Dictionnaire du CEP : “Un outil pour les générations futures”


Tahiti, le 6 février 2025 - Ce jeudi après-midi, au fare potee de la présidence de l’université de la Polynésie française, a été présenté et mis en ligne le dictionnaire du CEP. L’occasion, pour une partie des porteurs de ce projet, de présenter le fonctionnement du site mais également de revenir sur la méthodologie et les précautions prises pour fournir une information objective et scientifique de la période.

“Ce dictionnaire du CEP est un outil pour les générations futures”, a lancé en guise d’introduction Patrick Capolsini, le président de l’université de la Polynésie française : il a une approche “objective et scientifique” de la période du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP).
 
Le dictionnaire du CEP est un outil en ligne composé de “notices”. Il s’agit de fiches rédigées sur des thématiques choisies en français et en tahitien abordant diverses dimensions : politiques, sociales, économiques, culturelles, sanitaires... Les notices sont illustrées par des photos d’archives grâce notamment au partenariat passé avec le service de production et d’archives photographiques et audiovisuelles du ministère des armées. Un résumé en anglais est également disponible ainsi que les ressources et liens qui ont permis leur rédaction. Le moindre propos y est tracé.
 
Pour l’heure, une trentaine de notices sont disponibles (Emprise foncière du CEP, Aldebaran, Évolution de l’habitat au temps du CEP, Doctrine de dissuasion…), trois sont en attente d’intégration, onze seront prochainement en ligne, 79 ont été attribuées à un rédacteur et 76 idées ont d’ores et déjà été retenues.
 
Parler aux jeunes
 
L’idée de ce dictionnaire est née lors du colloque intitulé “Histoire et mémoires du CEP” qui a eu lieu en mai 2022. “Il n’y avait pas ou très peu de jeunes dans le public”, se rappelle l’historien Renault Meltz. Il signe l’ouvrage intitulé “Un 2e contact ?” qui vient de paraître édité par la Maison des sciences de l’Homme du Pacifique et qui rassemble les actes de ce colloque. Il rapporte sa “surprise” et sa “frustration” devant ce public d’un certain âge. “Nous nous sommes interrogé, par la suite, sur la manière dont nous pourrions parler du fait nucléaire aux jeunes.” Et c’est ainsi que le projet de dictionnaire est né.
 
Depuis le début, le projet vise trois objectifs : constituer un corpus de connaissances scientifiquement consolidées, diffuser l’information le plus largement possible et la mettre à jour en cas de besoin, rédiger des textes accessibles. Un comité de rédaction de 13 membres a été monté en juin 2022, il a été complété ensuite par un conseil scientifique de 46 membres, un secrétariat de rédaction et un groupe de normalisation des notices. En septembre, un SOSI voyait le jour. Le CNRS Sciences humaines & sociales développe depuis 2021 le projet Suivi Ouvert des Sociétés et de leurs Interactions (SOSI) qui sont des formes d’accompagnement et de soutien à des études ou enquête de longue durée en sciences humaines et sociales. 

Les rédacteurs sont des spécialistes des questions qu’ils traitent, originaires de Métropole, mais aussi de Polynésie française et d’Océanie. Ils se sont appuyés sur les archives de l’État, mais également sur des témoignages de résidents des îles ou encore d’anciens travailleurs du CEP pour “décentrer la focale”, “favoriser un décentrement de la production des savoirs”.
Le dictionnaire du CEP est accessible depuis ce jeudi : https://dictionnaire.cep.upf.pf.
 

Jonathan Colin, professeur de physique-chimie dans le secondaire et membre du groupe de travail sur l’enseignement du fait nucléaire

“Un outil intéressant pour les étudiants”

Nous avons regardé ce site avec le regard de ceux qui cherchent à savoir quel usage ils pouvaient faire de l’information pour la formation des enseignants et pour la formation des élèves. C’est un outil très intéressant pour les enseignants car il y a beaucoup de ressources et d’images. Par ailleurs, nous constatons souvent que les enseignants que l’on forme ont l’impression de ne pas connaître le sujet du fait nucléaire. Ce site leur donnera tout ce dont ils ont besoin et les aidera à prendre confiance. En revanche, le dictionnaire sera sans doute moins accessible pour les élèves. Les articles sont longs et difficiles ; ils sont scientifiques. J’imagine que, dans ma classe comme dans d’autres classes, il sera possible de les faire travailler dessus ponctuellement, par groupe, pour creuser un sujet en particulier et nourrir un débat. Enfin, pour l’instant les notices sont centrées sur l’histoire, la géographie, les sciences politiques, nous attendons avec impatience celles qui traiteront de sujets en lien avec les sciences physiques, la chimie, les sciences de la vie et de la Terre. L’une d’entre-elle, intitulée “dose”, devrait bientôt être mise en ligne. Elle m’intéresse tout particulièrement.
 
 

Yvette Tommasini, copilote du groupe de travail sur l’enseignement du fait nucléaire

Un travail “rigoureux” et “honnête intellectuellement”

"Nous travaillons sur le sujet du fait nucléaire et sur son enseignement depuis fin 2018, dans le groupe qui a été créé. Nous sommes entre 23 et 25 de tous horizons : il y a des professeurs de musique, d’arts plastiques, d’histoire, de philosophie, de français, de reo, d’anglais… Ce site est le fruit d’un travail rigoureux et honnête intellectuellement, ce qui est extrêmement important pour nous. Nous ne pouvons pas nous permettre de transmettre des informations fausses ou erronées. Il a en plus l’avantage d’être évolutif, or, on le sait, la science n’est pas quelque chose de fixe. Le site, enfin est facilement accessible, intuitif. Pour ce qui est du contenu, c‘est une mine précieuse que nous allons devoir nous approprier. Nous allons avoir besoin d’un peu de temps pour le rendre accessible d’un point de vue du langage et de la didactique. Nos formateurs pourront ensuite partager le savoir avec les enseignants.”
 
 
 

Rédigé par Delphine Barrais le Vendredi 7 Février 2025 à 09:23 | Lu 1356 fois