Tahiti, le 27 juillet 2025 - Le grand champion Kyle Taraufau s’est imposé samedi au Super ‘Aito 2025. Déjà vainqueur en 2024, le capitaine de l’équipe d’Air Tahiti Va’a réalise une véritable performance au vu du niveau affiché lors de cette 32e édition. Face aux cadors de la discipline, le “sergent” a su trouver les solutions pour conserver son titre, malgré la cadence imposée par ses adversaires. Hitiroa Masingue et Hotuiterai Poroi complètent ce podium de champions. De bon augure pour le Super Tāhō’ē, qui aura lieu le 6 septembre.
Samedi matin, la plage du parc Aorai Tini Hau de Pirae accueillait une fois de plus les champions du va’a polynésien. En solo cette fois-ci, et accompagnés de leurs frères de rame, les kayakistes, les 91 participants de cette 32e édition du Super ‘Aito présentaient un niveau rarement atteint pour une course de V1. Issus du Te ‘Aito pour la majorité, tous les grands noms de la discipline étaient là pour aller chercher le titre suprême. De Kyle Taraufau, vainqueur l’année dernière, à Tutearii Hoatua, récemment titré au Te ‘Aito, en passant par la jeune garde de Shell Va’a avec Tevaearai Raihere, ou encore Hitiroa Masingue, le peperu d’OPT, et Hotuiterai Poroi, celui d’Air Tahiti Va’a, tous étaient animés d’une détermination sans faille pour affronter les deux parcours mis en place par la Fédération tahitienne de va’a.
Un Super ‘Aito new look
“C’est une nouvelle formule que nous avons mise en place pour cette édition. Deux courses plus courtes, avec une longue pause entre les deux. Ça change, c’est une autre approche pour les coureurs. Il y aura beaucoup d’intensité et sûrement du suspense vu le niveau de tous les participants. Il y a les meilleurs aujourd’hui, et les conditions risquent de jouer sur les résultats, car si c’est calme ce matin, le vent est annoncé pour l’après-midi. Ça va nous donner de vrais combats sur l’eau”, expliquait Teraitua Hugon, le secrétaire général adjoint de la fédération avant le coup d’envoi.
En effet, les deux parcours entre la plage de Taaone et Mahina se sont déroulés dans des conditions très différentes. Le premier, sur une distance de 17 km, s’est tenu le matin, avec un plan d’eau flat, demandant donc beaucoup d’efforts de la part des 'aito. À ce jeu-là, c’est Keith Vernaudon qui menait la danse. Arrivé en tête à Muriavai, le rameur d’OPT se retrouvait à la lutte avec Hotu Poroi sur le retour. Le peperu d’Air Tahiti Va’a décidait d’attaquer pour lâcher son concurrent direct. Mais derrière, Brice Punuataahitua, de Shell Va’a, en embuscade depuis le départ, ne se laissait pas distancer. Avec son coéquipier Raihere Tevaearai, les deux rameurs se sont bien accrochés, mais Poroi avait décidé de prendre cette première étape et ne lâchait rien jusqu’à la ligne d’arrivée.
Hotuiterai Poroi remporte la première manche
Avec presqu’une minute d’avance sur ses concurrents, Hotuiterai Poroi prenait une belle option pour la victoire finale, mais savait que rien n’était joué et qu’il fallait rester concentré : “Je suis content de cette première étape. Cela n’a pas été facile, car il a fallu ramer tout le temps. Même si, sur la fin, une légère brise s’est levée et nous a permis de profiter un peu du surf, on a utilisé beaucoup d’énergie. Il va falloir bien récupérer pour être dans la course encore cet après-midi”, confiait-il à l’issue de la première étape.
Derrière, c’est Hector Henot, le kayakiste, qui venait chiper la deuxième place. Parti avec cinq minutes de retard sur les va’a, le cadre technique de la Fédération de kayak surfski s’était donné comme objectif de faire la course avec ses cousins du V1 : “Je me suis lancé ce challenge de rattraper les V1 alors que nous avions un départ décalé de cinq minutes. C’était super intéressant de pouvoir batailler contre eux, car ce sont de véritables champions, et sur le plat, ils ont été vraiment très forts. Je suis content d’avoir réussi à remonter jusqu’à la deuxième place et d’avoir pu profiter de cette belle organisation. Nos deux fédérations travaillent ensemble, et c’est très bien pour le développement des sports de rame dans le pays. C’est le plus important.”
