“Il refuse qu’on fasse des virements, il lui faut de l’espèce”


L’immeuble a été construit courant 1977. Selon Me Eftimie-Spitz, avocate d'Elisabeth, locataire en contentieux avec le propriétaire, Christian Pothier, plusieurs appartements loués sont “dans l’insalubrité la plus totale”.
Tahiti, le 1er octobre – Le procès opposant Christian Pothier, propriétaire à Punaauia, à plusieurs de ses locataires pour défaut de paiement de loyers a été reporté au 13 octobre prochain, dans l’attente d’une décision du juge des référés qui devrait être rendue lundi prochain. Cette procédure d’urgence vise à enjoindre le propriétaire de rétablir l’électricité et d’engager sans attendre des travaux dans les appartements.
 
En début de semaine, plusieurs locataires de l’immeuble de Christian Pothier à Punaauia, étaient au tribunal. Cinq d’entre eux ont été assignés par le propriétaire pour obtenir “paiement des loyers et des charges” ou l’expulsion de ces derniers “pour défaut de paiement ou défaut d’assurance”.
 
Finalement l’affaire a été renvoyée au 13 octobre prochain, en attendant que celle d’une autre locataire, Elisabeth, soit jugée en référé, lundi prochain, le 6 octobre. Rappelons que cette dernière avait dénoncé l’état de délabrement de plusieurs appartements de l’immeuble, qu’elle compare à des “taudis” avec la présence de moisissures, plusieurs fissures dans les murs ou encore des fuites d’eau. Elle dénonce aussi être privée d’électricité depuis plusieurs mois, à l’instar de plusieurs des locataires de l’immeuble, sur décision unilatérale du propriétaire. Privation d’électricité qui, d’ailleurs, dénonce-t-elle, “met en danger” un des locataires qui bénéficie d’une prescription médicale pour un appareil respiratoire durant son sommeil

“J’ai déjà tout payé auprès de son huissier”

Les locataires assurent ne pas comprendre la raison pour laquelle ils ont été assignés au tribunal. “J’ai toujours payé mes loyers. On a arrêté de payer notre loyer lorsqu’il nous a coupé le courant sans nous prévenir (…). J’ai eu des pertes au niveau de la nourriture stockés dans mon congélateur”, assure l’un des cinq locataires assignés en justice.
 
Il en est même un pour assurer que ce que le propriétaire réclame en justice a déjà été payé : “J’ai tout payé cela auprès de son huissier et je ne sais pas pourquoi le propriétaire n’est pas au courant”, s’indigne-t-il.
 
Selon eux, il y a une différence entre les loyers demandés devant le tribunal et les loyers réels payés à l’huissier. Ils s’interrogent :“C’est bizarre lorsqu’on a reçu les commandements à payer c’était soit 86 000 au lieu de 95 000 payés à l’huissier ou 76 000 francs au lieu de 80 000 francs payés également à l’huissier. Alors, où est passé le reste de l’argent versé ?”
 
Par ailleurs, ils assurent tous que leur propriétaire, Christian Pothier, “refuse qu’on fasse des virements. Il lui faut des espèces. Alors parfois c’est difficile pour avoir un reçu. On payait aussi avec sa fille jusqu’au jour où elle m’a dit que son papa lui avait dit de ne plus prendre les sous. C’est après qu’il nous envoyé l’huissi

Un immeuble de 1977

Nous nous sommes également procuré le contrat de vente de cet immeuble situé à Punaauia ainsi que les modalités de la vente. L’immeuble est construit sur un foncier de 1.222 mètres carrés, qui accueille également une maison. Une note de renseignement d’aménagement a même été délivrée au sujet de ce bien. Elle précise qu’il “n’est pas situé dans une zone soumise au droit de préemption”, qu’il est “libre de toute servitude administrative d’inconstructibilité à condition de respecter les règles, et sous réserve des procédures d’autorisation nécessaires, mais sans engagement de l’administration sur la qualité du sol, et du sous-sol, ni sur l’état de viabilisation”. On y apprend aussi que l’immeuble a été construit courant 1977. Un certificat de conformité lui a été délivré le 26 janvier 1978. Il a donc près de 50 ans aujourd’hui.
 
Contacté, le premier magistrat de Punaauia, Simplicio Lissan, responsable de la salubrité publique dans sa commune, n’a pu être joint. L’avocate d’Elisabeth, Me Eftimie-Spitz s’était d’ailleurs interrogée sur son “silence” face à des administrés qui vivent “dans l’insalubrité la plus totale” 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mercredi 1 Octobre 2025 à 19:57 | Lu 5658 fois