Alexandre Bernière travaille dans le domaine funéraire depuis toujours. Cela fait plus de 15 ans qu'il est à la tête du cimetière de Papeete.
Tahiti, le 11 août 2025 - Alexandre Bernière est une figure bien connue de Papeete. Gardien attentif du cimetière de l’Uranie et référence du domaine funéraire à Tahiti, il a ouvert les portes de son bureau à Tahiti Infos pour dévoiler les coulisses d’un métier discret, parfois insaisissable : celui de responsable du plus grand cimetière de Polynésie française. Portrait.
“Je suis tombé dedans tout petit”, lance Alexandre Bernière, 54 ans, avec un sourire franc. Pour lui, les allées du cimetière ont longtemps été un terrain familier, presque comme un jardin. Son père, figure du milieu funéraire, y a travaillé quarante ans. Alexandre y a suivi ses traces sans l’avoir vraiment choisi, à 15 ans, après avoir quitté l’école. “Mon papa ne voulait pas que je reste à ne rien faire, alors il m’envoyait repeindre des tombes ou débroussailler…”, raconte-t-il. Plus de trente-cinq ans plus tard, il dirige, depuis quinze ans, le cimetière de l'Uranie, à Papeete, et reste pour beaucoup “la référence” du domaine funéraire polynésien.
On le retrouve dans son bureau climatisé, au pied des allées, là où les sépultures commencent à s’égrener sur les premiers plateaux. Pour rejoindre les niveaux supérieurs, il prend la voiture – il faut dire que les derniers plateaux grimpent très haut. Entre les tombes, il préfère voir du gazon plutôt que des allées entièrement pavées : “Ça rend le lieu plus doux”, glisse-t-il.
Ce métier, qui intrigue ou met mal à l’aise les “simples mortels”, Alexandre en parle comme d’un service public, presque d’une mission. Ses journées alternent entre la gestion administrative (droits de concession, vérification des demandes d’exhumation) et l’accompagnement des équipes techniques. Douze agents sur le terrain, quatre côté bureaux : “Et parfois, le week-end, il faut préparer une inhumation urgente”. La logistique n’efface jamais la dimension humaine : “Ce que j’aime le plus, c’est le contact avec les familles. Les accompagner dans leur douleur, c’est important”. Certaines le lui rendent bien en lui envoyant des cadeaux à Noël.
“Je suis tombé dedans tout petit”, lance Alexandre Bernière, 54 ans, avec un sourire franc. Pour lui, les allées du cimetière ont longtemps été un terrain familier, presque comme un jardin. Son père, figure du milieu funéraire, y a travaillé quarante ans. Alexandre y a suivi ses traces sans l’avoir vraiment choisi, à 15 ans, après avoir quitté l’école. “Mon papa ne voulait pas que je reste à ne rien faire, alors il m’envoyait repeindre des tombes ou débroussailler…”, raconte-t-il. Plus de trente-cinq ans plus tard, il dirige, depuis quinze ans, le cimetière de l'Uranie, à Papeete, et reste pour beaucoup “la référence” du domaine funéraire polynésien.
On le retrouve dans son bureau climatisé, au pied des allées, là où les sépultures commencent à s’égrener sur les premiers plateaux. Pour rejoindre les niveaux supérieurs, il prend la voiture – il faut dire que les derniers plateaux grimpent très haut. Entre les tombes, il préfère voir du gazon plutôt que des allées entièrement pavées : “Ça rend le lieu plus doux”, glisse-t-il.
Ce métier, qui intrigue ou met mal à l’aise les “simples mortels”, Alexandre en parle comme d’un service public, presque d’une mission. Ses journées alternent entre la gestion administrative (droits de concession, vérification des demandes d’exhumation) et l’accompagnement des équipes techniques. Douze agents sur le terrain, quatre côté bureaux : “Et parfois, le week-end, il faut préparer une inhumation urgente”. La logistique n’efface jamais la dimension humaine : “Ce que j’aime le plus, c’est le contact avec les familles. Les accompagner dans leur douleur, c’est important”. Certaines le lui rendent bien en lui envoyant des cadeaux à Noël.
Alexandre est à la fois administrateur, chef d'équipe, conseiller et psychologue improvisé.
“Il aime rendre service”
Ses collègues le confirment. “Il est polyvalent, connaît son domaine. J’ai beaucoup appris avec lui depuis que je suis ici. C’est la référence dans le domaine funéraire. Les autres communes l’appellent pour demander conseil. Il est très empathique et s’adapte à plusieurs types de cas, ce qui est très important ici”, témoigne Gardenia, employée administrative. Son épouse Faviline, qui travaille elle aussi au cimetière, ajoute : “Il est très serviable et à l’écoute. Il aime rendre service aux familles”. Et Tania, femme de ménage, résume : “On est en famille ici. C’est ça qui est bien”.
L’entretien du site – près de 18 000 sépultures, les premières datant de 1843 – n’est pas la seule difficulté. Il faut aussi gérer les concessions centenaires dont les héritiers n’ont plus de preuves de lien familial, ou parfois… les tensions entre proches. Dans son bureau, une pancarte prévient : “La division des vivants ne doit pas troubler la paix des voisins”. “Souvent, les conflits n’ont rien à voir avec l’inhumation”, soupire-t-il.
Alexandre a vu le métier évoluer : les inhumations en terre, autrefois la norme, cèdent la place aux caveaux bétonnés. Le foncier, rare dans d’autres communes, n’est pas un problème ici : “On est tranquilles pour cinquante ans”. Ce qui ne l’empêche pas d’anticiper : il réfléchit déjà aux solutions pour économiser l’espace, tout en respectant la culture polynésienne attachée à l’inhumation.
