“Emmener Oscar pour la première fois au deuxième tour”


Tahiti, le 16 décembre 2025 – Mara Aitamai conduit la liste A Here ia Faa’a pour les prochaines municipales dans la commune la plus peuplée de Polynésie où il entend défier le leader indépendantiste Oscar Temaru, sur ses terres. “Si on est capables d'emmener Oscar pour la première fois au deuxième tour, ce sera une victoire en soi.”
 
 La tête de liste de A Here ia Faaa, Te Reo Turama o te Nunaa, Mara Aitamai, a présenté en compagnie des responsables de son parti, mardi matin, les grandes lignes de la profession de foi ainsi qu’il entend défendre aux élections municipales des 15 et 22 mars prochains à Faa’a. S’il a présenté une partie des colistiers de la liste d’union qu’il mène, il regrette de ne pas avoir “réussi” à rassembler tout le monde même s’il en a convaincu quelques-uns comme Heiura-Les-Verts, Te Hau Maohi de Tauhiti Nena, Te Nati de Éric Minardi, et des dissidents du Tavini “complètement déçus d'Oscar”.
 
À Faa’a, il entend ébranler l’hégémonie installée sur la commune par le Tavini Huiraatira d’Oscar Temaru en arrivant déjà à franchir la barre du premier tour des municipales. “Si on est capables d'emmener Oscar pour la première fois au deuxième tour, ce sera une victoire en soi. Oscar est tāvana depuis 40 ans et depuis 40 ans, il n'y a jamais eu de deuxième tour”, reconnait Mara Aitamai.
 
Apporter des réponses “à tous les maux que vivent au quotidien une grande partie de la population” de Faa’a est une des raisons pour lesquelles il a décidé de se lancer en politique. “On sait que Faa’a est perçue comme la commune la plus sale. On va la nettoyer (…). On sait que c'est le centre névralgique des ventes de produits stupéfiants.”
 
Pour ce faire A Here ia Faa’a souhaite que la Direction territoriale de la police nationale (DTPN) s’installe sur la commune, “puisqu'on a passé le cap des 30 000 habitants. On va combattre ce fléau pour que la population se sente en sécurité, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui”

“Pas de cumul de mandat et deux mandats maximum”

L’équipe de Mara Aitamai a épluché le budget de la commune de Faa’a qui “fait partie des communes les plus riches”. Il explique que le budget primitif est “excédentaire de 2,7 milliards à peu près”. Le budget de fonctionnement est de 4 milliards et à peu près 1,7 milliard en investissement. Le nombre d’agents “frôle les 450” : “Il va falloir qu'on jette un œil”, dit-il.
 
La construction d’une “marina moderne sur le site de Vaitupa” fait partie des projets de l’équipe de A Here ia Faa’a. “Construire une marina va nous prendre au bas mot quatre ans, entre les études, le dépôt du permis de construire, les appels d'offres et tout”, estime Mara Aitamai. Et ça tombe bien puisque le candidat compte défendre la limite des deux mandats successifs à Faa’a : “Réaliser une partie du programme en un mandat, ça va être trop court. Mais, de le faire au bout de deux mandats, je pense que c'est possible.”
 
Inciter les jeunes à prendre le pouvoir est aussi un des objectifs défendus par Mara Aitamai : “Regardez dans les conseils municipaux, il n'y a pas de jeunes. Nous, on en a trouvé deux (…). Au bout de deux mandats, ils auront acquis une certaine maturité qui va leur permettre, à un moment donné, de se dire, on peut y aller aussi."

“Récupérer une partie de la taxe” de l’aéroport

A Here ia Faa’a a l’intention de “combattre la vie chère en diminuant taxes et impôts communaux”. Son plan est d’étudier au plus près les subventions octroyées à l’association Te Reo o Tefana, 30 millions cette année, et au syndicat d'initiative Taaretu à hauteur de 35 millions. Il rappelle que dans son statut ce syndicat doit travailler “pour la promotion du tourisme. Taaretu fait tout, sauf du tourisme. Il organise les Jeux Inter-villes, fête l'anniversaire de tāvana, et plein d’autres trucs”. Cet argent pourrait, selon A Here ia Faa’a, être utilisé pour aider les parents à payer les factures de cantine de leurs enfants.
 
