J’ai rêvé d’une île




J’ai rêvé d’une île lointaine, une île pleine, une île pleine d’espace, une île pleine de vide, un vide plein de vent, de vent rempli d’énergie qui décoiffe, d’énergie qui soigne, d’énergie qui délie, d’énergie qui délire, d’énergie qui délasse, qui délasse les coeurs, ces coeurs blessés, ces coeurs brisés, ces coeurs percés, ces coeurs au carré, ces coeurs à carreau. Cette énergie qui dépasse les peurs, qui chasse les pleurs : les pleurs du vide, les pleurs du plein, les pleurs du trop plein, du trop plein à craquer, du trop plein à fissurer, du trop plein à plastiquer, du trop plein à mastiquer du trop plein à ruminer... 

J’ai rêvé une île pour âmes esseulées, pour âmes malhabiles, pour âmes maladives, pour âmes maladroites pour âmes mal et gauches. Une île de soleil et de lumière, une île de verdure et de nature, une île de chants et d’harmonies, une île de rires et de cris, une île de danse et de pluie, une île de fourmillements et de bourdonnements, une île de sourires et de caresses, une île de cascades et de torrents, une île de vie, une île d’énergie, une île à tout casser, une île à tout briser, une île à tout exploser, une bombe à retardement de l’amour, une bombe à retardement du désir, une bombe à retardement du plaisir. 

Alors j’ai voyagé, alors j’ai navigué, alors j’ai louvoyé entre la mer et les étoiles, entre la lune et le soleil, entre les nuées et les rosées. Puis cette île m’a trouvée et m’a appelée. Dans la brume j’ai entendu son écho, dans l’air j’ai ressenti sa vibration, dans l’humidité j’ai goûté son parfum. Ce parfum a tracé son chemin et j’ai attrapé son fil, j’ai déroulé la pelote, je l’ai enroulée sur mes doigts, je l’ai nouée à mes bras, je l’ai lovée dans mon coeur jusqu'à ce qu’elle fasse partie de moi. Et alors là j’ai senti le sable sous mes pieds, j’étais arrivée.
J’ai senti le soleil et l’ombre sur ma peau, j’étais arrivée. J’ai senti le désir et le plaisir, j’étais arrivée. J’ai senti la joie et l’opulence, j’étais arrivée. J’ai senti le mystère et le soir, j’étais arrivée. J’ai senti le jour et la clarté, j’étais arrivée. Cette île m’avait accueillie en son sein et je suis restée. Et je me suis couchée là. Et j’ai attendu là. Et je me suis vidée là. Et je me suis remplie là. J’ai attendu jusqu'à ce que l’île m’ouvre sa terre et quand elle m’a ouvert sa brèche, je me suis enracinée. Puis j’ai poussé là, petite plante déchue, petite âme modeste, petite chose frustre. Et cette île m’a donné sa générosité, cette île m’a donné son amour, cette île m’a donné son pardon, cette île m’a donné sa moisson, cette île m’a donné sa passion. Et j’y suis restée dans cette île pleine d’espace, cette île pleine de vide, ce vide plein de vent, de vent rempli d’énergie qui décoiffe, d’énergie qui soigne, d’énergie qui délie, d’énergie qui délire, d’énergie qui délasse, qui délasse les coeurs… 
 
Marine CETTOLO

le Jeudi 14 Novembre 2019 à 16:59 | Lu 685 fois


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