Claudia a reçu une greffe de rein il y a deux ans après avoir perdu ses deux organes suite à un accouchement.
Tahiti, le 17 octobre 2025 - Claudia Sui, 44 ans, a reçu une greffe de rein il y a deux ans après avoir perdu ses deux organes suite à un accouchement. Son témoignage, livré lors de la conférence de presse marquant la labellisation du Centre hospitalier de la Polynésie française comme premier “hôpital ambassadeur du don d'organes” de la zone Pacifique, met en lumière les tabous qui entourent encore le don d'organes au Fenua.
“J'étais quelqu'un en bonne santé.” Claudia Sui commence son récit par cette précision essentielle. Pas de diabète, pas d'hypertension, aucune pathologie chronique. Et pourtant, tout a basculé le jour où elle a accouché. “Juste après, j'ai perdu mes reins. J'ai fait un choc septique avec une coagulation dans tout le corps.”
En réanimation, entre la vie et la mort, Claudia ne réalise pas immédiatement la gravité de sa situation. “J'étais tellement projetée dans l'idée que j'allais allaiter. Je demandais qu'on tire le lait. Et on me disait : ‘Mais réalise qu'en fait, ton état de santé est très grave.’” La nouvelle tombe : elle devra être dialysée trois fois par semaine. Avec un nouveau-né.
“Les six premiers mois, je n'ai pas pu vraiment m'occuper du petit”, confie-t-elle. La maladie s'installe à domicile : “Il y a des cartons et des cartons, toute l'artillerie. Quand tu rentres, tu ne vois que ça. Tu vis dedans.” Quatre mois et demi d'hémodialyse à l'hôpital avec les “cas difficiles”, puis la dialyse péritonéale à domicile, tous les soirs. “C'est quelque chose de très épuisant.”
Le tabou familial
Mais pour Claudia, le plus difficile n'est pas la maladie elle-même. C'est d'en parler. “Quand je voulais chercher un donneur, ça a été compliqué d'en parler dans la famille. Ils ne voulaient même pas entendre.”Pourtant, c'est au sein de la famille qu'on trouve généralement le plus de compatibilité. La réaction de sa sœur illustre ce malaise : “Elle se posait beaucoup de questions. Je lui ai dit : ‘Ne me réponds pas tout de suite, mais discutons-en.’ Je voyais que c’était difficile.” Une de ses amies va même plus loin : “Elle m'a dit : ‘Tu sais, si on est avec deux reins, je pense qu'on a besoin de nos deux reins, et je ne pense pas qu'il faille en donner un.’” Selon Claudia, “les gens ne sont pas informés”. “Il faut en parler”, insiste-t-elle en regardant son garçon courir dans le hall de l’hôpital.
Claudia note un contraste frappant avec ses amis venus de métropole : “J'ai eu des amis prêts immédiatement. C’est parce qu'il y a beaucoup de dons d'organes en France. Ici, les gens ont peur.” Dans sa famille, les pathologies existantes compliquaient les choses : problèmes cardiaques, cholestérol et surpoids. “Même s'ils savaient par quoi je passais, ils se sentaient juste démunis”, poursuit-elle. Claudia a fait en sorte que ces refus n'affectent pas ses relations : “J'ai bien mis les choses au clair : peu importe votre choix, ça ne va pas changer nos relations.” Mais l'expérience reste marquante : “C'est très difficile d'aborder le sujet.”
Une nouvelle vie
Finalement, Claudia a reçu un rein d'un donneur décédé. Moins d'un an et demi d'attente, alors que la moyenne est de deux à trois ans en Polynésie. “J'ai eu cette chance parce que je n'avais aucune pathologie. On essaie de garantir que cet organe soit dans un corps le plus sain possible.” Aujourd'hui, son fils a trois ans. “Il me voit juste prendre des médicaments. Il ne m'a pas vue avec ma machine, me connecter à des appareils.”
