La fédération Te Marae Mo’a veut “aller de l’avant” sur le respect des rāhui (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 25 juin 2025 – Nouvelle vague de mécontentement suite à la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc). Cette fois-ci, c’est la fédération des comités de gestion des rāhui qui dénonce un manque de soutien des autorités, concernant notamment les problématiques liées à la surveillance des zones de pêche réglementées (ZPR). Confrontés à la réalité du terrain, les bénévoles sollicitent une première réunion de travail avec les services du Pays et de l’État pour “trouver des solutions et aller de l’avant”.
Après les représentants des Marquises et des Australes concernant le zonage côtier, c’est au tour de la fédération Te Marae Mo’a de se faire entendre suite à la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc), où le rāhui a été mis à l’honneur par la délégation polynésienne. Une conférence de presse était organisée ce mercredi à la marina de Tehoro, à proximité de la zone de pêche réglementée (ZPR) de Mataiea, pour mettre en lumière la réalité du terrain. Les comités de Teahupo’o, Tautira, Hitia’a o te Ra, Mahina, Papara et Mataiea étaient représentés.
“C’est un ras-le-bol et un cri envers le Pays, en tant que comités qui se sont levés et battus pour mettre en place des rāhui pour préserver la ressource, parfois après des années de consultation et de sensibilisation de la population”, soulève Clément Vergnhes, président de la fédération créée fin 2023 et membre du comité de gestion de la ZPR de Mataiea, en tant que premier adjoint au maire de Teva i Uta. “On estime que les rāhui sont respectés à 90 %. On alerte le Pays depuis l'an dernier par rapport à ces 10 % restants. On est démuni et on manque de moyens. On a l’impression de ne pas être accompagné.”
Après les représentants des Marquises et des Australes concernant le zonage côtier, c’est au tour de la fédération Te Marae Mo’a de se faire entendre suite à la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc), où le rāhui a été mis à l’honneur par la délégation polynésienne. Une conférence de presse était organisée ce mercredi à la marina de Tehoro, à proximité de la zone de pêche réglementée (ZPR) de Mataiea, pour mettre en lumière la réalité du terrain. Les comités de Teahupo’o, Tautira, Hitia’a o te Ra, Mahina, Papara et Mataiea étaient représentés.
“C’est un ras-le-bol et un cri envers le Pays, en tant que comités qui se sont levés et battus pour mettre en place des rāhui pour préserver la ressource, parfois après des années de consultation et de sensibilisation de la population”, soulève Clément Vergnhes, président de la fédération créée fin 2023 et membre du comité de gestion de la ZPR de Mataiea, en tant que premier adjoint au maire de Teva i Uta. “On estime que les rāhui sont respectés à 90 %. On alerte le Pays depuis l'an dernier par rapport à ces 10 % restants. On est démuni et on manque de moyens. On a l’impression de ne pas être accompagné.”
“On ne nous entend pas”
Cette vague de mécontentement fait suite à deux rendez-vous en 2024 avec le ministre des Ressources marines, Taivini Teai, lors desquels ont notamment été évoquées les problématiques de surveillance et d’absence de sanctions effectives (une amende de 179 000 francs et la saisie des produits de la pêche sont pourtant prévues et affichées). Dans l’attente de la constitution d’un groupe de travail associant les comités et les différents services du Pays et de l’État concernés, le courrier de relance de la fédération serait resté sans réponse depuis le 21 mars dernier.
“Il n’y a pas de suite. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est le déplacement à Nice et la déclaration du président du Pays relayée dans les médias : ‘On a entendu la Polynésie’. Mais on ne nous entend pas chez nous ! C’est ce qui nous révolte : on essaie de préserver avec le peu de soutien qu’on a, mais on commence à s’épuiser. On se bat tous les jours pour une gestion durable”, poursuit Clément Verghnes, qui regrette au passage que la fédération n’ait pas été conviée à participer à l’événement.
“On n’est pas contre le Pays, au contraire : on veut avancer ensemble pour trouver des solutions et aller de l’avant”. Dans cette optique, la fédération Te Marae Mo’a sollicite l’organisation d’une première réunion de travail collective d’ici au mois d’octobre.
L’information seule ne suffit pas.
