Le BIA donne des ailes aux collégiens de Nuku Hiva


Nuku Hiva, le 3 mai 2022 - Dix élèves du collège de Nuku Hiva aux Marquises se préparent à passer leur brevet d’initiation aéronautique (BIA), dans les mêmes conditions qu'en métropole. Une première dans l'archipel, grâce à la détermination d'un professeur qui y voit une belle opportunité pour les jeunes Marquisiens.
 
Le brevet d’initiation aéronautique (BIA) est issu d’un partenariat entre la Direction de l’aviation civile et l’Éducation nationale depuis 1967. Sur le principe du volontariat, les élèves des collèges et des lycées de métropole et d’outre-mer peuvent choisir de le passer. C’est un diplôme à part, qui n’a pas véritablement d’équivalent puisqu’il se situe à la jonction de l’éducation et du monde de l’aviation et de l’espace. Il atteste d’un niveau de connaissances générales dans le domaine aéronautique, mais il constitue surtout un pont entre passion et réalité de terrain, savoir et pratique, professionnel et amateur, civil et militaire.
 
Cette année, pour la première fois, sur proposition du professeur de technologie Christophe Covillault, le collège de Nuku Hiva propose à ses élèves des classes de 3e et de 2nde de passer le BIA en son sein. Dix ont répondu favorablement à cette proposition.
 
Centre d'examen expérimental
 
"Le BIA est proposé dans quelques établissements à Tahiti mais rien jusqu'à présent dans les archipels, explique Christophe Covillault. Dès que j'ai été nommé aux Marquises, j'ai suggéré à ma hiérarchie la mise en place d'un tel dispositif dans la mesure où j’enseigne le BIA depuis 25 ans. Malgré des contraintes sanitaires omniprésentes, à mon grand étonnement, l'idée a séduit, jusqu'au vice-recteur lors de sa visite. À titre expérimental, le collège va donc être cette année centre d'examen, et ce sera la première fois aux îles Marquises. Dix élèves sont inscrits, mais il y a aussi quatre adultes en candidats libres.”

Faute de moyens affectés cette année à la préparation du brevet en question, (qui n’a rien à voir avec le programme de technologie enseigné au collège) Christophe Covillault assure bénévolement un service de coaching depuis janvier à ses élèves. “Il s’agit d’accompagner les élèves volontaires vers l’examen national du BIA qui sera organisé le mercredi 1er juin 2022, dans les mêmes conditions qu’en métropole, précise le professeur. C’est une initiation à la culture scientifique et technique de l'aéronautique et du spatial qui peut conforter les élèves qui ont déjà le goût de l’aéronautique et pourquoi pas, pour certains élèves en décrochage scolaire, leur redonner le goût d’apprendre et susciter des vocations. Je vois déjà chez certains un vrai potentiel.”
 
Une formation adaptée à l'insularité
 
Ainsi, une fois par semaine les élèves abordent des sujets variés tels que l’aérodynamique, la mécanique, la navigation, la sécurité, la météorologie, l’histoire et des notions d’anglais aéronautique. Une formation que Christophe Covillault considère comme particulièrement adaptée aux îles avec de vraies perspectives d'emploi pour les jeunes Marquisiens (voir encadré). 
 
En début de semaine, afin que les élèves du BIA puissent relier la théorie à la pratique, une visite de l’aéroport de Nuku Hiva a été l’occasion de rencontrer les différents corps de métiers présents sur place : ceux relatifs à la piste et au trafic, au fret et à la logistique, ou encore à la sécurité. Les élèves ont aussi pu assister à l’atterrissage d’un avion aux côtés des intervenants de la tour de contrôle. Prochainement une visite des infrastructures de Tahiti Nui Helicopters est également prévue.
 
Cette expérimentation du BIA devrait être pérennisée l’année prochaine. Des heures seront prévues dans l'emploi du temps des élèves de 3e et 2nde volontaires et de leur enseignant, puis les cours commenceront dès la rentrée de septembre.

Christophe Covillaud, professeur de technologie
“Un véritable potentiel professionnel pour les jeunes Marquisiens”

“L'insularité est particulièrement dépendante du maritime évidemment, mais aussi de l'aérien. Et il y a des projets dans les cartons pour les Marquises : extension aérodrome, aéroport international. De plus, avant la crise sanitaire liée au Covid, le domaine de l’aérien était un secteur pourvoyeur d’emplois. Il n’y a pas de raison que cela ne reprenne pas, d’ailleurs la reprise est déjà actée dans beaucoup de pays. Il y a donc un véritable potentiel professionnel dans ce secteur et, en ce qui nous concerne, pour les jeunes Marquisiens.”


Rédigé par Marie Laure le Mardi 3 Mai 2022 à 16:48 | Lu 1556 fois