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Guadeloupe: sècheresse et séquelles de la tempête Fiona causent une pénurie d'eau


Photo d'illustration. DOMINIQUE CHOMEREAU-LAMOTTE / AFP
Photo d'illustration. DOMINIQUE CHOMEREAU-LAMOTTE / AFP
Pointe-à-Pitre, France | AFP | jeudi 16/03/2023 - En Guadeloupe, la sécheresse, due notamment aux dégâts de la tempête Fiona, sévit moins d'un mois après le début de la saison sèche, entrainant coupures d'eau pour des habitants et restrictions de l'irrigation pour les agriculteurs.

La Guadeloupe subit de plein fouet un "bilan pluviométrique déficitaire depuis décembre 2022, avec environ 30% de précipitations en moins", a indiqué mercredi la préfecture dans un communiqué.

Elle a donc annoncé des mesures de restriction de l'utilisation de l'eau pour un mois sur l'ensemble du territoire. 

Ces restrictions concernent particulièrement les capacités d'irrigation des agriculteurs et "visent à préserver la ressource, prioritairement pour l'alimentation en eau potable des populations", précise la préfecture. 

Alors que l'archipel traverse sa saison sèche, une baisse "significative du débit des cours d'eau en Basse-Terre et du niveau des nappes de Grande-Terre et de Marie-Galante est observée", de même que des "difficultés d'irrigation et des baisses de la production d'eau potable", souligne la préfecture, qui évoque une sécheresse "relativement marquée".

"Les deux barrages de Gaschet et de Letaye (Grande Terre) administrés par le Conseil départemental (...) affichent des niveaux extrêmement bas, jamais constatés depuis 10 ans", s'inquiétait déjà samedi dernier le président du département Guy Losbar.

"Nous sommes en phase de sécheresse pluviométrique", rappelle Christophe Montout, responsable de l'unité de climatologie de Météo France. "C'est normal à cette période de l'année, ajoute-t-il.

"En revanche, les 12 derniers mois, si on excepte l'épisode Fiona (en septembre) et un mois de février pluvieux, ont été plus secs que la moyenne", souligne M. Montout.

Manque de réserves

Et surtout le territoire n'a pas pu reconstituer ses réserves habituelles, stockées dans des ouvrages (barrages ou réservoirs) qui permettent aux agriculteurs de tenir la saison sèche.

"La tempête Fiona a endommagé ou détruit des infrastructures sur le territoire", explique Ferdy Louisy, vice-président du département.

Il cite le cas d'une canalisation liée à un captage qui assure "le transfert d'eau brute qui alimente les usagers agricoles de la Grande-Terre, et de la moitié Nord de la Côte-au-Vent de la Basse-Terre, quelques industriels ainsi que 6 usines de production d'eau potable". 

En conséquence, "l'eau agricole est détournée au profit des réseaux d'eau potable qui ne suffisent pas à l'alimentation" des particuliers, explique Ferdy Louisy.

Le syndicat mixte de gestion de l'eau et de l'assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG) a ainsi prévenu ses usagers d'un retour aux coupures programmées, parfois sur plus de 30 heures pour certaines zones de la Basse-Terre.

Certaines communes, qui étaient sorties de ces "tours d'eau", se voient à nouveau confrontées à des coupures. 

L'eau agricole venant également à manquer, les agriculteurs seront soumis eux aussi à des "tours d'eau le cas échéant".

Mercredi, la région de la Guadeloupe a annoncé mettre à disposition environ un million de mètres cubes d'eau d'un barrage dont elle a géré la construction, mis en eau depuis novembre 2021, mais qui n'était pas encore livré en raison de problèmes techniques.

"Il faut absolument qu'on trouve des solutions à la gestion de l'eau, si on veut prétendre atteindre l'autonomie alimentaire. C'est impensable que quelques semaines après l'arrêt de la pluie on soit dans cette situation", s'énerve Steve Salim, agriculteur connu localement pour son engagement dans l'agro-écologie et les circuits courts. 

"Ces événements font augmenter les prix et ça favorise l'import plutôt que la production locale", déplore-t-il.

En Guadeloupe, le réseau d'eau potable, très défectueux, conduit à une perte de l'eau avant son arrivée dans les robinets d'environ 60%, selon des données récentes publiées par l'Office de l'eau.

L'organisme unique de gestion de l'eau potable, le SMGEAG, créé par une loi en 2021, mais déjà en difficulté financière, est régulièrement pointé du doigt pour ses défaillances. 

le Jeudi 16 Mars 2023 à 05:20 | Lu 310 fois