Tahiti Infos

La France de l'ouest et du sud en gros déficit de main d'oeuvre d'ici 2030


Philippe LOPEZ / AFP
Philippe LOPEZ / AFP
Paris, France | AFP | mardi 24/01/2023 - Les régions côtières de l'ouest et du sud de la France devraient connaitre de gros déficits de main d'oeuvre d'ici 2030, ce qui accentuerait les difficultés de recrutement déjà fortes sur certains métiers comme ingénieurs informatiques ou aides à domicile, selon une étude mardi.

D'ici 2030, 760.000 postes seraient à pourvoir par an (dont neuf sur dix liés à des départs en retraite et un sur dix à de nouveaux emplois) pour seulement 640.000 jeunes débutant en emploi, selon cet exercice prospectif, réalisé par le service des statistiques du ministère du Travail (Dares) et France Stratégie, organisme de réflexion auprès du Premier ministre.

Du fait des départs massifs des baby-boomers des années 60, "quel que soit le territoire, ces nouveaux entrants sur le marché du travail seraient globalement moins nombreux que les seniors le quittant définitivement", constate l'étude. 

En raison de ce "déséquilibre marqué", les métiers dont les difficultés de recrutement s'accentueraient d'ici 2030 représenteraient environ 25% des emplois de 2019. 

Certains métiers seraient en tension croissante partout: conducteurs de véhicules, cadres administratifs, cadres commerciaux, agents d'entretien, aides à domicile...

Pour les aides à domicile, métier peu attractif et avec de nombreux seniors, les postes non pourvus d'ici 2030 représenteraient ainsi entre un quart et la moitié des emplois actuels contre 5% en moyenne pour l'ensemble des métiers. 

Tensions moins marquées en Ile-de-France

Mais une fois pris en compte les départs en fin de carrière, le niveau des postes non pourvus diverge selon les régions du fait de leurs spécificités économiques et démographiques. 

Cette aggravation des tensions serait ainsi "plus marquée dans les territoires du sud et de l’ouest dont le marché du travail est déjà très tendu", selon l'étude.

Cela s'explique par le dynamisme de l'emploi - deux fois plus fort en Occitanie que la moyenne nationale -, notamment de métiers en forte croissance (personnels d'étude et de recherche, ingénieurs et cadres de l'industrie, ingénieurs informatiques, etc).

Dans le cas des ingénieurs en informatique, les besoins non couverts représenteraient entre un cinquième et un tiers des emplois actuels en Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie.

Si ce marché de l’emploi "attire des travailleurs d'autres régions (principalement de région parisienne), sous l'influence des métropoles, du climat et de la présence de littoraux", ces flux seront "insuffisants pour équilibrer le marché du travail dans la mesure où les jeunes débutants y seraient moins nombreux". 

La façade atlantique "bénéficie, en effet, d’un afflux de retraités ou de ménages sans enfants et peut souffrir d’un départ des jeunes qui vont étudier ou chercher un premier emploi ailleurs".

Les difficultés de recrutement devraient particulièrement s'aggraver en Bretagne (42% de l'emploi en tension croissante d'ici 2030), en Pays de la Loire (36%) et en Nouvelle-Aquitaine (33%). 

A l'inverse, l’Île-de-France afficherait la plus faible part d’emploi en tension croissante (11%) en raison d’une démographie plus jeune. 

En raison d’une grande offre d’enseignement supérieur, la région francilienne est en effet le lieu d’études de nombreux jeunes qui y débutent aussi leur carrière.

Les régions intérieures (Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val de Loire), moins densément peuplées, ainsi que le Grand Est et les Hauts-de-France ont "des déséquilibres moins marqués en raison de créations d’emploi plus faibles".

"Pour parvenir à équilibrer besoins et viviers de main-d’oeuvre, il faudra recruter des professionnels exerçant un autre métier, des chômeurs, des inactifs ou des immigrants", constatent les auteurs de l'étude. 

"La formation est l’un des moyens de favoriser l’adéquation entre la demande et les besoins de main-d’oeuvre. Mais elle ne saurait résoudre à elle seule toutes les difficultés d’attractivité des métiers qui appellent aussi des actions des employeurs", soulignent-ils.

le Mardi 24 Janvier 2023 à 04:33 | Lu 251 fois