Pointe-à-Pitre, France | AFP | vendredi 23/12/2021 - En Guadeloupe, malgré le scandale du chlordécone qui traumatise la population, l'utilisation d'autres pesticides reste importante, y compris dans les jardins, selon plusieurs études.
Les cancers de la prostate liés à l'exposition au chlordécone, un pesticide largement utilisé pendant des décennies aux Antilles alors que sa toxicité et son caractère persistant dans l'environnement étaient connus depuis les années 1960, ont été reconnus mercredi comme maladie professionnelle.
Car la population continue d'être exposée à ce pesticide interdit en France en 1990 mais qui a continué à être autorisé dans les champs de bananes des Antilles par dérogation ministérielle jusqu'en 1993, infiltrant les sols pour des centaines d'années.
Plus inquiétant: l'utilisation d'autres pesticides reste importante, selon plusieurs études, et leurs interactions peuvent en renforcer les effets nocifs.
L'étude ChlEau-Terre, chargée de "dresser un état des lieux général de la contamination de la Guadeloupe continentale par les pesticides", bouclée en 2018, a mis en évidence "des résidus de pesticides pour 79% des bassins versants (un espace terrestre drainé par un cours d'eau et ses affluents, NDLR) analysés en Grande-Terre et 84% de ceux en Basse-Terre".
Au total, selon la même source, "37 molécules différentes (...) étaient détectées, dont plus de la moitié correspondent à des pesticides aujourd'hui interdits, qui ne sont plus utilisés mais qui persistent dans l'environnement".
C'est le cas du chlordécone mais d'autres pesticides, "notamment des herbicides (glyphosate, AMPA) puis des insecticides, des fongicides et des nématicides" se retrouvent également dans le sol.
Or, une étude associant le CNRS, l'université du Mont-BLanc, le Cirad et le CEA, publiée en février 2021 a montré que le glyphosate --très utilisé aux Antilles depuis la fin des années 1990 en raison de son coût réduit-- "a induit une augmentation de l'érosion du sol qui a conduit à la libération du chlordécone stocké dans les sols des champs pollués".
"Le principe de précaution ne s'applique pas assez sur notre territoire", a noté auprès de l'AFP Olivier Serva, député de la Guadeloupe, qui espère voir une agriculture plus propre se développer sur l'île, avec "zéro produits phytosanitaires".
Pesticides à domicile
Selon le recensement agricole de 2020, rendu public en décembre 2021, la part des exploitations certifiées bio (certains agriculteurs de l'île se revendiquent de l'agro-écologie sans avoir les certifications) en Guadeloupe a augmenté de 1,7 point entre 2010 et 2020, soit désormais 600 ha sur une surface agricole utile de 31.800 ha.
"C'est surtout une conversion des surfaces cultivées en cannes à sucre", détaille Alexandre Ducrot, chef du service statistiques à la Daaf de Guadeloupe.
Dans une étude publiée fin 2018, l'association Générations futures cartographiait les départements français ayant consommé le plus de glyphosate en 2017 et la Guadeloupe y occupait la sixième place. De quoi inquiéter Dominique Théophile, sénateur de Guadeloupe, qui avait alors interpellé le gouvernement dans une question écrite.
"En 2019, 57 tonnes de substances actives ont été déclarées vendues en Guadeloupe dont 68% concernent les herbicides. 39% de la totalité des PPP (pesticides) sont représentés par le glyphosate. On observe une diminution constante depuis 2015", selon une source préfectorale.
Mais l'utilisation des pesticides se fait également à domicile.
Selon un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) de juin 2021, "94,8% des ménages guadeloupéens ont utilisé des pesticides au moins une fois dans l'année", notamment des aérosols, en raison de la prolifération des insectes.
Dans leurs jardins aussi, les Guadeloupéens utilisent des pesticides, souvent interdits à la vente, mais stockés depuis leur achat.
"Au moment de l'enquête, près de 24% des produits stockés chez les ménages en Guadeloupe étaient interdits à la vente", selon le rapport.
Le scandale du Chlordécone est souvent mentionné aux Antilles pour expliquer la défiance vis-à-vis de l'Etat, qui a resurgi avec la crise sanitaire et alimenté la défiance face aux vaccins anti-Covid et la contestation contre la vaccination obligatoire pour certains métiers en contact avec la population.
