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Discussions gelées à Air Tahiti Nui : les explications de Michel Monvoisin


PAPEETE, le 22 décembre 2015. Les discussions sont officiellement gelées depuis mardi matin entre la direction d'Air Tahiti Nui et les syndicats des pilotes. Le P-dg d'Air Tahiti Nui conditionne la reprise des négociations à la levée de la consigne syndicale d'un des syndicats.


Difficile d'y voir clair dans les négociations d'Air Tahiti Nui, chaque camp se renvoyant la responsabilité des reports de vols.
Ce mardi matin, une rencontre était prévue mais elle a été levée au bout de quelques secondes. "La direction générale, forte du soutien du conseil d’administration, est entrée en négociations à 8h30 avec les syndicats de pilotes avec de nouvelles propositions et un esprit d’ouverture", a précisé la compagnie dans un communiqué. "La question préalable a été de savoir si la consigne syndicale était levée. Malgré la bonne volonté des autres syndicats que nous remercions, le SPNT de Mr Saint-Marc a répondu par la négative, ce qui revient à maintenir la pression sur la compagnie et continuer à prendre en otage les passagers, ce qui est inacceptable. La direction a donc levé la réunion séance tenante." De son côté, le SPNT indique ne "même pas avoir eu le temps de répondre à la question".

"La direction veut nous faire porter le chapeau",
regrette Jean-Yves Saint-Marc, délégué syndical du SPNT, avant d'assurer que les quatre syndicats de pilotes de la compagnie au tiare se sont mis d'accord pour "réquisitionner des pilotes pour effectuer les vols". "Nous nous engageons auprès des passagers à effectuer des réquisitions de pilotes qui seront en jours de congés, en repos ou en jour base (quand les pilotes travaillent à terre, NDLR)." "C'est une décision unilatérale, prise conjointement par les syndicats de pilotes", insiste le syndicaliste. "Les vols seront effectués dans l'intérêt des passagers et de la compagnie. Nous faisons une trêve aussi longtemps que nous aurons la garantie que les discussions peuvent continuer."
Le terme "réquisitions" de son côté fait bondir le P-dg de la compagnie au tiare. "Ça ne vous choque pas vous "Le syndicat réquisitionne des pilotes" ? Moi, j'ai demandé de lever une consigne syndicale", insiste-t-il (lire interview ci-dessous). Les discussions sont donc "gelées" en attendant.

Les syndicats de pilotes demandent à ce que soit reconnue la pénibilité de leurs heures de nuit. Selon le SPNT, les discussions seraient au point mort en raison de "l'intransigeance de la direction générale, prête à laisser les vols à terre".
La compagnie au tiare, elle, dénonce une situation "qui revient à maintenir la pression sur la compagnie et continuer à prendre en otage les passagers, ce qui est inacceptable". "Le conseil d'administration nous invite à négocier et trouver des solutions à la condition que les débats soient sereins et sans pression, donc sans consigne syndicale", insiste Michel Monvoisin.
Pour plus d'infos, les passagers peuvent appeler le 40 46 03 03.


Michel Monvoisin, P-dg d'Air Tahiti Nui : "Les débats doivent être sereins et sans pression, donc sans consigne syndicale"

Concrètement pourquoi les vols ne peuvent-ils pas être assurés normalement ?
Tout simplement car on a un effectif qui est assez tendu et il suffit qu'il manque quelques pilotes et le programme est chamboulé. Donc il faut demander à des pilotes de bien vouloir dépanner les vols alors qu'ils ne sont pas affectés sur le programme.
µUn consigne syndicale a été lancée de ne pas dépanner donc s'ils suivent la consigne syndicale, il suffit que certains pilotes ne suivent pas pour que les vols ne puissent être assurés. Il ne faut pas oublier qu'on est en haute saison, s'il vous manque cinq pilotes, le programme ne passe pas et il faut faire appel à ce qu'on a appelé dans notre jardon du dépannage.

Jean-Yves Saint-Marc assure que les quatre syndicats de pilotes se sont mis d'accord pour "réquisitionner des pilotes pour assurer les vols". Qu'en pensez-vous ?
Ça ne vous choque pas vous "Le syndicat réquisitionne des pilotes" ? J'ai demandé ce mardi matin au SPNT, le syndicat de M. Saint-Marc si vous levez la consigne syndicale. Il m'a dit non, donc j'ai dit au revoir, c'est pour ça que la réunion a été écourtée.
Moi, j'ai un conseil d'administration qui m'a donné une feuille de route. Le conseil d'administration représente le propriétaire de la société. Cette feuille de route est claire. Il y est bien précisé que le conseil d'administration nous invite à négocier et trouver des solutions à la condition que les débats soient sereins et sans pression, donc sans consigne syndicale.

Une des revendications est la reconnaissance des heures de nuit…
On n'a jamais pu en discuter vraiment.

Mais que proposez-vous sur ce point ?
Depuis le début on est enclin à faire des propositions. Ils sont venus avec un cahier de revendications en réunion le 7 décembre. Je leur ai dit pourquoi pas laissez-nous faire des simulations. Je leur ai donné rendez-vous le 17. Le 17, j'avais des propositions, je leur ai donné rendez-vous au siège social. Sous prétexte d'un changement de salle, un syndicat n'est pas venu. C’est-à-dire que la salle est plus importante que les revendications visiblement. Les autres syndicats sont venus eux.
Mais quand je dis que je reviens le 17 et qu'on discutera à ce moment-là mais qu'on profite de mon absence pour lancer cette consigne syndicale, moi, je me demande si on veut vraiment discuter ou si on cherche autre chose.

Conditionner la reprise des négociations à la levée de la consigne d'un seul syndicat bloque n'est-ce pas pénaliser le personnel et les clients ?
C'est une prise en otages de la compagnie, des clients, de tout le monde. C'est évident que c'est une prise en otages. En période de fêtes, c'est inadmissible. Les équipes du sol sont mobilisées. Elles travaillent d'arrache-pied pour essayer de trouver des solutions.

Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 22 Décembre 2015 à 20:00 | Lu 5752 fois