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La Polynésie sur la route de la cocaïne


La Polynésie sur la route de la cocaïne
PAPEETE, le 3 avril 2017 - La saisie de 236 kilos réalisée la semaine dernière sur l'atoll de Faaite rappelle une fois de plus que la Polynésie française, du fait de sa position géographique, est un point de passage idéal sur la route international de trafic de cocaïne.

La saisie de 236 kilos, effectuée la semaine dernière par les forces de gendarmerie dans l'archipel des Tuamotu sur un yacht échoué, intervient seulement quelques mois après deux autres saisies massives effectuées dans les eaux polynésiennes en janvier. Elle porte ainsi la prise totale de cocaïne à 1674 kilos pour la seule année 2017 sur le fenua.

Spécificités

Ce chiffre, un record à l'échelle régionale, tend à montrer que la situation géographique de la Polynésie française en fait une étape incontournable sur les routes d'acheminement et d'importation du trafic de cocaïne entre le continent américain et l'Australie ou l'Asie du Sud-est. En effet, si le continent sud-américain, via sa production, est, depuis des décennies, au cœur du trafic international de cocaïne, le rapport mondial des Nations Unies sur les drogues en 2016 indique qu'à propos de l'Asie de l'est et du sud-est, les saisies réalisées ont triplé. Elles sont passées de 450 kg de prises annuelles moyennes sur la période 1998/2008 à 1,5 tonne l’an sur la période 2009/2014. Une augmentation considérable qui place donc la Polynésie française au cœur de l'axe entre le continent américain et le marché asiatique, en faisant ainsi un point de passage incontournable.

Outre sa position géographique, le territoire est victime de sa spécificité topographique, à savoir de son insularité et de son immensité océanique (5,5 millions de km2). Du fait de ses multiples îles, îlots et atolls, déserts pour certains d'entre eux, il est beaucoup plus aisé pour les trafiquants de passer à travers les mailles du filet que pour les autorités de contrôler chaque parcelle du territoire tant elles sont nombreuses, lointaines et dispersées. Lorsque l'on sait que des milliers d'embarcations transitent chaque année dans les eaux territoriales, le caractère aléatoire de la dernière saisie de 236 kilos est parfaitement représentatif des difficultés de contrôle de ces zones : chaque bateau peut être, en puissance, chargé de stupéfiants. Comme le précise d'ailleurs une source judiciaire: "sur certains îlots non habités, il n'est pas surprenant de constater que les tavana des îles voisines se voient progressivement obligés d'y placer une personne en surveillance".

De la lutte contre le trafic sur le territoire polynésien.

Le Prairial avait servi à effectuer une saisie record en Polynésie de 1438 kilos en janvier dernier Cp:E.C
Le Prairial avait servi à effectuer une saisie record en Polynésie de 1438 kilos en janvier dernier Cp:E.C
Si la récente prise est fortuite, rappelons que c'est grâce à la coopération des différents services concernés que les autorités ont pu, au mois de janvier, simultanément arrêter deux navires respectivement chargés de 629 et 809 kilos de poudre blanche pour une valeur de 53 millions d'euros.
En Polynésie française, plusieurs services collaborent dans le cadre de la lutte contre le trafic international de cocaïne : la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières, les services douaniers de Polynésie française, les services de gendarmerie ainsi que la frégate de surveillance de la Marine nationale "le Prairial".

Lors de ces deux importantes prises, le procureur de la République avait souligné en janvier dernier la "parfaite symbiose de l'action des acteurs de l'État en mer", évoquant "une prise sans précédent dans le Pacifique sud", confirmant à cette occasion le constat selon lequel la Polynésie française était "désormais identifiée comme route de transit" entre les pays producteurs (Colombie, Bolivie…) et les pays tels que l'Australie et la Nouvelle-Zélande ou la demande est en forte progression.


De la consommation à l'appât du gain.

Au niveau du territoire, la consommation de cocaïne reste actuellement, du fait de son prix très élevé, destinée à une certaine frange aisée de consommateurs. A la différence du pakalolo, elle se répand moins facilement. Mais, à l'aune d'une intensification du trafic dans les eaux polynésiennes, son prix pourrait baisser, la laissant progressivement envahir les strates de la société les moins favorisées. Il faut enfin noter que, puisqu'environ 5 grammes de cocaïne équivalent en valeur à ce que gagne un employé au Smic, la tentation d'en faire le trafic pour quiconque ferait une découverte aléatoire semble plus que probable.

La cocaïne dans le monde en quelques chiffres:

1 détenu sur 5 dans le monde est emprisonné pour une infraction liée à la drogue.
1 consommateur de cocaine sur 5 devient dépendant.
2 ème drogue la plus consommée dans le monde
38 %: pourcentage du marché de la cocaïne sur le territoire français. Cette substance se place en deuxième position après le cannabis.
300 tonnes saisies en Colombie en 2016, ce qui fait donc de ce pays le premier producteur mondial.
7000 Fcfp: prix minimum du gramme de cocaïne en Europe alors qu'il était de 14 000 Fcfp il y a 10 ans.
35 000 Fcfp: prix moyen d'un gramme de cocaïne à la revente en Polynésie.
10%: taux d'augmentation de la culture du cocaïer en 2014.

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 3 Avril 2017 à 18:00 | Lu 9015 fois
           



Commentaires

1.Posté par Jean pierre Beaulieu le 04/04/2017 08:36 | Alerter
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Nous manquons cruellement de moyens de surveillance que ce soit douanier ou policier, avec notre immense zone maritime, il nous faudrait avoir au moins un centre des douane par archipel, avec des vedettes rapides.
Il serait bien aussi que la justice soit moins laxiste envers les consommateurs de cette M....., ça nous donne l'impression vu le prix de ces drogues, qu'elle protège ceux qui ont les moyens de s'en procurer.

2.Posté par caco calo le 04/04/2017 10:07 | Alerter
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50 ans de lutte contre la cocaïne

Bilan 2017 : yen a toujours autant et bien plus encore.

Sa sert a rien de continuer a se battre , la répression est un échec abyssale

3.Posté par Lebo RORO le 04/04/2017 12:06 | Alerter
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lebororo
C'est vraiment un marché dangereux pour le fric...

4.Posté par Tata le 04/04/2017 13:05 (depuis mobile) | Alerter
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Bien vu jean pierre beaulieu...quand on sait que ma douane ne veut pas renouveller une vedette vieille de 20 ans alors qu elle surveille un territoire maritime grand comme l europe c est a se demander si elle fait expres !!!!

5.Posté par emere cunning le 04/04/2017 21:24 | Alerter
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Inutile de se chercher des excuses, la France ne se donne pas les moyens de surveiller nos eaux alors qu'elle est censée le faire. Elle considère que ce sont des dépenses inutiles aujourd'hui.
Quand le Maire de Anaa et ses habitants disent qu'il voient régulièrement et depuis longtemps des bateaux longer leurs côtes, venir dans une île paumée comme Faaite et s'arrêter sur l'îlot désert de Tahanea, les services de l'Etat devrait prendre les moyens de vérifier ce qu'ils vont y faire. Surtout que nos gendarmes en poste là-bas doivent se rouler les pouces les trois quart du temps. Il n'est même pas dit qu'une brigade y soit postée d'ailleurs.