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Fidji: le Premier ministre sortant remporte de justesse les législatives


Suva, Fidji | AFP | dimanche 17/11/2018 - Le Premier ministre fidjien sortant Frank Bainimarama, ex-putschiste devenu militant reconnu de la cause climatique, a remporté de justesse les législatives face à un rival également familier des coups d'Etat, selon les résultats définitifs publiés dimanche.

La formation FijiFirst du sortant a obtenu une majorité de trois sièges au Parlement (27 sièges sur 51), soit 50,02% des voix, lors du scrutin organisé mercredi.
M. Bainimarama, 64 ans, avait pris la tête d'un coup d'Etat en 2006 mais s'est déclaré depuis en faveur de la démocratie. De Nouvelle-Zélande où il assistait aux funérailles de son frère, il a déclaré à la Fiji Broadcasting Corporation être "fier de devenir une fois encore votre Premier ministre".
Le premier rival de FijiFirst, le parti SODELPA dirigé par Sitiveni Rabuka, autre ancien putschiste, a remporté 39,85% des voix et le Parti de la fédération nationale 7,38%. Les deux formations d'opposition occupent ensemble 24 des 51 sièges au Parlement.
Ces élections marquent un net recul pour FijiFirst qui avait obtenu en 2014 près de 60% des voix. 
Sitiveni Rabuka, qui avait mené deux coups d'Etat militaires en 1987 avant de devenir Premier ministre suite à une élection démocratique, voit sa formation en bien meilleure posture qu'il y a quatre ans, où elle n'avait obtenu que 21,18% des voix.
Dans un rapport préliminaire, un groupe d'observateurs internationaux s'est dit "certain que les électeurs fidjiens ont pu exercer librement leur droit de vote".
M. Bainimarama a promis la stabilité et la fin de la "culture du coup d'État" dans l'archipel de 920.000 habitants, où quatre gouvernements ont été renversés entre 1987 et 2006. Il avait rétabli la démocratie en 2014.
De nombreuses ONG s'interrogent sur la nature réelle de la démocratie fidjienne. Mais il ne fait aucun doute que l'image du Premier ministre a changé du tout au tout en quelques années.
M. Bainimarama fut qualifié de dictateur par l'Australie et la Nouvelle-Zélande après avoir pris le pouvoir le 5 décembre 2006 dans un coup d’État sans effusion de sang qui valut des sanctions aux Fidji et une suspension du Commonwealth et du Forum des Îles du Pacifique (FIP).
Douze ans plus tard, l'ancien amiral est à la pointe de la lutte pour le climat en tant que président de la COP23. Il a notamment recueilli les louanges de l'ex-gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger.
Ses partisans le créditent de la croissance soutenue dont a bénéficié cet archipel tributaire du tourisme. En se tournant vers la Chine, il a également rendu son pays, de loin le plus peuplé et le plus prospère économiquement des nations du Pacifique Sud, moins dépendant de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.
Il est également crédité d'avoir apaisé les tensions entre Fidjiens de souche et Indo-Fidjiens, descendants de la main-d'oeuvre indienne amenée par les Britanniques pour travailler dans les champs de canne à sucre.

le Lundi 19 Novembre 2018 à 03:59 | Lu 394 fois