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Etats généraux du multilinguisme en outre-mer


Florence ROBINE, Recteur de l’Académie de Guyane et Christian MORHAIN, directeur de l’enseignement primaire.
Florence ROBINE, Recteur de l’Académie de Guyane et Christian MORHAIN, directeur de l’enseignement primaire.
Christian MORHAIN, directeur de l’enseignement primaire, et Ernest MARCHAL, Inspecteur de l’éducation nationale, ont représenté le ministre de l’éducation, Tauhiti NENA à l’ouverture des états généraux du multilinguisme dans les Outre-mer à Cayenne en Guyane.

Le Vice-président du Conseil général de Guyane, monsieur Jocelin HO TIN NOE a ouvert officiellement ces états généraux ce mercredi 15 décembre à Cayenne.

Madame Florence ROBINE, Recteur de l’Académie de Guyane, est également intervenue durant l’ouverture pour insister sur l’importance du développement du multilinguisme à l’école en Outre-mer. Un projet d’échanges pédagogiques avec les écoles de Polynésie française a été évoqué et une rencontre avec les services du Rectorat est programmée.
Les États généraux du multilinguisme dans les outre-mer (EGM-OM) rassembleront, sur une période de deux jours et demi, entre le 14 et le 18 décembre 2011, quelque 250 participants venus de la Guyane, de l’ensemble des territoires d’outre-mer, de métropole et des pays voisins. Les EGM-OM ont pour objectif d'aboutir à un ensemble de préconisations adossées à des principes, qui pourront prendre la forme d’une charte, d’une liste de recommandations ou d’un « cahier de doléances ».

Les EGM-OM feront alterner des argumentaires fondés sur un savoir scientifique, d’une part, et des « retours d’expériences », d’autre part : des exposés généraux et des présentations de « bonnes pratiques ».

L’architecture conceptuelle des EGM-OM s'est bâtie au fur et à mesure des réunions du Conseil d’orientation, qui se sont tenues à Paris depuis le mois de mars 2011, et grâce à un réseau informel constitué de chercheurs, de représentants de la société civile et de l'administration, travaillant dans les territoires d'outre-mer.

Fort de l’expérience du colloque ECOLPOM qui s’est déroulé à Tahiti en novembre dernier, la Polynésie française apportera sa contribution à l’élaboration de préconisations, et surtout de dispositifs d’échanges de bonnes pratiques au profit des enseignants et des élèves. Car, comme le souligne Edouard GLISSANT : la langue n’est qu’avec le concert des autres.

Un projet d’échanges pédagogiques était au menu, et c’est ainsi que trois sujets d’importance ont été abordés :

Christian MORHAIN, Danielle ASSARD et Moïse SOREZE
Christian MORHAIN, Danielle ASSARD et Moïse SOREZE
L’enseignement des langues maternelles ou régionales :

L’Académie de Guyane a mis en œuvre un dispositif pédagogique d’enseignement des langues amérindiennes et businenge dans 20 écoles avec la création de 41 postes d’intervenants en langue maternelle (ILM) en 2007.

Les ILM sont des contractuels, dont certains œuvrent dans les écoles au profit des élèves depuis plus de six ans. Ils sont tous signataires d’une lettre de mission du rectorat qui indiquent notamment qu’ils doivent 88 heures annuelles aux élèves réparties comme suit :
- 6 heures pour les conseils d’école ;
- 4 heures pour la concertation entre les enseignants et les relations avec les familles ;
- 18 heures pour les animations pédagogiques ;
- 60 heures consacrées à l’aide personnalisée

Les ILM interviennent prioritairement en maternelle, en prenant en charge des groupes d’élèves en fonction des projets pédagogiques élaborés par les enseignants.

Le principe d’échanges de bonnes pratiques avec la cellule LCP de la DEP, ainsi qu’avec les EA-LVR des circonscriptions a été retenu et sera formalisé.

Les écoles de la réussite :

A l’instar du dispositif « C2r » qui permet à des écoles de bénéficier d’un maître surnuméraire au cycle 2 pour renforcer les apprentissages des élèves qui en ont besoin, l’Académie de Guyane a mis en place les écoles de la réussite.