Récupérer l’eau qui part dans la nature lorsque les cuves sont pleines est aussi un de leur projet pour éviter précise Mara Aitamai que les administrés se retrouvent sans cesse avec des coupures d’eau. Il explique que la commune paie près de 400 millions de facture d’électricité rien que pour l’utilisation de “pompes de relevage” pour “amener l'eau en haut” et remplir les cuves. Mara Aitamai et ses colistiers ont décidé, s’ils gagnent les élections, “d’installer des centrales photovoltaïques à chaque bassin de relevage. C'est un investissement, mais qui à terme va nous permettre d'être gagnant, puisqu'on va réduire la facture EDT”.

L’aéroport de Tahiti implanté à Faa’a est à l’origine d’une “nuisance énorme”, souligne la tête de liste de A Here ia Faa’a. Il pense mettre en place un “jumelage” entre la commune et le prochain concessionnaire en charge de sa gestion. Il souhaite que la commune devienne “un acteur de la gestion” de l’aéroport et travaille avec l'État et le concessionnaire afin de “récupérer une partie de la taxe. Le directeur général de ADT a annoncé une augmentation du nombre de passagers. On est passé à 1 600 000. Imaginons que Faa’a puisse récupérer 20 francs. Ça fait 320 millions. On pourrait faire beaucoup de choses avec.”
 
Il propose même la mise en place d’“un jumelage de prestations” avec le concessionnaire de Tahiti-Faa’a pour la végétalisation des alentours de l’aéroport.
 
Les projets bouillonnent pour A Here ia Faa’a, mais d’ici mars prochain il lui reste à gagner en popularité pour espérer ébranler l’équipe sortante.

Jules Hauata “La transition écologique n'est pas tout le temps punitive”

Les municipales, c'est une élection où il peut y avoir une ouverture avec tous les partis. On présente nos idées puis on voit quelles sont les orientations politiques à prendre et on se met tous d'accord et tout ça dans le respect mutuel de chaque orientation politique et des personnes. Et là, on a trouvé un point d'entente.
Il y a beaucoup de projets environnementaux comme la transition, c'est énorme. Ça peut nous apporter beaucoup dans tous les sens. Un exemple simple : comment baisser la facture du foyer ? Tu sais qu'avec des photovoltaïques, on baisse de 60 % la facture d'électricité. Si tu as 100.000 francs d'électricité, on dit que tu ne payeras plus que 40 000 francs. Ça, c'est déjà beaucoup. Si dans la commune, on arrivait à équiper tout le monde à 100 % de panneaux solaires, ce serait énorme, ça irait dans le panier de la ménagère et elle pourrait acheter ce qu'elle veut pour ses enfants, ou pour payer la cantine. La transition écologique n'est pas toujours punitive elle apporte, au contraire, beaucoup de solutions.”

Gérard Huioutu "Si le minimum n'est pas fait (…) tu t'engages”

“J'ai envie que ça change, je suis de Faaa depuis 35 ans. Ça fait six mois que j'ai un gros tas de pehu en face de chez moi. J'ai appelé la mairie qui m’a répondu ‘Nos camions sont en panne’. En plus, je reçois la facture pour payer la taxe. Ça veut dire quoi ? J'attends que le camion soit réparé avant de payer ? Ça suffit là (…). Les communales, c'est ta vie de tous les jours : est-ce qu'on ramasse tes pehu ? Est-ce que tu as de l'eau ? Et si ce minimum n'est pas fait, à un moment donné, tu ne t'endors plus, tu te dis non, ça suffit et tu t'engages. C'est pour ça que je me suis engagé il est temps que ça bouge. 
Il y a 9.000 électeurs qui ne sont pas aller voter, ce sont les jeunes qui pensent peut-être qu'ils ne peuvent pas changer les choses. Il faut qu'ils comprennent que chaque voix compte et que leur vote est important. Pour eux, la politique c'est mauvais, c'est négatif. Mais si on leur fait comprendre que la politique, ce n'est pas négatif au contraire, c'est bien car elle s'occupe des gens. Mais il faut mettre des gens honnêtes, responsables, et qui ont envie que les choses changent.”
 
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 16 Décembre 2025 à 18:54 | Lu 669 fois