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Hotu pāinu




Une vahine épouse un militaire, ils s’envolent vers la France, emportant avec eux une jolie graine. Quatre mois plus tard, une petite tiare fleurie, en plein mois de janvier. Les flocons de neige émerveillent la jeune maman, qui se plaît sur cette terre froide, loin de ses parents. Sept ans passent et voilà que la petite fille s’envole vers le fenua, un appel, une découverte...
Naïvement, elle pensait atterrir sur une plage de sable blanc bordée de fare. Elle voit une longue piste et un bâtiment qui accueille les passagers avec un air de ukulele, des danseuses et des chanteurs tous bronzés. Tout est nouveau: les goûts, la langue, les parfums, les couleurs, le sable, la terre entourée d’eau, la mer...
Elle respire, elle revit, elle cherche ses racines... deux mois filent et il est déjà temps de repartir.
Un noeud dans le ventre, le coeur serré, mais chaleureusement accompagnée, entourée d’amour et de colliers colorés. Ils lui disent que c’est pour qu’elle se souvienne, sa grand-mère lui offre même une porcelaine: « C’est mon coeur, je te le confie». Ce moment là est gravé.
Par le hublot, elle observe ce huit rempli de cocotiers, qui s’éloigne. Cette île devenue sienne et qu’elle se promet de retrouver quand elle sera plus grande.
Elle reviendra pour les vacances scolaires,  elle aime l’eau turquoise, le récif, les mā’oa et les pāhua. Tous ces poissons multicolores. Manger le mā’a tahiti avec les doigts... le coeur de palmier fraîchement coupé dans la cocoteraie où travaille un de ses oncle. La maison en contreplaqué où grandissent ses cousins, les arbres fruitiers qu’elle escalade pour goûter ramboutans, mangues, pamplemousses, goyaves, quenettes...
Une enfance bercée par les chants religieux, les jolis chapeaux, les robes blanches. Des allers-retours, elle en a fait... tellement qu’un de ses cousins l’appela « hotu pāinu».
Vingt ans passent. Puis un jour, lors d’un séjour, son coeur chavire. Elle trouve son tane, celui qui l’enracinera pour de bon au fenua. Le lien qui l’aide à trouver une place dans sa famille et sur son île.
Pour certain elle est toujours une popa’a. Hotu pāinu a parfois le sentiment d’être différente, elle a grandi ailleurs.
Même si l’amour est là, il y a un décalage, qui un temps, lui faisait mal.
Elle a encore grandi et une petite Orama naît, comme une réconciliation. Un songe devenu réalité. La Tahitienne qu’elle n’a pas pu être, s’épanouit en son enfant. Petite vahine libre et insouciante, pétillante et colorée... oui, une vahine est de retour, une lumière qui brille et dit « haere mai, haere mai Mamie ». Dans l’espoir que cet appel fera revenir l’enfant du pays, partie depuis plus de quarante ans...
 
Aujourd’hui, Tahiti, c’est ma vie.
 
 
Stéphanie WAWRZYNIAK

le Jeudi 7 Novembre 2019 à 17:57 | Lu 1507 fois


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