Sebastien Salom-Gomis / AFP
Paris, France | AFP | mardi 15/09/2025 - "Lecornu à ton tour", un jeu de marelle tracé au sol nommé "révolution": place de la République à Paris, les stigmates du mouvement "Bloquons tout" témoignent comme ailleurs du désamour croissant des Français pour leur classe dirigeante, alimentant la tentation du "dégagisme".
Quelques jours après la mobilisation du 10 septembre, Giorgio Mukunku, photographe en herbe, immortalise ces signes de défiance sur cette place forte de la capitale, qui a vu défiler tant de passions politiques.
"Comme ils ont l'impression de ne pas être écoutés quand ils votent, ils se réunissent pour marquer leur colère", observe ce jeune Orléanais de 23 ans auprès de l'AFP.
Les responsables politiques n'ignorent rien de ce divorce d'avec leurs opinions publiques et du ressentiment tenace qui règne vis-à-vis des élites. Palpables de sondage en sondage, ils peuvent se lire sur les slogans inscrits au cours de récents mouvements de protestation.
La crise gouvernementale, de retour avec la chute de François Bayrou remplacé par Sébastien Lecornu, ne peut que l'accentuer.
"La politique (...) il faut continuer à s'informer, pour se faire sa propre opinion mais ça donne plus vraiment espoir", estime Giorgio Mukunku, ex-éducateur spécialisé, face "au manque de moyens mis en place pour les jeunes". "Pas choqué" de lire sur le Monument à la République, "Lecornu à ton tour", un triangle rouge pointant vers le mot "décapitation".
- Décalage avec "la vie réelle" -
Le nouveau Premier ministre promet des "ruptures" pour rétablir un sentiment de confiance. Comment ? En mettant "fin" au "décalage entre la vie politique du pays et la vie réelle", déclarait-il lors de la passation de pouvoirs la semaine dernière à Matignon.
Hormis "une petite pique à Bayrou et la volonté de discuter avec les autres formations politiques, il n'y a rien de nouveau sous le soleil" comparé aux discours "depuis 20, 30 ans" dans ce type de circonstances, commente à l'AFP le politologue Bruno Cautrès.
Si les Français ont majoritairement une opinion défavorable du nouveau Premier ministre - 40% contre seulement 16% de satisfaits selon le baromètre Ipsos/BVA publié par la Tribune Dimanche - réclamer sa tête "est affreux", déplore Catherine Lanfranchi, 60 ans, devant la statue.
"J'ai décroché de la politique depuis trois, quatre ans, parce que ce n'est absolument pas satisfaisant, la France est vraiment chiante, ingouvernable", confie-t-elle.
Mais ce sentiment de révolte doit "rester démocratique" et ne pas passer par la violence, martèle la coach sportive à domicile.
Claire Salpetrier, 53 ans, est moins tendre avec la classe politique: "Gauche, droite, rien qu'à voir François Bayrou qui proposait de supprimer deux jours fériés dans l'année, on ne vit pas sur la même planète".
La professeure d'anglais à Magnanville (Yvelines) ajoute qu'il "faudrait leur retirer tous leurs avantages". "Politique, c'est pas un métier, c'est une mission et quand t'as fini ta mission, tu pars !"
- "L'espoir dans tout" -
Message reçu par Sébastien Lecornu qui a annoncé lundi la suppression à partir du 1er janvier 2026 des "avantages à vie" dont bénéficient les anciens ministres.
Quant à la proposition très impopulaire sur le lundi de Pâques et le 8-Mai, elle est purement et simplement abandonnée.
Elle ne passait pas auprès des Français et était devenue un symptôme de la déconnexion des élites.
"Travailler les jours fériés nécessite une prime en plus, donc c'est une très bonne décision", réagit auprès de l'AFP Maëlla Gléonec, 26 ans, depuis le Finistère.
Sa lassitude pour la politique - elle ne suit plus l'actualité, "anxiogène" - l'éducatrice spécialisée auprès d'enfants épileptiques, à Châteaulin, l'a ressentie "quand j'ai eu mon CDI en 2021 et suis devenue propriétaire en 2022-2023".
A partir de là, "quand on est confronté à des enfants malades, qui tentent de se suicider ou décèdent et qu'on n'a pas de revalorisation salariale, c'est compliqué", justifie-t-elle.
Néanmoins, pour l'avenir de son fils Gabin, 8 mois, la jeune mère a "toujours espoir dans tout" y compris en quelqu'un au pouvoir en 2027 (après l'élection présidentielle) "qui entende les Français, comprenne ce qu'ils vivent".
