Grève annoncée dans les commerces


Tahiti, le 20 août 2025 – L’intersyndicale CSTP-FO, CSIP, Otahi et O ‘oe to oe rima a déposé un préavis de grève dans plusieurs commerces de la place pour dénoncer la suppression du délai de carence relatif aux arrêts de travail des salariés. Si aucun accord n’est trouvé, la grève prendra effet lundi 25 août prochain à 0 heure.     
 
Après les établissements hôteliers, et comme annoncé depuis plusieurs semaines par Tahiti Infos, l’intersyndicale CSTP-FO, CSIP, Otahi et O ‘oe to oe rima a finalement déposé mardi des préavis de grève dans le secteur du commerce, indique Radio 1. A Tia i mua n’est pas signataire de ces différents préavis même si la secrétaire générale Avaiki Teuiau a participé jusqu’à la fin aux diverses réunions à ce sujet en présence notamment des employeurs et de la ministre du Travail. “La secrétaire générale l’avait de toute façon annoncé lors d’une réunion”, nous explique un syndicaliste.
 
Ces préavis ont été déposés dans dix sociétés de la place telles que Hyper U, Essor Import, Carrefour Faa’a et Punaauia, Auchan Taunoa, Champion Heiri et Toa Moorea, Easy Market Faa’a, Codep et enfin Sopal. On dénombre quinze à seize revendications selon les entreprises.
 
Rappelons que ces préavis découlent de la signature, par une déléguée syndicale de Otahi qui n’avait d’ailleurs pas mandat de sa centrale syndicale, d’un avenant à la convention sectorielle dans le commerce. Il met un terme à la prise en charge par l'employeur des jours de carence en les limitant aux deux premiers arrêts maladie.

Mise en place d’une taxe sur les ventes au profit des salariés

L’intersyndicale demande “la non-application” de cet avenant pour “garantir une meilleure protection des revenus”. Et n’ayant pas obtenu sa suppression, elle souhaite la mise en place d’une “prime sectorielle propre au commerce”. Les syndicats réclament également que les commerces remettent en place les ventes à thème (VTA) pour attirer la clientèle.
 
L’intersyndicale veut également instaurer une taxe de 4 % sur les ventes en magasin dont “la totalité serait redistribuée aux salariés pour (…) leur contribution directe aux bénéfices de l'entreprise”.  
 
Autre revendication, jugée “essentielle”, la revalorisation salariale à hauteur de 10 % pour “compenser l'inflation et garantir un pouvoir d'achat décent pour l'ensemble des employés, dans le contexte économique actuel de la Polynésie française”. Les syndicalistes appellent les employeurs à passer les contrats à temps partiel à temps complet, soit 169 heures, pour offrir aux salariés “plus d'opportunités de travail et une meilleure rémunération pour les salariés à temps partiel, contribuant à une plus grande stabilité financière pour ces catégories de personnel”. Et pour que les départs ou départs à la retraite soient “sécurisés”, l’intersyndicale demandent que les indemnités soient revues à la hausse, ainsi que la mise en place d’une indemnité de décès pour les ayants-droit des salariés “en cas de perte tragique d'un de nos collaborateurs”. Cette dernière sera calculée en fonction de l'ancienneté des salariés.
 
L’intersyndicale demande, uniquement pour les sociétés Codep et Sopal, d’augmenter “toutes les primes existantes”. Pour Carrefour Faa’a, la mise en place d'une prime d'assiduité de 150 000 francs pour “reconnaître la fidélité et la présence régulière des salariés, et renforcer leur pouvoir d'achat”. Et enfin, pour Easy Market Faa’a, la revalorisation du travail le dimanche à hauteur de 100 %. 

“Don de congés”

Afin que les représentants du personnel puissent accomplir pleinement leurs missions concernant notamment la défense des intérêts des salariés, l’intersyndicale requiert la hausse des heures de délégation des élus à hauteur de 20 heures par mois, la prise en charge “intégrale des frais de formation syndicale des élus par l'entreprise pour garantir une représentation efficace et éclairée des salariés” ou encore que les salariés bénéficient de formations “techniques régulières et qualitatives” prises en charge par l’employeur.  
 
La prise en charge des repas est également une autre des revendications “essentielles” de l’intersyndicale CSTP-FO, CSIP, Otahi et O ‘oe to oe rima pour “améliorer les conditions de travail quotidiennes des salariés et alléger leur charge financière, contribuant ainsi à leur bien-être général”.
 
Les syndicats souhaitent également “insuffler une dimension sociale” au travers du don de congés pour un accompagnement en évasan ou pour un enfant handicapé. Ils demandent la réactualisation du 8-Mai en jour férié chômé dans le secteur. Et s’interrogent sur le remplacement du 29-Juin.
 
La lutte contre le harcèlement ainsi que la pression au travail sont en hausse au sein des entreprises. Une situation “inacceptable” pour l’intersyndicale qui considère que cela nuit gravement “à la santé psychologique et physique de nos employés, ainsi qu'au climat social général”. Elle exige que des mesures “immédiates et concrètes” soient prises pour que cela cesse, afin de “protéger les victimes”, que des enquêtes soient menées sur tous les signalements, que des sanctions soient prises et que des “dispositifs de prévention et de sensibilisation” soient mis en place pour “garantir un environnement de travail respectueux et serein pour tous”.
 
Si aucun accord n’est trouvé, la grève prendra effet lundi 25 août prochain à 0 heure.   

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mercredi 20 Aout 2025 à 16:00 | Lu 7279 fois