8 écoles sont concernées à ce jour par ce dispositif. Ce dernier est formalisé par un contrat signé par le rectorat, l’équipe pédagogique et la municipalité concernée.

L’objectif assigné dans le contrat est très simple : repérer les faiblesses dans les évaluations nationales au CE1 et au CM2 et définir les modalités de prise en charge des élèves pour augmenter leurs performances.

Force est de constater que les résultats obtenus, par comparaison des évaluations nationales de 2010 avec celles de 2011 sont particulièrement importants et encourageants.

Le principe d’échanges de bonnes pratiques avec l’Inspectrice de l’éducation nationale en charge du « C2r » a été retenu et sera formalisé.

Les évaluations au CE1 et au CM2

Chaque année, comme dans tous les départements de métropole et d’Outre-mer, les élèves de CE1 et de CM2 bénéficient d’une évaluation en fin d’année scolaire.

Ce protocole national permet aux Académies d’obtenir chaque année un traitement et une analyse des données ainsi recueillies par la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO).

La Polynésie française doit intégrer ce protocole cette année.

Le principe d’analyses croisées des données de la Guyane et de la Polynésie française pour définir des politiques éducatives en matière de prévention de la difficulté scolaire a été retenu et sera formalisé. L’Inspecteur de l’éducation nationale en charge de la mission évaluation, ainsi que la division de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) seront chargés de piloter ce dossier.


Rédigé par communiqué du MEJ le Jeudi 15 Décembre 2011 à 17:37 | Lu 2348 fois
           



Commentaires

1.Posté par Chris du Fier le 16/12/2011 08:35 | Alerter
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Est-ce que nos langues (je dis bien langues) régionales sont prises en compte dans le projet de ces E.G. du multilinguisme ?.. Quid du créole, du mahori réo, du canaque, du mahorais ?... Si ces langues sont prises en compte, alors je pose stupidement la question : pourquoi deux poids, deux mesures de l' administration française qui n' a pas ces mêmes attentions touchantes pour nos langues à nous : l' occitan, le catlana, le breton, le basque..etc..

2.Posté par Philippe le 16/12/2011 20:08 | Alerter
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Ces Etats Généraux (une manie pompeuse actuelle pour cacher des ambitions médiocres et révisées à la baisse pour l'Outre-mer) "ne visent pas approfondir ou à diffuser un savoir sur les « langues de l’outre-mer » (qui sera néanmoins convoqué en tant que de besoin), mais à construire un avenir possible pour ces langues au côté du français, à « organiser leur coexistence ". Ce sont les termes exacts de l'avant-programme. Ils corrigent le trop ambigu deuxième paragraphe: " L’objectif d’une politique linguistique propre aux Outre-mer (comme d’ailleurs de toute politique linguistique) doit être de permettre à des citoyens qui n’ont pas nécessairement le français pour langue maternelle, mais qui seront appelés à exercer des droits en français, et à évoluer dans un environnement professionnel francophone, d’être « bien dans leur(s) langue(s) » et de conjuguer leurs identités culturelles au pluriel.préambule." Donc, tout cela habille le désengagement de l'Etat de considérations bienveillantes qui ne mangent pas de notre pain blanc.
Le statut socio-linguistique des langues dialectales en France n'est pas le même que celui des langues premières ultramarines. Leur contact avec le français est très différent. Il ne s'agit pas de polyglossies identiques. Grosso modo, on ne peut comparer des langues qui survivent et des langues qui vivent. Quelles que soient les lois, ce sont finalement les locuteurs qui décident de la vitalité d'une langue. Par exemple, le catalan roussillonnais est peu parlé - par moins de 150000 personnes - et très souvent parlé de temps en temps et mal. Autre exemple: en Polynésie où se parle le reo maohi -selon les îles et les milieux sociaux -, c'est le français de France qui serait plutôt menacé, tellement il se créolise en un français local, très pauvre.