Tahiti, le 9 octobre 2025 - Le Pays poursuit la préparation de son texte sur le Pass Tāmā’a Maita’i, censé venir en aide aux salariés et développer la consommation locale de produits sains. Le compte est pour l’heure loin d’être précis et le texte vire à l’usine à gaz si ce dernier n’est pas profondément remanié.
Le 18 septembre dernier, le président du Pays, Moetai Brotherson, évoquait la mise en œuvre prochaine du “projet de loi Tāmā’a Maita’i” qui “viendra soutenir le pouvoir d’achat d’une grande partie des classes moyennes et qui est en faveur des produits locaux”, expliquait-il lors de son discours de politique générale.
Tahiti Infos s’est procuré le projet de texte qui devrait prochainement arriver sur le bureau des élus de l’assemblée. “Le dispositif qui vous est présenté veut promouvoir un geste fort et essentiel pour le gouvernement : Manger local”, prévient l’exposé des motifs du projet visant la mise en place de l’application Tāmā’a Maita’i. “Avec cette loi, nous voulons faire reculer la consommation alimentaire de produits importés et que nos produits locaux reconquièrent les repas de nos foyers.”
Mais que nous réserve cette loi ? “Le texte poursuit deux objectifs principaux : garantir aux salariés et aux agents publics du territoire un accès régulier à une alimentation saine et équilibrée et dynamiser activement l’économie locale en encourageant prioritairement la consommation de produits alimentaires locaux”, poursuit l’exposé des motifs de ce projet de loi. Des tickets restos ? Des bons d’achats pour des fruits et des légumes moins chers ?
Un peu tout à la fois en fait car le dispositif se fait fort de permettre de “payer moins cher son repas au snack ou au restaurant”, de “payer moins cher des achats au marché ou chez l’agriculteur”, et de “payer moins cher ses fruits et ses légumes au magasin”.
Le 18 septembre dernier, le président du Pays, Moetai Brotherson, évoquait la mise en œuvre prochaine du “projet de loi Tāmā’a Maita’i” qui “viendra soutenir le pouvoir d’achat d’une grande partie des classes moyennes et qui est en faveur des produits locaux”, expliquait-il lors de son discours de politique générale.
Tahiti Infos s’est procuré le projet de texte qui devrait prochainement arriver sur le bureau des élus de l’assemblée. “Le dispositif qui vous est présenté veut promouvoir un geste fort et essentiel pour le gouvernement : Manger local”, prévient l’exposé des motifs du projet visant la mise en place de l’application Tāmā’a Maita’i. “Avec cette loi, nous voulons faire reculer la consommation alimentaire de produits importés et que nos produits locaux reconquièrent les repas de nos foyers.”
Mais que nous réserve cette loi ? “Le texte poursuit deux objectifs principaux : garantir aux salariés et aux agents publics du territoire un accès régulier à une alimentation saine et équilibrée et dynamiser activement l’économie locale en encourageant prioritairement la consommation de produits alimentaires locaux”, poursuit l’exposé des motifs de ce projet de loi. Des tickets restos ? Des bons d’achats pour des fruits et des légumes moins chers ?
Un peu tout à la fois en fait car le dispositif se fait fort de permettre de “payer moins cher son repas au snack ou au restaurant”, de “payer moins cher des achats au marché ou chez l’agriculteur”, et de “payer moins cher ses fruits et ses légumes au magasin”.
Une complexité rebutante
Là où le bât blesse pour l’instant dans ce projet de loi, c’est au regard de l’extrême complexité annoncée du dispositif alors que le gouvernement vante une mécanique vertueuse pour le salarié, l’entreprise, les restaurateurs et commerces de proximité.
“En pratique”, est-il expliqué, les employeurs “mettront à disposition de leurs salariés soit un système de restauration collective soit un dispositif de titres-restaurant dits titres Tāmā’a Maita’i”. Une proposition difficilement applicable alors que 97 % des entreprises de Polynésie française sont des TPE de moins de 10 salariés et que nombre d’entre-elles n’ont ni comité d’entreprise, ni délégués du personnel et encore moins de comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Un texte de loi donc exclusivement réservé aux agents de l’administration et aux salariés de grosses entreprises et qui sort du dispositif les milliers de patentés et d’auto-entrepreneurs du pays.
Toujours aussi complexe, la même formule est adaptée au secteur public. Si l’agent est d’accord, il “se verra doté d’un dispositif dématérialisé (une application) ou d’une carte comme moyen de paiement. Les titres papiers sont exclus à ce stade.”
Le tout pour 18 000 francs, minimum, par mois et par salarié, à raison de 50 % au moins pour l’entreprise et 50 % au plus pour le salarié. Les parts financées par le Pays (pour le public) et l’employeur (pour le privé) sont exonérées de prélèvement obligatoire jusqu’à une valeur nette de 30 000 francs par salarié et par mois.