Son message est clair : “Quand je rencontre des gens, ils me disent : ‘Mais on va nous prélever quoi ?’ Ici, on ne greffe que les reins. Une personne décédée a deux reins, elle peut en sauver deux autres. Et les soins de dialyse sont très lourds, tout le monde n'y a pas accès facilement, il n'y en a pas dans les îles. Ça peut briser des familles.”
“J'étais quelqu'un en bonne santé.” Claudia Sui commence son récit par cette précision essentielle. Pas de diabète, pas d'hypertension, aucune pathologie chronique. Et pourtant, tout a basculé le jour où elle a accouché. “Juste après, j'ai perdu mes reins. J'ai fait un choc septique avec une coagulation dans tout le corps.”
En réanimation, entre la vie et la mort, Claudia ne réalise pas immédiatement la gravité de sa situation. “J'étais tellement projetée dans l'idée que j'allais allaiter. Je demandais qu'on tire le lait. Et on me disait : ‘Mais réalise qu'en fait, ton état de santé est très grave.’” La nouvelle tombe : elle devra être dialysée trois fois par semaine. Avec un nouveau-né.
“Les six premiers mois, je n'ai pas pu vraiment m'occuper du petit”, confie-t-elle. La maladie s'installe à domicile : “Il y a des cartons et des cartons, toute l'artillerie. Quand tu rentres, tu ne vois que ça. Tu vis dedans.” Quatre mois et demi d'hémodialyse à l'hôpital avec les “cas difficiles”, puis la dialyse péritonéale à domicile, tous les soirs. “C'est quelque chose de très épuisant.”
Le tabou familial
Mais pour Claudia, le plus difficile n'est pas la maladie elle-même. C'est d'en parler. “Quand je voulais chercher un donneur, ça a été compliqué d'en parler dans la famille. Ils ne voulaient même pas entendre.”Pourtant, c'est au sein de la famille qu'on trouve généralement le plus de compatibilité. La réaction de sa sœur illustre ce malaise : “Elle se posait beaucoup de questions. Je lui ai dit : ‘Ne me réponds pas tout de suite, mais discutons-en.’ Je voyais que c’était difficile.” Une de ses amies va même plus loin : “Elle m'a dit : ‘Tu sais, si on est avec deux reins, je pense qu'on a besoin de nos deux reins, et je ne pense pas qu'il faille en donner un.’” Selon Claudia, “les gens ne sont pas informés”. “Il faut en parler”, insiste-t-elle en regardant son garçon courir dans le hall de l’hôpital.
Claudia note un contraste frappant avec ses amis venus de métropole : “J'ai eu des amis prêts immédiatement. C’est parce qu'il y a beaucoup de dons d'organes en France. Ici, les gens ont peur.” Dans sa famille, les pathologies existantes compliquaient les choses : problèmes cardiaques, cholestérol et surpoids. “Même s'ils savaient par quoi je passais, ils se sentaient juste démunis”, poursuit-elle. Claudia a fait en sorte que ces refus n'affectent pas ses relations : “J'ai bien mis les choses au clair : peu importe votre choix, ça ne va pas changer nos relations.” Mais l'expérience reste marquante : “C'est très difficile d'aborder le sujet.”
Une nouvelle vie
Finalement, Claudia a reçu un rein d'un donneur décédé. Moins d'un an et demi d'attente, alors que la moyenne est de deux à trois ans en Polynésie. “J'ai eu cette chance parce que je n'avais aucune pathologie. On essaie de garantir que cet organe soit dans un corps le plus sain possible.” Aujourd'hui, son fils a trois ans. “Il me voit juste prendre des médicaments. Il ne m'a pas vue avec ma machine, me connecter à des appareils.”
Son message est clair : “Quand je rencontre des gens, ils me disent : ‘Mais on va nous prélever quoi ?’ Ici, on ne greffe que les reins. Une personne décédée a deux reins, elle peut en sauver deux autres. Et les soins de dialyse sont très lourds, tout le monde n'y a pas accès facilement, il n'y en a pas dans les îles. Ça peut briser des familles.”