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Le Tavini demande une modification de la Constitution pour lancer le processus de décolonisation


PAPEETE, le 16 novembre 2018. Le Tavini Huira'atira a transmis à l'Etat un avis minoritaire sur le projet de loi organique modifiant le statut d'autonomie de la Polynésie française. Le groupe indépendantiste demande la mise en place d'un "processus de décolonisation et d'émancipation de la Polynésie française".

La réforme de la Constitution, stoppée en plein examen en milieu d'année pour cause d’affaire Benalla, est toujours au programme du gouvernement. Le débat pour ce projet de loi de la révision constitutionnelle doit reprendre en janvier. Le Tavini Huira'atira aimerait profiter de cet examen pour faire "adopter par le Parlement une loi constitutionnelle" (...) "un processus de décolonisation et d'émancipation de la Polynésie française".

Le Tavini Huira'atira a fait part de sa volonté dans l'avis minoritaire qu'elle a transmis ce vendredi à l'Etat sur le projet de loi organique modifiant le statut d'autonomie de la Polynésie française. Jeudi, en séance, les élus avaient regretté cet "énième toilettage statutaire". "Nous disons que c’est d'une révision profonde de la relation constitutionnelle entre l'Etat et la collectivité qu'il nous faudrait débattre, pour prendre en considération les problématiques actuelles et futures des Polynésiens". Pour résumer, "Cela fait quarante ans qu'on essaie de changer une ampoule avec un marteau. Cela ne marche pas. Il faut changer d'outil", souligne le représentant et député Moetai Brotherson. "Pour nous changer d'outils, c'est mettre en place un processus de décolonisation."
"On n'avance pas",
regrette Tony Géros qui interpelle : "l'Etat sait-il que la Polynésie est inscrite sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU depuis le 17 mai 2013 ?"

Cette résolution "prie le gouvernement français (...) de favoriser la mise en place d'un processus de décolonisation", relève le Tavini Huira'atira dans son avis avant d'ajouter : "les seules discussions entre le gouvernement de la Polynésie française et le ministère des Outre-mer ne constituent pas un cadre démocratique suffisant."

La reconnaissance du fait nucléaire dans le statut d'autonomie de la Polynésie française telle que prévue par le projet de loi organique n'est pas suffisante. Le Tavini note que cette "modification" ne "prend pas en considération toute l'étendue du préjudice subi par le peuple ma'ohi".

L'avis de l'assemblée et les deux avis minoritaires du Tavini et du Tahoera'a ont été transmis ce vendredi à Paris. Le gouvernement français décidera s'il retient ou non les propositions qui ont été faites avant de transmettre le projet de loi organique au Parlement. Mais ce texte ne sera pas examiné tout de suite. Il passera après l'examen du projet de loi de la révision constitutionnelle.

Rédigé par Mélanie Thomas le Vendredi 16 Novembre 2018 à 14:59 | Lu 1514 fois