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Le concombre de mer des lagons des Eparses se vend très bien en Asie


JUAN DE NOVA, 25 juillet 2014 (AFP) - Il présente un aspect peu ragoûtant mais séché, il se vend cher en Asie: le concombre de mer, dépollueur des lagons, est la cible des pêcheurs, même dans des espaces protégés comme les îles Eparses, dans l'océan Indien.

De son nom savant "holothurie", le concombre de mer est un animal au corps mou et cylindrique, mesurant généralement entre 10 à 30 cm. Il vit posé dans les fonds marins et se nourrit en filtrant l'eau. Il ingurgite les détritus, sédiments grossiers, les digère et les rejette en un sédiment plus fin et plus homogène. Il tient donc un rôle important dans le processus biologique des fonds marins et l'oxygénation des océans.

Selon le ministère de l'Outre-mer, les prix de gros pour ces animaux varient de 50 à 400 dollars le kilo, en fonction de l'espèce pêchée. L'holothurie de sable, de haute qualité, peut dépasser les 1.000 dollars au kilo au marché de Hong-Kong. Dans la zone du canal du Mozambique, le concombre de mer est pêché par tous les pays: Madagascar (géographiquement le plus proche des Eparses), le Mozambique, le Kenya et la Tanzanie.

Si la piraterie a reculé dans le nord du canal, en revanche "la pêche illégale, surtout la pêche d'holothuries, s'est accrue récemment sur les fonds bordant l'îlot de Juan de Nova et l'archipel des Glorieuses", affirme à l'AFP la Marine nationale.

"Elle est le fait de pêcheurs malgaches aux moyens rudimentaires mais en nombre, qui, en raison de l'étroitesse des hauts fonds, font peser une menace écologique sur ces espaces protégés", souligne la Marine.

Après plusieurs mois d'observation et de nombreux signalements de pêche illicite par les gendarmes en poste sur les îles et le CROSS de La Réunion, une intervention a été décidée par les autorités.

- Commanditaires chinois -

Le 29 mars dernier, la frégate de surveillance Nivôse, ses trois embarcations rapides et son hélicoptère ont intercepté dans le lagon de Juan de Nova cinq navires de pêche provenant de Madagascar, avec 112 personnes à bord. Trois pratiquaient une pêche artisanale et deux, plus imposants, semblaient avoir une vocation quasi industrielle.

Près d'une tonne de concombres de mer a été rejetée à la mer, tandis qu'était saisi un important matériel de plongée, témoignant d'une filière organisée. Les navires et leurs équipages ont simplement été sommés de quitter les eaux françaises.

Les commanditaires chinois, souvent implantés directement à Madagascar, fournissent le matériel mais laissent les Malgaches partir en mer, selon un connaisseur du dossier.

Les risques valent la peine: la demande est très forte en Asie et particulièrement en Chine, premier marché mondial, où le concombre de mer est un mets prisé tout particulièrement autour du Nouvel An chinois. Cette consommation sous forme sèche dite bêche-de-mer ou trépang, est traditionnelle chez les Chinois. L'holothurie était déjà mentionnée dans leurs légendes anciennes et son commerce pratiqué depuis au moins le XIVe siècle avec l'Inde, l'Indonésie ou encore les Philipinnes.

La médecine traditionnelle lui prête de nombreuses vertus: renforcement musculaire, immunité, lutte contre l'arthrose, l'anémie, l'impuissance...

"Environ 20.000 tonnes de produits séchés sont destinées chaque année aux consommateurs chinois", et 1 kg d'holothuries pêché donne un peu moins de 100 gr de produit sec.

Rédigé par () le Vendredi 25 Juillet 2014 à 03:42 | Lu 2014 fois
           



Commentaires

1.Posté par xxl le 25/07/2014 08:51 | Alerter
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Çà fait un peu peur pour chez nous, nous avons des gens pour qui malheureusement l'appât du gain est plus fort que l'amour du pays, si nous devions être victime d'une surpêche de nos rori, nos atolls seraient vite transformés en poubelle organique, les déchets de la faune et de la flore corallienne n'étant plus filtré par ces champions du nettoyage écologique.