Des outils dernier cri mais trop de turnover


Tahiti, le 26 août 2025 - Ce mardi, le Centre hospitalier de la Polynésie française inaugurait son deuxième accélérateur de particules au sein du service de radiothérapie. Un outil nouvelle génération, cofinancé par l’État et le Pays à hauteur de 380 millions de francs, qui permettra de compléter le plateau d’imagerie médicale du CHPF et de renforcer la qualité, ainsi que la sécurité, des soins proposés aux patients. Mais, si le CHPF se réjouit de l’acquisition d’un tel matériel, du côté des associations on pointe du doigt un turnover inquiétant du personnel.
 
C’est une bonne nouvelle pour le Centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF) et il en avait besoin. Alors que depuis la semaine dernière, l’établissement est sous le feu des projecteurs en raison des taux d’occupation alarmants des lits d’hôpital dans les différents services, le CHPF a eu à cœur d’inaugurer comme il se doit son nouvel accélérateur de particules au sein du service de radiothérapie. Un outil nouvelle génération qui vient soulager une demande toujours plus pressante des patients.
 
“Nous pouvons désormais traiter entre 60 et 70 personnes par jour, sur des amplitudes horaires qui vont de 7 heures à 19 heures”, explique le docteur Pierre Gustin, chef du service de radiothérapie. “La particularité c’est que depuis deux ans nous avons fonctionné avec un seul appareil, puisque à chaque fois l’autre appareil était en installation. Nous avons donc été obligés, durant cette période, d’augmenter l’amplitude horaire (6 heures-22 heures) et d’évasaner environ 20 % des patients. (…) Le fait de pouvoir désormais travailler sur deux appareils est une sécurité pour les traitements. Puisque dorénavant, en cas de défaillance de l’un des deux appareils, on peut transférer l’ensemble de l’activité sur l’appareil en fonctionnement.”
 
Mais outre la gestion plus fluide et continue des patients, le nouvel appareil permet aussi et surtout une plus grande précision dans l’exécution du traitement : “Les avancées technologiques nous permettent maintenant d’être de plus en plus précis dans la délivrance du traitement, et de diminuer également les toxicités induites par ces traitements”, insiste le chef du service de radiothérapie. “Les faisceaux sont maintenant de plus en plus focalisés sur la tumeur, ce qui permet de préserver les organes à proximité de cette tumeur, et donc de diminuer les risques de complication à court et long terme de la radiothérapie.”
 
Des moyens humains insatisfaisants
 
Pour autant, si l’arrivée du nouvel accélérateur de particules est une bonne nouvelle, aussi bien pour le corps médical que pour les patients, du côté des associations les inquiétudes demeurent. Car, selon elles, toutes ces avancées technologiques ne suffisent pas à combler un “problème humain” : “Il y a énormément de turnover autour des médecins”, dénonce Gilbert Baron, du Collectif Tu Mana Ora. “Étant moi-même directement concerné par le service oncologie, parce que je suis toujours en traitement, depuis deux ans on peut dire que c’est la valse des oncologues. Et une valse qui ne s’arrête pas. Ce que je souhaitais faire passer comme message c’est que le matériel c’est bien, mais j’attendais aussi cette occasion pour aborder le sujet du personnel.”
 
Pour autant, le représentant de Tu Mana Ora, insiste : “Je tiens à préciser qu’il n’y a pas de rupture de soins. C’est très important de le souligner car il y a souvent beaucoup de parallèles qui sont faits. Aujourd’hui, on est très bien soignés d’un point de vue technique, il n’y a rien à dire. Le personnel du service oncologie et de l’hôpital de jour est incroyable. Heureusement que du côté des infirmiers, une majorité du personnel reste. Mais apprendre que l’on a le cancer ce n’est pas facile et la relation avec l’oncologue est primordiale dans le processus de guérison. À partir du moment où tu commences un traitement et que le traitement s’étale sur plusieurs années, tu espères qu’il y ait quelqu’un qui te suive tout au long de ton parcours.”
 
Une réalité que le chef du service, Pierre Gustin, admet : “Aujourd’hui, les postes sont pourvus mais nous souffrons d’énormément de turnover dans la mesure où les oncologues ne restent pas très longtemps. Nous sommes obligés de faire avec des équipes qui changent constamment, et ce depuis plusieurs années. Nous n’avons pas encore trouvé de solutions pour stabiliser l’équipe. On espère arriver à pérenniser cette équipe d’oncologie médicale et dans ce sens on travaille avec la Direction et le Pays afin de trouver des éléments pour fidéliser une équipe.”

Rédigé par Wendy Cowan le Mardi 26 Aout 2025 à 20:08 | Lu 1978 fois