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Désinscrire la Polynésie ? "Une grossière erreur du président Fritch", pour Moetai Brotherson


Moetai Brotherson, ici en compagnie d'Oscar Temaru mardi lors de la réunion de la 4e commission de l'ONU.
Moetai Brotherson, ici en compagnie d'Oscar Temaru mardi lors de la réunion de la 4e commission de l'ONU.
NEW YORK, 4 octobre 2016 - Moetai Brotherson constate que la demande de désinscription de la Polynésie française faite par Fritch utilise le truchement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Selon lui l'explication est évidente : "Sur un dossier beaucoup plus tragique que le nôtre qui est celui de West Papua, on se rend compte que la France, Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée parlent d'une même voix sur West Papua et cette voix est en phase avec celle de l'Indonésie. Je trouve cela assez choquant".

La 4ème commission a enregistré hier la demande de désinscription... Quelle réponse peut-elle apporter à une telle demande ?

Moetai Brotherson : Pour l'instant, la France a demandé à Edouard Fritch de faire passer une demande de désinscription de la liste des territoires à décoloniser de l'ONU. Pour ce faire, ils ont eu recours à la Papouasie-Nouvelle-Guinée qui a ce matin posé la question et demandé qu'on étudie une possible désinscription. Ce qui va se passer, c'est que des conclusions vont être rendues sur la recevabilité de cette demande. Et il est fort probable que ce soit irrecevable.

Pour vous, est-ce un exemple supplémentaire qui montre que la diplomatie française utilise Edouard Fritch ?

Moetai Brotherson : Totalement. Déjà lorsque nous faisions le lobbying pour la réinscription, on a retrouvé les mêmes Pays du Pacifique qui étaient la voix de la France.

Que pensez-vous de cette prise de position d'Edouard Fritch ?

Moetai Brotherson : C'est une grossière erreur stratégique et tactique du président Fritch. C'est un peu comme si vous veniez chez les pompiers pour leur dire que leur boulot n'est pas d'éteindre les feux. Venir à la 4ème commission de l'ONU pour leur dire qu'il faut désinscrire un pays qu'ils ont inscrit, c'est une grossière erreur.

Pourquoi la Papouasie-Nouvelle-Guinée porte-t-elle cette demande de désinscription, selon vous ?

Moetai Brotherson : Sur un dossier beaucoup plus tragique que le nôtre qui est celui de West Papua, on se rend compte que la France, Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée parlent d'une même voix sur West Papua et cette voix est en phase avec celle de l'Indonésie. Je trouve cela assez choquant.

Edouard Fritch regrette que les disputes locales aient été amenées devant l'ONU. Qu'en pensez-vous ?

Moetai Brotherson : Ces disputes locales ne sont pas de notre fait. Nous sommes venus développer nos thèmes dans le cadre de la décolonisation. Nous étions un certain nombre parce que la variété de ces thèmes exigeait que l'on soit nombreux. Qu'il soit venu ou pas, on aurait fait la même chose.

Rédigé par Serge Massau, à New York le Mardi 4 Octobre 2016 à 14:08 | Lu 5872 fois