Girardin tente de rassurer les maires ultramarins


Paris, France | AFP | lundi 20/11/2017 - "L'Etat n'abandonne pas les collectivités", a assuré lundi la ministre des Outre-mer Annick Girardin devant les maires ultramarins réunis à Paris, où ils ont évoqué leurs inquiétudes notamment sur la baisse des contrats aidés, à la veille du 100e congrès des maires de France.

En ouverture de cette journée consacrée aux élus ultramarins, le président de l'association des maires de France François Baroin a déploré l'objectif de 13 milliards d'euros d'économie imposé aux collectivités sur le quinquennat, ainsi que la quasi-suppression de la taxe d'habitation.
Plus spécifiquement, il a estimé nécessaire d'avoir pour les collectivités ultramarines des "politiques dérogatoires au droit commun, sur le plan fiscal, sur le plan des emplois aidés, etc". 
La baisse des contrats aidés risque "de rallumer les braises de la situation explosive de 2009" aux Antilles, a estimé Maurice Bonté, président de l'association des maires de Martinique. 
Pour Stéphane Fouassin, président de l'association des maires de La Réunion, "le recours aux contrats aidés répond à une logique d'insertion" et a "un rôle d'amortisseur social". Leur remise en cause "est une vraie menace", a-t-il dit, d'autant que "les collectivités n'ont pas les moyens de prendre ces personnes à leur charge en contrats classiques". 
"Un contrat aidé, c'est un jeune de plus qu'on ne verra pas avec un ovule dans le ventre (pour servir de "mule" au trafic de drogue, ndlr)", a renchéri David Riché, président de l'association des maires de Guyane. "C'est un jeune qu'on ne verra pas dans la rue, et qu'on ne verra pas braquer quelqu'un", a-t-il insisté. 
Les élus ultramarins ont également fait part de leurs préoccupations concernant la sécurité, l'immigration, les problèmes d'accès à l'eau, les déserts médicaux, le financement du logement social, la continuité territoriale. 
Cyril Tetuanui, président du syndicat pour la promotion des communes de Polynésie française, a évoqué le changement climatique: "Nous les maires de Polynésie française, sommes sans doute les plus menacés de la République", a-t-il dit.
"L'Etat n'abandonne pas les collectivités. Il conserve toujours son rôle d'accompagnateur et de facilitateur. Vous l'affirmez, vous ne voulez pas plus d'Etat, vous voulez mieux d'Etat. C'est aussi ma vision des choses", a assuré Mme Girardin.
Elle s'est dite "parfaitement lucide sur le fait que ces contrats aidés répondent à une réalité et à un besoin, particulièrement dans les territoires d'outre-mer", a-t-elle dit.
Mais "ces contrats ne peuvent plus être le seul avenir pour nos jeunes dans nos territoires", a-t-elle insisté, tout en reconnaissant que cette baisse avait été "trop brutale et sans doute insuffisamment accompagnée".
Elle a rappelé que "pour l'année 2017, la baisse de l'enveloppe outre-mer est de 5 points inférieure à la baisse au niveau national" et que "la part des outre-mer dans la répartition de l'enveloppe nationale des emplois aidés est de 10%", "nettement supérieure au poids démographique" des Outre-mer (3%). 
Elle a invité les élus à participer aux Assises des Outre-mer, qui durent jusqu'au printemps, et à la Conférence nationale des territoires, prévue mi-décembre. "S'il y a une nouvelle donne pour les collectivités, et il y en aura une, autant être les principaux acteurs de cette redistribution des cartes", a-t-elle insisté.

le Mardi 21 Novembre 2017 à 04:28 | Lu 378 fois