Il vole 40 kilos de viande et nourrit les habitants des squats de Papeete


PAPEETE, le 6 décembre 2018 - L'homme s'était introduit par effraction dans une pizzeria du centre ville dans laquelle il avait notamment volé des kilos d'entrecôtes. Il avait ensuite partagé ces victuailles avec les habitants des squats installés près de la piscine de Papeete. Le prévenu, qui avait volé pour "se nourrir" a été condamné à un an de prison avec sursis et 240 heures de travail d'intérêt général.

Dans la soirée du 18 novembre dernier, le prévenu avait cassé la porte d'un restaurant du front de mer. Après avoir pris une dizaine de bouteilles d'alcool derrière le bar de l'établissement, le sans-abri avait subtilisé 36 kilos d'entrecôtes, 10 kilos de blancs de poulet et 6 paquets de crevettes.

Étrangement, la société en charge de la surveillance du restaurant avait mis une heure à intervenir suite au déclenchement de l'alarme.

L'homme s'était ensuite installé à côté de la piscine municipale de Papeete et avait partagé la nourriture avec les résidents des squats installés aux alentours. Reconnu grâce aux images de vidéosurveillance de la pizzeria, il avait été interpellé le 3 décembre dernier.

L'enquête de personnalité démontre que l'auteur des faits a eu une enfance chaotique, partagée entre des parents alcooliques et une vie d'errance. Plongé dès le plus jeune âge dans un "milieu délinquant", il ne sait ni lire ni écrire et n'a jamais travaillé. Suivi par le Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) dans le cadre de deux autres affaires, il se révèle pourtant "demandeur d'aide sur son insertion professionnelle". Son casier judiciaire comporte 20 condamnations dont 90 % sont à attribuer à des vols.

"Familles entières dans des bidonvilles"

À la barre, ce père de deux enfants a semblé très calme. Il aimerait rejoindre Fakarava pour vivre sur des terres appartenant à sa famille mais n'en a "pas les moyens".

Cette affaire est le "signe que nous ne sommes pas dans une société en bonne santé" , a affirmé le procureur de la République. Avant de requérir un an de prison avec sursis et 240 heures de TIG, le représentant du ministère public a rappelé que le vol n'est pas un "moyen de subsistance admissible", même si le prévenu a volé pour "se nourrir et nourrir ses compagnons de précarité".

Pour la défense du prévenu, Me Bezzouh-Mauconduit a rebondi sur les propos du représentant du ministère public : "Ce dossier pourrait faire sourire, mais il démontre que la société polynésienne va mal. Il y a de plus en plus de SDF, dont certains sont jeunes et atteints de pathologies mentales.Si l'on ne peut accepter ces vols, l'on ne peut pas accepter que des familles entières vivent dans des bidonvilles. La justice a un devoir, il ne suffit pas de réprimer..."

Après en avoir délibéré, les magistrats ont suivi les réquisitions du procureur de la République. L'homme a été condamné à un an de prison avec sursis et 240 heures de TIG. Il a désormais l'obligation de trouver un travail et un domicile fixe.

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 6 Décembre 2018 à 19:00 | Lu 14219 fois