La parole aux bénévoles
Moerani Lehartel, aquaculteur et membre du comité de gestion de Papara : “La réglementation n’est pas appliquée”
“On n’a pas suffisamment de moyens pour assurer la surveillance et appréhender les fraudeurs. La réglementation n’est pas appliquée. Il y a aussi un gros travail de sensibilisation à poursuivre dans les écoles et auprès de la population pour faire comprendre que le rāhui n’est pas un outil pour les contraindre dans leur activité quotidienne, mais que c’est un plus pour l’avenir et pour le maintien de la pêche. On peine aussi à faire de l’aquaculture régénérative dans les rāhui.”
Éric Pédupèbe, habitant et membre du comité de gestion de Tautira : “On n’a que notre parole pour lutter”
“Ce qui est flagrant par rapport aux annonces, c’est le manque de moyens, pas matériels, mais humains, au niveau du soutien des autorités et de l’application des lois. Quand on attrape des braconniers à l’intérieur du rāhui, ils doivent être sanctionnés. Sinon, c’est la porte ouverte à tout ! En tant que bénévoles, vu qu’on n’est pas assermentés, on n’a que notre parole pour lutter contre ces dérives.”
Frédo Villierme, pêcheur et membre du comité de gestion de Mahina : “J’ai reçu des coups”
“Il y a des pêcheurs qui respectent, d’autres non, et ça crée des tensions. L’an dernier, j’ai eu une altercation verbale avec des gens de Mahina surpris en train de pêcher dans la ZPR, malgré la présence des bouées de signalisation. L’un d’entre eux m’a retrouvé bien plus tard et j’ai reçu des coups. Il y a eu des PV par la police municipale. J’ai hésité à porter plainte, car ça n’aboutit jamais... À l’époque, enfreindre un rāhui, c’était la peine de mort. Aujourd’hui, ceux qui enfreignent, ils nous rient au nez.”
“On n’a pas suffisamment de moyens pour assurer la surveillance et appréhender les fraudeurs. La réglementation n’est pas appliquée. Il y a aussi un gros travail de sensibilisation à poursuivre dans les écoles et auprès de la population pour faire comprendre que le rāhui n’est pas un outil pour les contraindre dans leur activité quotidienne, mais que c’est un plus pour l’avenir et pour le maintien de la pêche. On peine aussi à faire de l’aquaculture régénérative dans les rāhui.”
Éric Pédupèbe, habitant et membre du comité de gestion de Tautira : “On n’a que notre parole pour lutter”
“Ce qui est flagrant par rapport aux annonces, c’est le manque de moyens, pas matériels, mais humains, au niveau du soutien des autorités et de l’application des lois. Quand on attrape des braconniers à l’intérieur du rāhui, ils doivent être sanctionnés. Sinon, c’est la porte ouverte à tout ! En tant que bénévoles, vu qu’on n’est pas assermentés, on n’a que notre parole pour lutter contre ces dérives.”
Frédo Villierme, pêcheur et membre du comité de gestion de Mahina : “J’ai reçu des coups”
“Il y a des pêcheurs qui respectent, d’autres non, et ça crée des tensions. L’an dernier, j’ai eu une altercation verbale avec des gens de Mahina surpris en train de pêcher dans la ZPR, malgré la présence des bouées de signalisation. L’un d’entre eux m’a retrouvé bien plus tard et j’ai reçu des coups. Il y a eu des PV par la police municipale. J’ai hésité à porter plainte, car ça n’aboutit jamais... À l’époque, enfreindre un rāhui, c’était la peine de mort. Aujourd’hui, ceux qui enfreignent, ils nous rient au nez.”
Les points listés par la fédération
Manque de moyens humains, financiers et législatifs ; Difficultés pour la surveillance (bénévolat, braconnage nocturne) ; Absence de législation favorisant clairement la défense des lagons (sanctions en cas d’infraction, gardes-nature, jumelles de vision nocturne, moyens de communication, caméras de surveillance, drones) ; Manque d’intérêt des élus communaux ; Insuffisance de personnes référentes au sein de la Direction des ressources marines (DRM) pour un territoire maritime grand comme l’Europe.
Balisage de la ZPR de Tautira (Crédit : Archive CAPL).