Des visites avant le démontage de la tour


Des habitants de Teahupo’o ont pu découvrir la tour d’arbitrage de l’intérieur, ce mercredi (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 27 août 2025 – Une trentaine d’habitants de Teahupo’o ont pu découvrir la tour des juges de l’intérieur, à la demande de la commune. Après trois compétitions organisées entre juillet et août, les opérations de démontage devraient être lancées ce jeudi pour le réseau électrique, et à partir de la semaine prochaine pour la structure. Au-delà des enjeux économiques et touristiques associés au surf et aux Jeux olympiques, selon la maire déléguée, le caractère temporaire de l’édifice reste primordial pour la population.
 

Montée entre avril et mai avant la période de houle, la tour des juges ne fera bientôt plus partie du paysage. Avant le coup d’envoi du chantier de démontage, une trentaine d’habitants issus de différents quartiers de Teahupo’o ont pu visiter l’ouvrage en aluminium hérité des épreuves de surf des Jeux olympiques de Paris 2024.
 
Cette matinée était à l’initiative de la commune, qui avait préalablement sollicité une autorisation auprès de l’Institut de la Jeunesse et des Sports (IJSPF). Une démarche importante pour la maire déléguée de Teahupo’o, Roniu Tupana-Poareu : “On devait le faire l’année dernière, mais la météo était trop mauvaise pendant les jours et les semaines qui avaient précédé le démontage. Nous avions des demandes et on voulait permettre à la population de voir la tour.”
 

​“Certains habitent juste en face”


Ce mercredi, la météo n’était toujours pas au rendez-vous, mais les plus téméraires ont bravé la pluie et le vent pour monter à bord de la tour avec un quota de 10 à 15 personnes par rotation. Les conditions n’étaient pas optimales sur le plan des vagues, mais quelques surfeurs étaient tout de même à l’eau, l’occasion de les observer sur leur terrain de jeu depuis un autre point de vue. 
 
Seuls les habillages du dernier événement subsistent sur la façade, donc Ricardo Maoni, adjoint spécial du Fenua ‘Aihere, également impliqué dans le montage et le démontage, a fait en sorte que les visiteurs puissent se projeter. “Le premier étage permet de stocker des affaires. Le deuxième est pour les caméramen et le troisième pour les juges”, a-t-il résumé dans une ambiance enthousiaste. “Les gens sont contents de monter sur la tour : certains habitent juste en face et n’avaient jamais eu l’occasion de venir.”
 
L’initiative pourrait être reconduite l’an prochain pour bénéficier à d’autres riverains. Dans l’immédiat, place au démontage : selon les informations recueillies sur place, le retrait du réseau électrique devrait débuter ce jeudi, suivi du démantèlement de la structure à partir du mercredi 3 septembre. Sauf imprévu, cette dernière étape ne devrait pas excéder une semaine. La tour sera stockée dans des containers prévus à cet effet avant de reprendre du service l’an prochain.
 

Optimiser sans dénaturer

L’édifice temporaire sera bientôt démonté.
La construction de “Te Are nui no Teahupo’o”, de son nom de baptême, a coûté 550 millions de francs, financés à 45 % par l’État et à 55 % par la Polynésie française. Cette année, la facture du montage et du démontage de la tour s’élève à 32 millions de francs. Pour tenter de rentabiliser cet investissement, la Fédération tahitienne de surf (FTS) est parvenue à ajouter une compétition avec la deuxième étape du championnat de Polynésie Open, du 12 au 14 juillet. Puis les Trials hommes et femmes ont suivi, du 19 au 20 juillet, pour finir par la Lexus Tahiti Pro, du 7 au 16 août – étape de la World Surf League (WSL) garantie au moins jusqu’en 2027 via une convention triennale avec le Pays. “L’année prochaine, on va rester sur le même format, et on aimerait bien faire une étape du championnat international de bodyboard en plus. Ça reste encore au stade de projet, car ça demande des négociations et des finances”, confie le président de la FTS, Max Wasna.
 
Quant à maintenir la tour en place à l’année, ce n’est pas d’actualité. D’abord pour des raisons techniques, du fait de sa conception sur la base d’une infrastructure temporaire : passer à une implantation pérenne engendrerait des études et des travaux, et donc des dépenses et des enjeux environnementaux. Et surtout, ce ne serait pas le souhait de la majorité de la population. “Il pourrait y avoir un intérêt économique et touristique, voire éducatif, (...) mais nous ne referons pas la même erreur que la première fois : les élus, la population, les surfeurs, les prestataires, les associations seraient forcément consultés au préalable”, nous a-t-on indiqué au ministère des Sports. À ce sujet, la maire déléguée est claire : “La population de Teahupo’o est pour que la tour soit démontée.”

Teapua Ihopu, résident de Teahupo’o : “Une vue unique”

“J’habite au village sur les hauteurs : je vois la tour de chez moi, mais c’est la première fois que j’ai la chance d’y monter. On en a beaucoup entendu parler avec la polémique au moment de sa construction. Ça permet de voir ce qui a été fait. Je suis agréablement surpris de constater que les coraux sont intacts. C’est une vue unique sur Teahupo’o et sur la vague. Mais une fois que les compétitions sont passées, il faut la démonter pour préserver notre beau lagon. C’est le dernier paradis de Tahiti !”

Vanessa Deane, résidente de Teahupo’o : “C’est bien qu’elle soit démontable”

“On a eu ce privilège aujourd’hui de pouvoir visiter la tour, et on remercie la commune. C’est une très bonne chose pour nous, la population, de pouvoir se rendre sur cette tour dont on avait beaucoup entendu parler dans les médias. C’est appréciable de voir où et comment se déroule la compétition. Je me suis sentie en sécurité sur cette structure. Je trouve que c’est bien qu’elle soit démontable : on apprécie aussi la vue quand elle n’est pas là.”

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mercredi 27 Aout 2025 à 16:15 | Lu 2949 fois