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Des labels pour les produits du fenua


Tahiti, le 5 décembre 2019 - Le Conseil économique, social, environnemental et culturel s'est penché hier matin sur des projets de lois du Pays traitant des produits agricoles, artisanaux, maritimes… Appellations d'origines, indications géographiques, labels de qualité, ces futures indications devraient permettre de garantir la qualité et l'origine des produits polynésiens auprès des consommateurs.

Fidèle à sa mission consultative, le Conseil économique, social, environnemental et culturel de la Polynésie française, réuni hier matin en assemblée plénière, a rendu ses avis sur deux projets de loi du Pays. Ces projets ont en commun de défendre et de vouloir mettre en valeur les produits du fenua.

Le premier porte d'une façon très large sur leur valorisation grâce à des signes indiquant la qualité et l'origine des produits agricoles, forestiers, de l'artisanat traditionnel ou alimentaires et de produits de la mer en Polynésie française. Le second, quant à lui, se concentre sur un seul produit, très réputé en Polynésie : la célèbre vanille de Tahiti. Le but étant de moderniser l'organisation et le développement de cette filière, dont la production annuelle avoisine les 38 tonnes.
La volonté de ses textes est non seulement de valoriser et de favoriser le développement des produits locaux, issus de la production primaire et de l'artisanat traditionnel, dont la composante est d'origine animale ou végétale, mais également d'aider le consommateur à en savoir un peu plus sur ce qu'il achète.

Selon le Cesec, "le consommateur est sensible aux signes de qualité et d'origine. Il est de plus en plus attentif aux produits qu'il consomme en particulier à leurs conditions de production, à leur origine et à leur composition. De manière générale, il favorise les produits traditionnels répondant à des exigences de qualité, de développement durable, sanitaires, éthiques et d'équité. Il recherche l'authenticité et des garanties particulières".
Ces signes ou indications permettraient aussi de solliciter la reconnaissance au niveau européen des produits polynésiens et de les protéger à l'international.

UN SAVOIR-FAIRE RECONNU

Pour cela, le premier projet de loi de Pays passé hier devant les membres du Cesec propose trois signes distincts. A l'instar de la mention bio qui permet tout de suite de certifier si un projet est respectueux de l'environnement, ces signes aideront à identifier facilement la qualité et l'origine des produits agricoles, forestiers, alimentaires ou de l'artisanat traditionnel et des produits de la mer.

Les deux premiers signes "appellation d'origine", et "indication géographique" devraient permettre de reconnaître rapidement un savoir-faire reconnu dans une aire géographique limitée. Le troisième signe, "label qualité supérieure", équivalent du célèbre "label rouge" français mettrait en avant les qualités supérieures d'un produit par rapport aux autres produits similaires commercialisés.

UNE APPELLATION D'ORIGINE PROTEGEE POUR LA VANILLE

Marcelle Howard et Yannick Lowgreen, rapporteurs sur le projet d'avis concernant l'organisation de la filière vanille.
Marcelle Howard et Yannick Lowgreen, rapporteurs sur le projet d'avis concernant l'organisation de la filière vanille.
La vanille de Tahiti est, elle, déjà engagée dans la démarche d'une reconnaissance de sa qualité et de son origine. Le texte étudié hier en assemblée plénière au Cesec, qui vise dans sa globalité à moderniser l'organisation et le fonctionnement de cette filière, aborde notamment la question de la mise en place d'une appellation d'origine protégée (AOP). Pour le Cesec, "la structuration et l'organisation des filières, ainsi que l'amélioration des conditions de contrôle de qualité et de traçabilité, sont un préalable nécessaire à la mise en place de cette AOP".

Véritable "caviar" polynésien, la vanille a vu son prix au kilo dépasser à l'exportation la barre de 56 000 Fcfp (lire encadré) en 2017, contre 18 046 Fcfp en 2014. Cette AOP serait un véritable gage de qualité et de protection pour la vanille de Tahiti. Vanille qui doit faire face à la concurrence d'autres régions du monde, comme celles de Madagascar ou de Mayotte.

L'efficacité de l'Epic Vanille de Tahiti mise en cause

Exportée à 56 000 Fcfp le kilo en 2017, la vanille de Tahiti reconnue mondialement pour ses qualités aromatiques, vaut de l'or pour les 1037 producteurs recensés à ce jour. D'où l'intérêt que la filière soit optimisée au maximum...
Dans les conclusions rendues par le Cesec, le conseil s'interroge notamment sur l'efficacité de l'établissement Vanille de Tahiti, dont les dépenses (322 millions) représentent près de 50% de la valeur de la production de vanille préparée, exportée en 2018 (665 millions de recettes à l'exportation).

Les sept exigences pour la filière vanille

Le projet de loi, passé hier matin devant la 4e institution du Pays propose de moderniser l'organisation et le fonctionnement de la filière vanille. L'objectif affiché est d'améliorer les conditions de production, de préparation et de commercialisation, mais surtout, la volonté d'inscrire la promotion de la vanille de Tahiti dans une optique résolument qualitative, notamment à travers des contrôles. Il s'agit de :
Dissuader la cueillette de vanille immature ;
Améliorer la traçabilité des ventes de vanilles mûres ;
Renforcer le contrôle de la qualité ;
Repenser le système des "journées de vente " et des comités de surveillance ;
Encourager et financer le saut "qualitatif" de la filière ;
Améliorer l'encadrement des acteurs de la filière ;
Renforcer le dispositif coercitif.

le Jeudi 5 Décembre 2019 à 16:45 | Lu 1849 fois