Grâce à cette collaboration, les filles et les jeunes ont aussi pu participer à ce grand événement, à l’instar d’Iloha Eychenne : “C’est vraiment bien que les filles aient pu s’aligner sur cette course en kayak. Personnellement, ça m’a permis de me préparer aussi pour la saison de surfski. Je sors d’une course d’OC1, et je vais vite me replonger dans le V1 avec le Super Tāhō’ē, mais surtout les championnats du monde qui approchent.” De beaux challenges pour notre championne, qui prend toujours autant de plaisir, que ce soit en V1, V6 ou kayak surfski.
Tuatea Teraiamano s’empare de la deuxième course
À l’arrivée de cette première course, les sentiments étaient mitigés pour les rameurs. C’était le cas du tenant du titre, Kyle Taraufau, qui franchissait la ligne en septième position : “J’étais un peu crispé sur les premières minutes, donc j’ai eu du mal à entrer dans la course. Je n’ai pas pu vraiment revenir sur les autres, mais ce n’est pas fini. Je ne vais rien lâcher et tout donner sur la deuxième partie.”
Une deuxième manche que le champion réalisait à son image. Sur les quatorze kilomètres séparant la plage de Taaone de la baie de Matavai, le sergent Kyle a fait preuve d’une résilience incroyable. Avec l’envie de ne rien lâcher et de montrer que sa place lors de la première course ne reflétait pas son véritable niveau, il est parti au combat comme à son habitude, et se retrouvait très vite aux avant-postes, à la lutte avec Tuatea Teraiamano. Deuxième derrière le rameur d’OPT, Kyle Taraufau allait devoir attendre avant de connaître le résultat final : “Comme ce matin, dans la remontée, on s’est fait un petit mano a mano tous les deux, ce qui nous a permis de prendre l’ascendant sur les autres. Je finis deuxième derrière lui, et maintenant, il faudra attendre les résultats finaux pour savoir qui sera le Super ‘Aito.”
Kyle Taraufau champion
L’attente aura été longue, car les écarts entre tous ces champions étaient infimes. Après les calculs faits, le verdict tombe enfin : Kyle Taraufau remporte pour la deuxième année consécutive le Super ‘Aito. Cette année, ce titre porte encore mieux son nom, car les conditions ont obligé les rameurs à tout donner jusqu’à la fin. Et les derniers coups de rame du champion lors de la deuxième course, pour grappiller quelques secondes alors que sa deuxième place était assurée, montrent bien que tous les efforts étaient nécessaires pour être le Super ‘Aito 2025.
À la deuxième place, on retrouve Hitiroa Masingue. Auteur de deux courses très bien maîtrisées (sixième et troisième), le peperu de la team OPT montre qu’il est en grande forme cette saison, que ce soit en équipe ou en individuel. Idem pour Hotuiterai Poroi. Premier sur la première course et neuvième sur la deuxième, le rameur d’Air Tahiti a encore une fois démontré tout son potentiel.
Rendez-vous pour tous ces champions en septembre, pour le Super Tāhō’ē qui s’annonce indécis et relevé.
Kyle Taraufau, vainqueur du Super ‘Aito 2025
“Je suis très content de remporter le Super ‘Aito pour la deuxième fois consécutive. C’est une course très dure et tout le monde se prépare pour ça. Tous les copains se sont donnés sur les deux courses, ça a été indécis jusqu’à la fin.”
Tuatea Teraiamano, vainqueur de la deuxième étape
“J’ai pu jouer ma carte cet après-midi car c’était assez court et ça me correspondait mieux. J’ai bien travaillé dans le surf en arrivant le premier sur la descente. J’ai réussi à maintenir l’écart avec Kyle et Hitiroa. Ça me tenait à cœur de réussir cette étape car sur la première, je n’ai pas réussi à bien figurer. La coupure n’a pas été facile à gérer mais je m’étais bien reposé, ça m’a donné de l’énergie pour bien attaquer et bien finir cette deuxième étape.”
Hitiroa Masingue, deuxième au classement général
“Ça n’a pas été simple de gérer ce format avec deux étapes. Tu te refroidis pendant la pause, il faut relancer la machine pour retourner sur l’eau. On a travaillé sur ce format-là aux entraînements pour gérer au mieux la coupure. Heureusement, sur la deuxième étape, on a pu quand même profiter du surf car le matin, on avait bien puisé dans nos réserves. Je suis content du résultat, j’avais pour objectif de finir dans le top 5, c’est fait.”