L’OPE, la vigie de l’énergie polynésienne


Tahiti, le 24 novembre 2025 - Créé en 2017 par un partenariat entre l’Ademe et le Pays, l’Observatoire polynésien de l’énergie (OPE) joue un rôle clé : centraliser, analyser et diffuser les données énergétiques du territoire. Face à un taux de dépendance énergétique de 93,3 % en 2023 et à une consommation largement tirée par les transports, l’OPE met en lumière l’ampleur des défis de la transition énergétique et appelle à des actions concrètes, tant pour les pouvoirs publics que pour les Polynésiens.
 

Depuis son lancement, l’Observatoire polynésien de l’énergie (OPE) est devenu un outil indispensable pour suivre la trajectoire énergétique de la Polynésie française. En collectant des données auprès d’acteurs publics et privés – sur l’approvisionnement, la production, la consommation, la maîtrise de l’énergie, voire les émissions de gaz à effet de serre – il offre une photographie précise et chiffrée de l’état d’une Polynésie encore fortement dépendante des importations énergétiques.
 
Parmi les chiffres les plus marquants, on découvre qu’en 2023, la Polynésie présentait un taux de dépendance énergétique de 93,3 %. Autrement dit, l’énergie primaire utilisée provenait presque entièrement de l’extérieur, révélant à quel point le territoire reste vulnérable aux importations. Cette vulnérabilité structurelle souligne l’ampleur du défi que représente la transition vers une autonomie énergétique.
 
Les transports, premier gouffre énergétique
 
Autre élément révélateur : en 2023, plus de la moitié de l’énergie primaire consommée, soit 54,4 %, était liée aux transports, dont 41 % pour le seul trafic terrestre. Cette prédominance montre combien la mobilité pèse sur le bilan énergétique polynésien et souligne l’importance de développer des solutions plus durables dans ce secteur, comme l’a d’ailleurs souligné récemment la Chambre territoriale des comptes.
 
Parallèlement, l’électricité ne couvre qu’une part limitée de l’énergie primaire consommée, à peine 37,2 %. Et si les énergies renouvelables gagnent du terrain dans cette production, leur poids reste encore modéré : d’après le bilan 2023 de l’OPE, elles ne représentent que 30 % du mix électrique. Ces constats alimentent les réflexions stratégiques du Plan Climat de la Polynésie française (PCPF) pour la période 2024-2030, déjà acté par l’assemblée. Cet agenda vise à accélérer la transition énergétique en misant sur la maîtrise de la demande (sobriété), le développement des énergies renouvelables et le renforcement des infrastructures, notamment de stockage, tout en veillant à préserver le pouvoir d’achat des Polynésiens.
 
Un outil au cœur des politiques publiques
 
Pour mener à bien ses missions, l’OPE ne se limite pas à collecter des chiffres, mais analyse, valide selon une méthodologie rigoureuse et publie des bilans annuels. Ses travaux sont cofinancés par l’Ademe et la Polynésie française, gage d’indépendance et de solidité scientifique. Au-delà des bilans, l’OPE diffuse également des newsletters thématiques sur l’écomobilité, l’écoconstruction ou encore la maîtrise de l’énergie, avec pour objectif de sensibiliser les citoyens, les entreprises et les collectivités.
 
Le rôle de l’observatoire s’inscrit ainsi dans une double logique. D’une part, piloter les politiques publiques énergétiques (notamment à travers la Programmation pluriannuelle de l’énergie 2022-2030), d’autre part, accompagner une prise de conscience collective sur les enjeux de la transition énergétique dans un territoire insulaire où l’importation d’énergie pèse lourd. Le constat est clair : sans actions renforcées, la Polynésie risque de rester prisonnière d’un modèle énergétique fragile. Mais grâce à l’OPE, les données ne sont plus un angle mort. Elles deviennent un moteur pour transformer le défi en opportunité.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Lundi 24 Novembre 2025 à 12:45 | Lu 786 fois