"Ils ont de la chance, les bébés, les enfants d'être dans un monde où ils s'en foutent de tout ça. On a envie de l'être aussi dans ces moments-là", sourit Maëlla.
Quelques jours après la mobilisation du 10 septembre, Giorgio Mukunku, photographe en herbe, immortalise ces signes de défiance sur cette place forte de la capitale, qui a vu défiler tant de passions politiques.
"Comme ils ont l'impression de ne pas être écoutés quand ils votent, ils se réunissent pour marquer leur colère", observe ce jeune Orléanais de 23 ans auprès de l'AFP.
Les responsables politiques n'ignorent rien de ce divorce d'avec leurs opinions publiques et du ressentiment tenace qui règne vis-à-vis des élites. Palpables de sondage en sondage, ils peuvent se lire sur les slogans inscrits au cours de récents mouvements de protestation.
La crise gouvernementale, de retour avec la chute de François Bayrou remplacé par Sébastien Lecornu, ne peut que l'accentuer.
"La politique (...) il faut continuer à s'informer, pour se faire sa propre opinion mais ça donne plus vraiment espoir", estime Giorgio Mukunku, ex-éducateur spécialisé, face "au manque de moyens mis en place pour les jeunes". "Pas choqué" de lire sur le Monument à la République, "Lecornu à ton tour", un triangle rouge pointant vers le mot "décapitation".
- Décalage avec "la vie réelle" -
Le nouveau Premier ministre promet des "ruptures" pour rétablir un sentiment de confiance. Comment ? En mettant "fin" au "décalage entre la vie politique du pays et la vie réelle", déclarait-il lors de la passation de pouvoirs la semaine dernière à Matignon.
Hormis "une petite pique à Bayrou et la volonté de discuter avec les autres formations politiques, il n'y a rien de nouveau sous le soleil" comparé aux discours "depuis 20, 30 ans" dans ce type de circonstances, commente à l'AFP le politologue Bruno Cautrès.
Si les Français ont majoritairement une opinion défavorable du nouveau Premier ministre - 40% contre seulement 16% de satisfaits selon le baromètre Ipsos/BVA publié par la Tribune Dimanche - réclamer sa tête "est affreux", déplore Catherine Lanfranchi, 60 ans, devant la statue.
"J'ai décroché de la politique depuis trois, quatre ans, parce que ce n'est absolument pas satisfaisant, la France est vraiment chiante, ingouvernable", confie-t-elle.
Mais ce sentiment de révolte doit "rester démocratique" et ne pas passer par la violence, martèle la coach sportive à domicile.
Claire Salpetrier, 53 ans, est moins tendre avec la classe politique: "Gauche, droite, rien qu'à voir François Bayrou qui proposait de supprimer deux jours fériés dans l'année, on ne vit pas sur la même planète".
La professeure d'anglais à Magnanville (Yvelines) ajoute qu'il "faudrait leur retirer tous leurs avantages". "Politique, c'est pas un métier, c'est une mission et quand t'as fini ta mission, tu pars !"
- "L'espoir dans tout" -
Message reçu par Sébastien Lecornu qui a annoncé lundi la suppression à partir du 1er janvier 2026 des "avantages à vie" dont bénéficient les anciens ministres.
Quant à la proposition très impopulaire sur le lundi de Pâques et le 8-Mai, elle est purement et simplement abandonnée.
Elle ne passait pas auprès des Français et était devenue un symptôme de la déconnexion des élites.
"Travailler les jours fériés nécessite une prime en plus, donc c'est une très bonne décision", réagit auprès de l'AFP Maëlla Gléonec, 26 ans, depuis le Finistère.
Sa lassitude pour la politique - elle ne suit plus l'actualité, "anxiogène" - l'éducatrice spécialisée auprès d'enfants épileptiques, à Châteaulin, l'a ressentie "quand j'ai eu mon CDI en 2021 et suis devenue propriétaire en 2022-2023".
A partir de là, "quand on est confronté à des enfants malades, qui tentent de se suicider ou décèdent et qu'on n'a pas de revalorisation salariale, c'est compliqué", justifie-t-elle.
Néanmoins, pour l'avenir de son fils Gabin, 8 mois, la jeune mère a "toujours espoir dans tout" y compris en quelqu'un au pouvoir en 2027 (après l'élection présidentielle) "qui entende les Français, comprenne ce qu'ils vivent".
"Ils ont de la chance, les bébés, les enfants d'être dans un monde où ils s'en foutent de tout ça. On a envie de l'être aussi dans ces moments-là", sourit Maëlla.