots, j’ai pleuré", reconnaît Marie Christine Sengues, encore émue. "Il m’a encouragée, me disant que les gelées étaient extraordinaires et me donnant des conseils pour améliorer mes confitures." Conseils qu’elle a précieusement conservés.

Dans les deux mois qui ont suivi l’improbable rencontre, elle a créé vingt parfums. Depuis, elle en a ajouté vingt-et-un, affinant toujours plus ses recettes. Tout au long de l’année, elle propose de savoureux mariages de fruits de saison, d’épices et de chocolat délicatement dosés comme : le mape et la vanille, la banane, le gingembre et le chocolat blanc, le lait de coco et le potiron ou bien encore le pamplemousse et la chartreuse, l’ylang ylang et le moelleux d’ananas. Elle compose avec des fleurs comme les taina, le jasmin ou les tiare et fabrique des chutneys de mangues, de bananes fe’i, de coco ou de citron.

Marie Christine cuisine comme elle vit. Douce, entière, sans concession, attentive aux petits détails qui font la différence. Dans son laboratoire à Moorea, elle mijote ses fruits mariés les uns aux autres avec patience et inventivité. Elle évolue en suivant les critères de l’épicerie fine. "J’associe le goût et la saveur, je respecte les couleurs, je mets très peu de sucre", précise-t-elle.

"Le goût c’est le désir"

Le goût, pour Marie Christine Sengues, "c’est le désir. Le respect du temps, des saisons suscite le désir. Il faut qu’il y ait de la frustration pour apprécier". Le temps, ou plutôt les temps. "Il en existe plusieurs", assure-t-elle, dont celui de la dégustation.

Avant de contenter les papilles, la confiture est une histoire de parfum, de couleur, de texture. "Je veux qu’on sente le fruit quand on ouvre le pot, c’est une rencontre sensuelle, un voyage. Je veux que la confiture nourrisse l’enfant intérieur." D’après elle, quand on mange "on nourrit son corps physique, mais aussi psychique et, peut-être même son âme ? ", interroge-t-elle.

Avec les gourmandises des Vergers de Moorea on nourrit aussi son cœur. Et la sustentation commence avant même l’ouverture du pot, à la lecture des étiquettes des pots de confiture. La marque compte sept gammes : la terre retrouvée, l’enfance retrouvée, la douceur retrouvée, l’émotion retrouvée, la fraîcheur retrouvée, l’ivresse retrouvée et la saveur retrouvée. Tout un poème.


Pratique

Facebook : Les Vergers de MOOREA
Tél. : 87 74 87 46

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 2 Juillet 2018 à 15:33 | Lu 5901 fois