La députée Nicole Sanquer alerte la ministre Minarii Galenon sur l'enfance en danger


crédit photo archives 2023 APF
Tahiti, le 13 août 2025 – Dans un courrier, la députée Nicole Sanquer alerte la ministre des Solidarités, Minarii Galenon, sur la situation d'une mère de famille, Maeva, qui a entamé une grève de la faim pour pouvoir récupérer ses deux filles placées en foyer. En cause : la décision de la Direction des solidarités (DSFE) de ne lui octroyer qu'une heure de visite par mois et 15 minutes par téléphone alors qu'elle n'a jamais été déchue de son autorité parentale, et que le père, pourtant visé par une plainte “pour des faits d'attouchements sexuels” sur sa fille aînée, bénéficie de contacts fréquents.
 
 
L'histoire n'est pas sans rappeler les tristes circonstances qui ont conduit au décès de la petite Ayden en mai dernier, victime de maltraitances au sein de sa famille d'accueil. Et pour cause : les faits se déroulent dans la même circonscription. Nicole Sanquer a donc saisi sa plume de députée de la République pour adresser un courrier à la ministre des Solidarités afin de l'interpeller sur “des faits graves qui interrogent les fondements mêmes de notre politique de protection de l'enfance”. La députée explique avoir été saisie par Maeva, une maman de deux petites filles qui ont été placées au foyer Te Aho Nui depuis le 7 janvier dernier, par suite d’une décision de justice. Selon différents témoignages rapportés dans ce courrier, la “cadette ne sort presque jamais, tombe fréquemment malade et développe un rapport inquiétant à la nourriture”, et l'aînée a “perdu plus de 5 kilos en un mois, présente des signes d'anémie et d'infections cutanées”. “Mal habillées, non coiffées, avec des blessures aux pieds”, ces négligences ont également été rapportées à l'école qui a “fait remonter ces signaux”.
 
C'est en décembre 2023 que Maeva porte plainte contre son conjoint dont elle est en train de divorcer après que “leur fille aînée alors âgée de 4 ans, a rapporté à sa grand-mère des faits d'attouchements sexuels”. Des gestes confirmés par l'enfant lors de ses différentes auditions, allant même jusqu'à les “mimer”. Malgré cela et bien qu'une enquête pénale soit en cours d'instruction, “la Direction des solidarités, de la famille et de l'égalité (DSFE) a organisé des rencontres entre les fillettes et leur père mis en cause, allant jusqu'à menacer la mère si elle s'y opposait”.
 
“La DSFE ne peut rien faire car c'est une décision du juge”
 
Pourtant, Maeva n'a pas été déchue de son autorité parentale. Elle a en revanche vu ses droits de visite drastiquement réduits (une heure par mois sous médiation et 15 minutes de téléphone) alors que le père bénéficie, quant à lui, de “contacts fréquents”. Une “inversion des rôles profondément inquiétante” pour Nicole Sanquer qui “demande solennellement” à la ministre de prendre “dans l'urgence toutes les mesures utile” dans ce dossier qui “met en lumière un dysfonctionnement systémique”, la mère ayant entamé une grève de la faim “faute d'avoir été entendue par les institutions”.
 
Interrogée sur ce sujet par Tahiti Infos, Minarii Galenon nous a expliqué qu'elle avait “tardé à répondre” car “avant de prendre parti, on est obligés d'avoir tous les éléments en main pour comprendre la situation”. La ministre tient à souligner qu'elle n'est évidemment pas “insensible” à la situation que vit Maeva qui souhaite récupérer ses enfants. “Mais on suit les procédures et ce que la justice nous dit de faire. La DSFE ne peut rien faire car c'est une décision du juge, et il y a une enquête en cours”, a expliqué Minarii Galenon qui assure avoir rédigé un courrier à l'attention de la députée Nicole Sanquer, mais aussi de Maeva, ainsi qu'au “juge pour lui demander de revoir la situation de cette maman”. Courriers qui doivent partir “cet après-midi ou demain au plus tard”.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 13 Aout 2025 à 15:10 | Lu 4846 fois