Les cancers de la prostate liés à l'exposition au chlordécone, un pesticide largement utilisé pendant des décennies aux Antilles alors que sa toxicité et son caractère persistant dans l'environnement étaient connus depuis les années 1960, ont été reconnus mercredi comme maladie professionnelle.
Car la population continue d'être exposée à ce pesticide interdit en France en 1990 mais qui a continué à être autorisé dans les champs de bananes des Antilles par dérogation ministérielle jusqu'en 1993, infiltrant les sols pour des centaines d'années.
Plus inquiétant: l'utilisation d'autres pesticides reste importante, selon plusieurs études, et leurs interactions peuvent en renforcer les effets nocifs.
L'étude ChlEau-Terre, chargée de "dresser un état des lieux général de la contamination de la Guadeloupe continentale par les pesticides", bouclée en 2018, a mis en évidence "des résidus de pesticides pour 79% des bassins versants (un espace terrestre drainé par un cours d'eau et ses affluents, NDLR) analysés en Grande-Terre et 84% de ceux en Basse-Terre".
Au total, selon la même source, "37 molécules différentes (...) étaient détectées, dont plus de la moitié correspondent à des pesticides aujourd'hui interdits, qui ne sont plus utilisés mais qui persistent dans l'environnement".
C'est le cas du chlordécone mais d'autres pesticides, "notamment des herbicides (glyphosate, AMPA) puis des insecticides, des fongicides et des nématicides" se retrouvent également dans le sol.
Or, une étude associant le CNRS, l'université du Mont-BLanc, le Cirad et le CEA, publiée en février 2021 a montré que le glyphosate --très utilisé aux Antilles depuis la fin des années 1990 en raison de son coût réduit-- "a induit une augmentation de l'érosion du sol qui a conduit à la libération du chlordécone stocké dans les sols des champs pollués".
"Le principe de précaution ne s'applique pas assez sur notre territoire", a noté auprès de l'AFP Olivier Serva, député de la Guadeloupe, qui espère voir une agriculture plus propre se développer sur l'île, avec "zéro produits phytosanitaires".
Pesticides à domicile
Selon le recensement agricole de 2020, rendu public en décembre 2021, la part des exploitations certifiées bio (certains agriculteurs de l'île se revendiquent de l'agro-écologie sans avoir les certifications) en Guadeloupe a augmenté de 1,7 point entre 2010 et 2020, soit désormais 600 ha sur une surface agricole utile de 31.800 ha.
"C'est surtout une conversion des surfaces cultivées en cannes à sucre", détaille Alexandre Ducrot, chef du service statistiques à la Daaf de Guadeloupe.
Dans une étude publiée fin 2018, l'association Générations futures cartographiait les départements français ayant consommé le plus de glyphosate en 2017 et la Guadeloupe y occupait la sixième place. De quoi inquiéter Dominique Théophile, sénateur de Guadeloupe, qui avait alors interpellé le gouvernement dans une question écrite.
"En 2019, 57 tonnes de substances actives ont été déclarées vendues en Guadeloupe dont 68% concernent les herbicides. 39% de la totalité des PPP (pesticides) sont représentés par le glyphosate. On observe une diminution constante depuis 2015", selon une source préfectorale.
Mais l'utilisation des pesticides se fait également à domicile.
Selon un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) de juin 2021, "94,8% des ménages guadeloupéens ont utilisé des pesticides au moins une fois dans l'année", notamment des aérosols, en raison de la prolifération des insectes.
Dans leurs jardins aussi, les Guadeloupéens utilisent des pesticides, souvent interdits à la vente, mais stockés depuis leur achat.
"Au moment de l'enquête, près de 24% des produits stockés chez les ménages en Guadeloupe étaient interdits à la vente", selon le rapport.
Le scandale du Chlordécone est souvent mentionné aux Antilles pour expliquer la défiance vis-à-vis de l'Etat, qui a resurgi avec la crise sanitaire et alimenté la défiance face aux vaccins anti-Covid et la contestation contre la vaccination obligatoire pour certains métiers en contact avec la population.