L’UPF fait sa rentrée entre enthousiasme, défis et nouveaux projets


Tahiti, le 25 août 2025 - Amphi bondé, sourires partagés et projets d’avenir : des centaines d’étudiants ont fait leur rentrée à l’Université de la Polynésie française. Entre envie de réussir, manque de logements et ouverture prochaine d’une grande bibliothèque, l’UPF s’affirme comme un campus en mouvement.
 
En deuxième année de Sciences de la vie, Poeti et Kahaia, 19 ans, rencontrées devant l’amphithéâtre A1 sont contentes de retrouver les bancs de l'Université. Comme elles, des centaines d’étudiants ont franchi lundi matin les portes du campus de Outumaoro.
 
Des parcours variés, des rêves en construction
 
Teiki, 22 ans, connaît déjà l’université. Après une licence en Énergies renouvelables, il entame un nouveau cursus en Économie-gestion. Venu des Marquises, il loge pour l’instant chez sa grand-mère, en attendant une réponse à sa demande de logement. “La première journée est un peu ennuyante, mais j’ai hâte de reprendre les cours”, confie-t-il.
 
Pour d’autres, cette rentrée rime avec réorientation. Glorine, 19 ans, a choisi d’abandonner le Droit après une première année décevante. “Je ne regrette rien, ça m’a permis de voir ce que j’aime vraiment. Maintenant, je commence une licence en LEA”, explique-t-elle, avant de livrer un message aux nouveaux : “On peut considérer la première année comme une expérience. Si vous changez de spécialité, ce n’est pas grave.”
 
Tahiarii, 17 ans, rêve de devenir sage-femme. Elle s’est inscrite en licence de Sciences de la vie. “J’attends de cette formation qu’elle me fasse découvrir plein de choses sur le corps humain, et de faire enfin ce que j’aime”, sourit-elle, impatiente de gagner en autonomie.


Une rentrée sous le signe de l’intégration
 
Au-delà des parcours individuels, les 25 et 26 août sont consacrés à l’accueil des primo-entrants en licence, BUT et DU PAREO, avec des séances d’information et de découverte des services. L’idée : faciliter la transition entre le lycée et l’université, mais aussi encourager la création de liens.
 
Certaines filières proposent même des semaines d’intégration spécifiques. C’est le cas de la licence Sciences de la transition écologique et sociétale (STES), qui en est à sa deuxième promotion. Autre moment phare attendu par les étudiants : les Prim’Olympiades, organisées le 28 août. Jeux collectifs, défis sportifs et activités de cohésion rassembleront l’ensemble des primo-entrants.
 
Le défi du logement, toujours présent
 
Mais derrière l’enthousiasme de la rentrée, certains défis restent entiers. Le manque de logements étudiants en est un (lire ci-dessous). À l’heure actuelle, l’UPF ne dispose que d’un parc limité. De nombreux étudiants doivent se tourner vers le privé ou solliciter un hébergement familial.  Avec près de 3.000 étudiants et une centaine d’enseignants, l’UPF reste une petite université au regard des grands campus hexagonaux. Mais elle continue d’innover avec une bibliothèque universitaire moderne dont l'ouverture est prévue avant Noël et de nouveaux projets de formations.

Un manque de logements toujours aussi préoccupant
 
Le constat reste le même d’année en année : “Il n’y a pas assez de logements.”
Il n’y a que 500 logements pour plus de 900 demandes”, explique Léo Puputauki, chargé de mission auprès du syndicat Avenir étudiant Fage. Ceux qui ne figurent pas parmi les heureux élus doivent se tourner vers des solutions alternatives, comme les foyers d’accueil ou la location dans le privé. Pour Haiata Poherui, présidente du syndicat, “le problème du manque de logements existe depuis longtemps, mais il est encore plus aigu cette année”.
 
Pourquoi ? Selon le syndicat, aucun nouveau logement n’a été construit depuis 2023. “Entre 2019 et 2023, nous sommes passés de 300 à 500 logements, puis plus rien. Pourtant, une programmation avait été prévue”, retrace Léo Puputauki. D’après lui, l’université aurait besoin d’au moins 1.000 logements. “Nous accueillons de plus en plus d’étudiants venus de la métropole, mais aussi de Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna”, souligne-t-il.
 
Le syndicat déplore également certaines modalités d’attribution de l’aide au logement proposée par le haut-commissariat. “Ceux qui louent dans le privé doivent avancer l’argent, puis ne sont remboursés qu’un an plus tard”, regrette Haiata Poherui.
 
Désormais, Avenir étudiant mise sur la création d’un Crous en Polynésie, qui permettrait d’accroître significativement la capacité d’accueil en logements. En Métropole, les Crous (Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) sont des établissements publics qui gèrent les logements étudiants, la restauration universitaire, les bourses et divers services pour améliorer la vie étudiante.
 

Jean-Paul Pastourel, président de l'Université de la Polynésie française.
Jean-Paul Pastorel, président de l'Université de la Polynésie française 
 
Monsieur le président, dans quel état d’esprit se déroule cette rentrée ?
Avec beaucoup d’émotion, car c’est ma première rentrée en tant que président. Je repense à ma propre arrivée à l’université, et je mesure les défis auxquels font face les étudiants : transition avec le lycée, organisation du travail, utilisation des ressources comme la bibliothèque universitaire ou le tutorat. L’université met tout en œuvre pour les accompagner vers la réussite.
 
Combien d’étudiants et d’enseignants compte l’UPF ?
Nous sommes autour de 3.000 étudiants, effectif stable par rapport aux années précédentes. Côté enseignants, nous avons environ une centaine de professeurs, dont une soixantaine d’enseignants-chercheurs. Nos équipes sont réduites, mais soudées, ce qui permet de maintenir un cadre de travail intéressant.
 
Quelles nouveautés cette année ?
Nous attendons avec impatience l’ouverture de la nouvelle bibliothèque universitaire, qui sera la plus grande de Polynésie. Elle proposera non seulement des espaces de lecture, mais aussi des espaces collaboratifs, adaptés aux nouvelles pratiques d’étude. Côté formation, nous poursuivons le déploiement de la licence sur les grandes transitions et travaillons sur de nouveaux projets.
 
Et concernant le logement étudiant ?
C’est un véritable problème. Notre université dispose d’un petit parc, financé sur fonds propres avec l’aide de l’État et du Pays, mais il reste insuffisant. Or, nous faisons partie, avec la Nouvelle-Calédonie, des rares territoires sans Crous. Pourtant, il est vital d’en créer un ici, pour développer les capacités d’accueil et offrir les services dont bénéficient les étudiants ailleurs en France. J’en discuterai en octobre à Paris avec les instances nationales.
 
Qu’en est-il de l’international ?
Nous renforçons nos partenariats avec l’Australie, Hawaii et la Nouvelle-Zélande afin de développer des co-diplômes. L’objectif est de donner à nos étudiants des perspectives professionnelles, non seulement en Polynésie et en métropole, mais aussi dans notre environnement régional.
 
Quelles filières attirent le plus ?
Les études de santé, la Biologie, l’Économie-gestion et le Droit sont très demandées. Mais d’autres parcours, comme la préparation aux concours ou à l’enseignement, bien que moins fréquentés, jouent un rôle essentiel pour l’avenir de la Polynésie.
 
 

Rédigé par Darianna Myszka le Lundi 25 Aout 2025 à 14:58 | Lu 2338 fois