Ces dispositions s’appliqueront, que l’employeur choisisse le Pass Tāmā’a Maita’i ou le dispositif de restauration collective.
Ne seraient alors concernés que les produits vivriers, les légumes, les fruits, les poissons, les féculents et les produits locaux ainsi que les denrées animales provenant de bêtes “abattues ou élevées en Polynésie française” comme la viande, le poisson, les œufs ou le lait.
Quelques produits transformés pourraient aussi figurer dans la liste, à condition de contenir des produits locaux (toutes les denrées alimentaires brutes d’origine végétale ou animale produites en Polynésie française) et des ingrédients importés nécessaires à leur fabrication. “Un produit transformé est considéré comme local si plus de 50 % de la valeur totale des matières premières qui le composent ont été produits en Polynésie française” sachant que “les eaux de source produites en Polynésie française sont aussi considérées comme des produits alimentaires locaux”. À ce compte-là, les boissons gazeuses sucrées pourraient alors être autant éligibles que les yaourts et les jus de fruits puisque seuls les alcools et le tabac sont exclus de la liste.
Un arrêté en conseil des ministres définira les catégories de produits à prendre en considération. Un autre arrêté fixera les commerces, les entreprises de restauration et les producteurs agréés.
“En pratique”, est-il expliqué, les employeurs “mettront à disposition de leurs salariés soit un système de restauration collective soit un dispositif de titres-restaurant dits titres Tāmā’a Maita’i”. Une proposition difficilement applicable alors que 97 % des entreprises de Polynésie française sont des TPE de moins de 10 salariés et que nombre d’entre-elles n’ont ni comité d’entreprise, ni délégués du personnel et encore moins de comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Un texte de loi donc exclusivement réservé aux agents de l’administration et aux salariés de grosses entreprises et qui sort du dispositif les milliers de patentés et d’auto-entrepreneurs du pays.
Toujours aussi complexe, la même formule est adaptée au secteur public. Si l’agent est d’accord, il “se verra doté d’un dispositif dématérialisé (une application) ou d’une carte comme moyen de paiement. Les titres papiers sont exclus à ce stade.”
Le tout pour 18 000 francs, minimum, par mois et par salarié, à raison de 50 % au moins pour l’entreprise et 50 % au plus pour le salarié. Les parts financées par le Pays (pour le public) et l’employeur (pour le privé) sont exonérées de prélèvement obligatoire jusqu’à une valeur nette de 30 000 francs par salarié et par mois.
Ces dispositions s’appliqueront, que l’employeur choisisse le Pass Tāmā’a Maita’i ou le dispositif de restauration collective.
Ne seraient alors concernés que les produits vivriers, les légumes, les fruits, les poissons, les féculents et les produits locaux ainsi que les denrées animales provenant de bêtes “abattues ou élevées en Polynésie française” comme la viande, le poisson, les œufs ou le lait.
Quelques produits transformés pourraient aussi figurer dans la liste, à condition de contenir des produits locaux (toutes les denrées alimentaires brutes d’origine végétale ou animale produites en Polynésie française) et des ingrédients importés nécessaires à leur fabrication. “Un produit transformé est considéré comme local si plus de 50 % de la valeur totale des matières premières qui le composent ont été produits en Polynésie française” sachant que “les eaux de source produites en Polynésie française sont aussi considérées comme des produits alimentaires locaux”. À ce compte-là, les boissons gazeuses sucrées pourraient alors être autant éligibles que les yaourts et les jus de fruits puisque seuls les alcools et le tabac sont exclus de la liste.
Un arrêté en conseil des ministres définira les catégories de produits à prendre en considération. Un autre arrêté fixera les commerces, les entreprises de restauration et les producteurs agréés.
Des trous dans la raquette
Pour l’heure, le projet de loi est toujours au stade de l’ébauche et devra encore être examiné par le Cesec avant d’être soumis à l’avis des représentants de l’assemblée de la Polynésie française. Mais de nombreux vides restent à combler, principalement pour les magasins, marchés et restaurateurs. Devront-il poser une étiquette sur la tomate locale pour la différencier de celle importée ? La salade, le concombre ou le navet importés ne sont-ils pas plus sains que certains produits porcins locaux ? Auquel cas, doivent-ils figurer dans le dispositif pour encourager à manger sainement, au détriment de l’encouragement à manger local ? Et quid des 20 000 patentés (sources Cesec) qui sont les salariés de leurs propres entreprises ?
Autant de trous dans la raquette législative que le gouvernement a le devoir de rapidement combler au risque de voir son vertueux projet de texte être inopérant et surtout ignorée par les entreprises et les salariés.
Autant de trous dans la raquette législative que le gouvernement a le devoir de rapidement combler au risque de voir son vertueux projet de texte être inopérant et surtout ignorée par les entreprises et les salariés.