Son rôle, on pourrait le comparer à celui d’un “ange gardien”. Toujours présent quand ses équipes rencontrent un problème : un carreau inondé, une plaque trop courte… ou des situations plus mystérieuses. Comme ce dimanche soir où, en préparant une fosse, un camion patinait inexplicablement sur sol sec et où deux lampes ont explosé l’une après l’autre. “On a tout arrêté. Le lendemain matin, plus aucun problème.” Il garde aussi en mémoire cette exhumation : vingt ans après, le corps était intact, sans embaumement. “C’est comme si on venait de l’inhumer. Des choses qui ne s’expliquent pas.” Quant aux revenants, lui, n’en a jamais vus, même après des nuits entières passées sur place pour surveiller lors de la Toussaint.
Ses collègues le confirment. “Il est polyvalent, connaît son domaine. J’ai beaucoup appris avec lui depuis que je suis ici. C’est la référence dans le domaine funéraire. Les autres communes l’appellent pour demander conseil. Il est très empathique et s’adapte à plusieurs types de cas, ce qui est très important ici”, témoigne Gardenia, employée administrative. Son épouse Faviline, qui travaille elle aussi au cimetière, ajoute : “Il est très serviable et à l’écoute. Il aime rendre service aux familles”. Et Tania, femme de ménage, résume : “On est en famille ici. C’est ça qui est bien”.
L’entretien du site – près de 18 000 sépultures, les premières datant de 1843 – n’est pas la seule difficulté. Il faut aussi gérer les concessions centenaires dont les héritiers n’ont plus de preuves de lien familial, ou parfois… les tensions entre proches. Dans son bureau, une pancarte prévient : “La division des vivants ne doit pas troubler la paix des voisins”. “Souvent, les conflits n’ont rien à voir avec l’inhumation”, soupire-t-il.
Alexandre a vu le métier évoluer : les inhumations en terre, autrefois la norme, cèdent la place aux caveaux bétonnés. Le foncier, rare dans d’autres communes, n’est pas un problème ici : “On est tranquilles pour cinquante ans”. Ce qui ne l’empêche pas d’anticiper : il réfléchit déjà aux solutions pour économiser l’espace, tout en respectant la culture polynésienne attachée à l’inhumation.
Son rôle, on pourrait le comparer à celui d’un “ange gardien”. Toujours présent quand ses équipes rencontrent un problème : un carreau inondé, une plaque trop courte… ou des situations plus mystérieuses. Comme ce dimanche soir où, en préparant une fosse, un camion patinait inexplicablement sur sol sec et où deux lampes ont explosé l’une après l’autre. “On a tout arrêté. Le lendemain matin, plus aucun problème.” Il garde aussi en mémoire cette exhumation : vingt ans après, le corps était intact, sans embaumement. “C’est comme si on venait de l’inhumer. Des choses qui ne s’expliquent pas.” Quant aux revenants, lui, n’en a jamais vus, même après des nuits entières passées sur place pour surveiller lors de la Toussaint.
“Il faut un cœur accroché”
Travailler dans un cimetière, c’est aussi affronter des réalités plus rudes : “Il faut un cœur accroché, surtout lors des exhumations précoces, quand le corps est encore en décomposition.”
Mais l’habitude ne rend pas insensible : “Même après toutes ces années, la mort d’un enfant, ça touche toujours. On est comme tout le monde.” Pendant la crise du Covid, le rythme s’est emballé : “Des inhumations à la chaîne, peu de proches autorisés… C’était dur de voir ces familles.” Son équipe est sortie indemne, mais la peur était là.
Alexandre forme déjà la relève : intégrer les nouvelles recrues, leur faire découvrir progressivement le terrain, repérer celles qui sauront rester dans ce métier exigeant. Ses propres enfants suivront-ils ? “Je ne sais pas. Mon fils veut être géomètre, ma fille technicienne de surface. Il faut les laisser choisir. Moi, je n’ai pas choisi, mais je ne regrette pas.”
Avec un mélange de technicité, d’autorité et de bienveillance, Alexandre est à la fois administrateur, chef d’équipe, conseiller… et psychologue improvisé. Il exerce un métier indispensable qu’il continuera “jusqu’à la retraite”.
Travailler dans un cimetière, c’est aussi affronter des réalités plus rudes : “Il faut un cœur accroché, surtout lors des exhumations précoces, quand le corps est encore en décomposition.”
Mais l’habitude ne rend pas insensible : “Même après toutes ces années, la mort d’un enfant, ça touche toujours. On est comme tout le monde.” Pendant la crise du Covid, le rythme s’est emballé : “Des inhumations à la chaîne, peu de proches autorisés… C’était dur de voir ces familles.” Son équipe est sortie indemne, mais la peur était là.
Alexandre forme déjà la relève : intégrer les nouvelles recrues, leur faire découvrir progressivement le terrain, repérer celles qui sauront rester dans ce métier exigeant. Ses propres enfants suivront-ils ? “Je ne sais pas. Mon fils veut être géomètre, ma fille technicienne de surface. Il faut les laisser choisir. Moi, je n’ai pas choisi, mais je ne regrette pas.”
Avec un mélange de technicité, d’autorité et de bienveillance, Alexandre est à la fois administrateur, chef d’équipe, conseiller… et psychologue improvisé. Il exerce un métier indispensable qu’il continuera “jusqu’à la retraite”.