La Calédonie agitée par une nouvelle polémique sur le corps électoral avant la visite de Valls


Nouméa, France | AFP | jeudi 21/04/2016 - La classe politique de Nouvelle-Calédonie se querelle une nouvelle fois sur la composition du corps électoral, pour les prochaines élections provinciales, avant la visite la semaine prochaine du Premier ministre, dans cet archipel en cours de décolonisation.

"Manuel Valls va devoir gérer les conséquences de l'échec du dernier comité des signataires (de l'accord de Nouméa)", a mis en garde dans un communiqué le parti Les Républicains, accusant certains indépendantistes d'avoir "renié leur parole".

Tenue le 4 février à Matignon sous l'égide du Premier ministre, cette réunion avec les dirigeants calédoniens avait abouti à un relevé de conclusions déclarant "politiquement clos" le litige électoral. La question des corps électoraux aux différentes élections envenime régulièrement la vie politique locale et attise les tensions ethniques sur le Caillou, qui compte plus de 268.700 habitants.

Une fraction des indépendantistes, divisés, avait cependant émis des réserves sur le relevé de conclusion et une nouvelle polémique sur ce sujet hautement sensible agite de nouveau aujourd'hui le landerneau, dans cette ancienne colonie marquée dans les année 80 par une quasi guerre civile entre kanaks et caldoches.

Elle survient après la radiation cette semaine par le tribunal de Nouméa d'une cinquantaine d'électeurs des listes pour les élections provinciales, qui ont lieu tous les cinq ans (les prochaines sont prévues en 2019).

Ces radiations font suite à des recours - 479 en tout - déposés par la commission électorale du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste) contre des décisions prises en mars par les commissions administratives chargées chaque année de mettre à jour les listes électorales restreintes.

"En février, il n'y a pas eu d'accord unanime. Nous n'étions nous pas satisfaits et les recours s'inscrivent dans cette logique", a déclaré à l'AFP Gérard Régnier, leader d'un des courants de l'Union Calédonienne (FLNKS).

-un millier d'électeurs possiblement inscrits à tort-
A Paris, au terme de laborieuses discussions, un consensus avait été trouvé pour que les indépendantistes n'exigent plus comme les textes les y auraient autorisés, pour pouvoir voter aux provinciales, une inscription sur la liste électorale générale de 1998 en plus d'une présence en Nouvelle-Calédonie depuis cette date.

Seule est désormais requis une présence depuis au moins le 8 novembre 1998, assortie de dix ans de résidence continue.

Parallèlement, un examen minutieux des listes, décidé lors d'un précédent comité des signataires en juin 2015 et réalisé par un expert indépendant, a évalué à un peu plus d'un millier le nombre d'électeurs possiblement inscrits à tort.

"325 n'ont pas fourni les pièces justificatives et ont été radiées, et 714 ont été maintenus mais des jusqu'auboutistes du FLNKS ont quand même envoyé 479 d'entre eux au tribunal", a déclaré Virginie Ruffenach, porte-parole des Républicains.

La droite - LR et Calédonie Ensemble (centre droit) - accusent par ailleurs le Haut-commissaire de la République d'avoir commis "une bévue", en transmettant au juge les procès verbaux des commissions administratives, qui selon elle "ont conduit à la radiation" de la cinquantaine d'électeurs. Ces derniers ont désormais la possibilité de se pourvoir en cassation.

"Ce n'est pas du tout une bévue. Le haut-commissaire a fait ce que la loi lui demande de faire, c'est un document qui n'est pas confidentiel", a déclaré Laurent Cabrera, secrétaire général de Nouvelle-Calédonie.

Si M. Régnier a affirmé que "des doutes sur la sincérité des listes électorales allaient subsister", la majorité des leaders séparatistes ne suit pas cette ligne. L'électorat kanak étant fortement abstentionniste, ils préfèrent se consacrer à la mobilisation de ces "pêcheurs à la ligne".

Au plus tard en 2018, un référendum d'autodétermination aura lieu en Nouvelle-Calédonie. La liste des électeurs pour ce vote, soumis à une résidence depuis 1994, est en cours d'élaboration et pourrait aussi soulever la controverse.

Manuel Valls se rendra du 27 au 30 avril en Nouvelle-Calédonie pour évoquer l'avenir institutionnel du territoire, mais aussi la forte baisse des cours du nickel.

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Rédigé par () le Jeudi 21 Avril 2016 à 07:01 | Lu 878 fois