Tahiti, le 2 décembre 2025 - C’est la conclusion d’un long feuilleton. Un an après les premières alertes et plusieurs mois après la décision de couper les subventions, le gouvernement de Moetai Brotherson a officiellement engagé la démission de la Polynésie française de l’agence ‘Ōpua. Le projet de délibération, étudié ce mercredi en commission de l’aménagement, acte ainsi la rupture entre le Pays et une structure jugée défaillante.
Annoncée depuis plusieurs mois, la rupture est sur le point d'être consommée entre le Pays et l'agence 'Ōpua. Lorsque l’Agence d’aménagement et de développement durable des territoires (AADTPF) voit le jour en 2020, elle est pensée comme un pivot : un espace de réflexion, d’expertise et d’accompagnement pour donner corps au Schéma d’aménagement général (Sage). Quatre ans plus tard, le constat dressé par le gouvernement est sans appel : 'Ōpua n’a pas rempli sa mission. Cet outil, qui se voulait stratégique, est devenu un gouffre financier pour le Pays qui ne veut plus cracher au bassinet et souhaite donc en sortir.
Ce mercredi, la commission de l'aménagement de l’assemblée doit examiner un projet de délibération “portant démission de la Polynésie française” de l'agence 'Ōpua. Et le rapport est sévère. Malgré 405 millions de francs versés depuis son adhésion en 2021 – entre cotisations et subventions – le Pays estime que l’agence “ne parvient pas à démontrer son utilité de la mise en œuvre du Sage”, incapable de produire des “observatoires fonctionnels, des outils d’aide à la décision ou de livrables normés et finalisés”. La structure s'est ainsi “progressivement éloignée” de ses principes directeurs, résume Bruno Flores dans son rapport, évoquant aussi des “problèmes internes” qui ont achevé d’entamer la confiance.
Une lente dérive, sous les yeux des collectivités et des élus
La dérive de l’agence n’est pas une découverte. Dès 2024, élus municipaux et représentants à Tarahoi exprimaient leurs doutes. Direction contestée, tensions internes explosives, audit de crise, départs en chaîne : les dysfonctionnements s’accumulaient. Et en juillet 2024, l’agence se retrouvait sans direction, la présidente du bureau, Victoire Laurent, assurant l’intérim faute de mieux.
“On se demande si on ne ferait pas mieux de fermer la structure”, confiait à l’époque un élu de la majorité, tandis que plusieurs communes, dont Mahina, Pirae et Papeete, envisageaient déjà de se retirer. Lorsque le gouvernement a annoncé, il y a quelques mois, la fin brutale de sa subvention annuelle de 100 millions de francs, le coup de grâce était donné. Moorea, première commune à franchir le pas, officialisait son départ. Le maintien de l’agence n’était plus qu’une fiction.
Un avenir incertain pour l’agence
Restait au gouvernement à trancher politiquement. C’est désormais fait, ce projet de délibération mettant donc fin à l'adhésion du Pays à l'agence 'Ōpua. “Le maintien de la Polynésie française au sein de cette structure ne présente désormais plus aucun intérêt”, conclut d'ailleurs sans détour le rapport. Reste l’avenir de la structure elle-même. Avec le retrait du Pays, principal financeur, et le départ déjà acté de plusieurs communes, 'Ōpua ne semble plus en mesure de poursuivre ses activités. “Si le gouvernement se retire, ça va être dur… Très dur”, reconnaissait déjà en août un membre de son conseil d’administration. “Avec les seules contributions des communes, ce ne sera pas suffisant.” Avec cette démission, le gouvernement referme définitivement un chapitre d’aménagement territorial qui n’aura jamais tenu ses promesses, laissant derrière lui une structure exsangue et un chantier institutionnel à reconstruire.
Annoncée depuis plusieurs mois, la rupture est sur le point d'être consommée entre le Pays et l'agence 'Ōpua. Lorsque l’Agence d’aménagement et de développement durable des territoires (AADTPF) voit le jour en 2020, elle est pensée comme un pivot : un espace de réflexion, d’expertise et d’accompagnement pour donner corps au Schéma d’aménagement général (Sage). Quatre ans plus tard, le constat dressé par le gouvernement est sans appel : 'Ōpua n’a pas rempli sa mission. Cet outil, qui se voulait stratégique, est devenu un gouffre financier pour le Pays qui ne veut plus cracher au bassinet et souhaite donc en sortir.
Ce mercredi, la commission de l'aménagement de l’assemblée doit examiner un projet de délibération “portant démission de la Polynésie française” de l'agence 'Ōpua. Et le rapport est sévère. Malgré 405 millions de francs versés depuis son adhésion en 2021 – entre cotisations et subventions – le Pays estime que l’agence “ne parvient pas à démontrer son utilité de la mise en œuvre du Sage”, incapable de produire des “observatoires fonctionnels, des outils d’aide à la décision ou de livrables normés et finalisés”. La structure s'est ainsi “progressivement éloignée” de ses principes directeurs, résume Bruno Flores dans son rapport, évoquant aussi des “problèmes internes” qui ont achevé d’entamer la confiance.
Une lente dérive, sous les yeux des collectivités et des élus
La dérive de l’agence n’est pas une découverte. Dès 2024, élus municipaux et représentants à Tarahoi exprimaient leurs doutes. Direction contestée, tensions internes explosives, audit de crise, départs en chaîne : les dysfonctionnements s’accumulaient. Et en juillet 2024, l’agence se retrouvait sans direction, la présidente du bureau, Victoire Laurent, assurant l’intérim faute de mieux.
“On se demande si on ne ferait pas mieux de fermer la structure”, confiait à l’époque un élu de la majorité, tandis que plusieurs communes, dont Mahina, Pirae et Papeete, envisageaient déjà de se retirer. Lorsque le gouvernement a annoncé, il y a quelques mois, la fin brutale de sa subvention annuelle de 100 millions de francs, le coup de grâce était donné. Moorea, première commune à franchir le pas, officialisait son départ. Le maintien de l’agence n’était plus qu’une fiction.
Un avenir incertain pour l’agence
Restait au gouvernement à trancher politiquement. C’est désormais fait, ce projet de délibération mettant donc fin à l'adhésion du Pays à l'agence 'Ōpua. “Le maintien de la Polynésie française au sein de cette structure ne présente désormais plus aucun intérêt”, conclut d'ailleurs sans détour le rapport. Reste l’avenir de la structure elle-même. Avec le retrait du Pays, principal financeur, et le départ déjà acté de plusieurs communes, 'Ōpua ne semble plus en mesure de poursuivre ses activités. “Si le gouvernement se retire, ça va être dur… Très dur”, reconnaissait déjà en août un membre de son conseil d’administration. “Avec les seules contributions des communes, ce ne sera pas suffisant.” Avec cette démission, le gouvernement referme définitivement un chapitre d’aménagement territorial qui n’aura jamais tenu ses promesses, laissant derrière lui une structure exsangue et un chantier institutionnel à reconstruire.