Tahiti Infos

Homicide involontaire : un chauffard condamné à deux ans ferme


PAPEETE, le 11 décembre 2018- Alcoolémie, vitesse excessive, défaut d'assurance : le prévenu qui comparaissait ce mardi devant le tribunal correctionnel avait involontairement causé la mort de l'un de ses passagers sur l'atoll de Tatakoto le 24 août dernier. L'homme a été condamné à quatre ans de prison dont deux avec sursis.

Un homme de 28 ans comparaissait ce mardi devant le tribunal correctionnel pour répondre du chef d’homicide involontaire. Le 24 août dernier, sur l’atoll de Tatakoto dans les Tuamotu, il avait pris le volant alors qu’il se trouvait en état d’ébriété et que son véhicule n’était pas assuré. Après plusieurs embardées, dues à une vitesse excessive selon les témoins, la voiture avait violemment percuté un cocotier. L’un des passagers, qui se trouvait dans la benne, avait été projeté contre l’arbre. Son crâne avait été perforé. Il était décédé suite à un traumatisme crânien. L’enquête avait laissé apparaître que les occupants du véhicule, un groupe de quatre amis, avaient passé une bonne partie de la journée à s’alcooliser.

Lors de l’audience ce mardi, le président du tribunal tient à rappeler que cet accident mortel met en évidence les deux fléaux responsables du grand nombre de morts sur les routes en 2018 : « l’alcool et la vitesse ».

A la barre, le prévenu conteste les témoignages versés au dossier. L’un de ses amis dit que le jour des faits, il roulait à si vive allure qu’il se serait cru dans un « rallye ». Un autre explique que le prévenu voulait aller aussi vite que dans le film d’action « Fast and furious » et qu’il buvait du komo en conduisant. Mais le mis en cause explique au tribunal que toutes ces personnes mentent. Il se défend d’être alcoolique et évoque la victime, son cousin qu’il « respectait» et avec lequel il avait « partagé beaucoup de choses. »
 

"Bilan catastrophique"

Pour le conseil des parents de la victime, ce drame s’ajoute au « bilan catastrophique de l’année 2018 », le « bilan le plus grave qu’ait connu la Polynésie » ces dernières années. Comme l’indique l’avocat, la justice doit rendre une peine « exemplaire » : le prévenu « est totalement dans le déni et tente d’échapper à toute responsabilité. Il minimise les faits et rejette la faute sur les autres. » Si la mère de la victime demande des dommages et intérêts, son père ne demande qu’un franc symbolique afin de ne pas créer de tensions supplémentaires au sein de la communauté qui vit à Takapoto. Au travers d’une lettre lue par son avocat lors de l’audience, l’homme se déclare « traumatisé » d’avoir perdu la « chair de sa chaire» et explique qu’il faut être très « fort » pour ne pas avoir envie de se « faire justice soi-même. »

A l’aube de ses réquisitions, le procureur de la République évoque également une situation « catastrophique » en attribuant l’attitude du prévenu à la très grande difficulté « d’assumer la responsabilité de la mort d’une personne. » Le représentant du ministère public requiert quatre ans de prison dont deux avec sursis mise à l’épreuve pendant deux ans à l’encontre de celui qui est « dans la toute-puissance lorsqu’il a bu ».

Si le prévenu semble ne pas avoir « fait le travail nécessaire pour assumer sa responsabilité », il est sincère et a exprimé sa « profonde tristesse » auprès de la famille de la victime et des habitants de l’atoll, affirme son avocate lors de sa plaidoirie.


Après en avoir délibéré, le tribunal suit les réquisitions du procureur de la République et condamne l’homme à quatre ans de prison dont deux avec sursis mise à l’épreuve pendant deux ans. Le prévenu devra indemniser les parties civiles, se faire soigner et trouver un travail ou une formation. Son permis est annulé, il ne pourra pas le repasser avant deux ans. Il a également l’interdiction de paraître à Takapoto pendant deux ans.


 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 11 Décembre 2018 à 17:25 | Lu 2832 fois