Crise sociale: l'exécutif redoute la "coagulation" du 5 décembre


Paris, France | AFP | vendredi 15/11/2019 - Hôpitaux, retraites, étudiants, enseignants, gilets jaunes... A moins de trois semaines de la grève interprofessionnelle du 5 décembre, l'exécutif s'inquiète des tensions et veut chasser le spectre de la "coagulation" des conflits, en tentant d'éteindre au cas par cas chaque départ de feu.

"Ames sensibles, s'abstenir", prévient un conseiller du gouvernement à l'approche d'un mois de décembre annoncé "chaud" et d'une journée de mobilisation le 5 décembre où "ça va être très fort", selon le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.
Mardi matin, au petit-déjeuner de la majorité, Edouard Philippe a ainsi mis en garde les cadres de la macronie sur les turbulences à venir et la nécessité de serrer les rangs.
"On est inquiet de ceux qui ne se disent pas que ça va être dificile. Parfois il y a des matamores, des gens qui disent qu'il faut aller plus vite, que les Français veulent la fin des régimes spéciaux... Mais une fois que tu as dit ça, tu n'as rien dit... Car il y aura du monde" le 5 décembre, prédit ce conseiller du gouvernement.
Cette journée de grève à la SNCF et la RATP, dont 71% des Français pensent qu'elle va "s'inscrire dans la durée" selon un sondage BVA vendredi, pourrait-elle amalgamer les autres revendications catégorielles, notamment dans des services publics de proximité sous tension ?
"Nous déminons point par point", expliquent plusieurs proches de l'exécutif.
A commencer par l'hôpital, pour lequel Emmanuel Macron, bousculant le programme de son déplacement jeudi à Epernay, a annoncé un plan "conséquent" dès mercredi prochain.
Interrogé sur les risques de "coagulation", le président l'a écarté mais a souligné que ses opposants faisaient tout pour la créer.
"Il y a beaucoup de gens qui y oeuvrent. Ils ont pour projet politique le désordre", a-t-il lancé. "Moi je suis là pour continuer à transformer le pays. Je ne m'arrêterai pas", a-t-il dit en réponse à ceux, notamment à droite, qui l'accusent d'entrer dans une forme d'immobilisme.
  - "Situation imprévisible" -  
"Une coagulation n'a rien d'inéluctable", insiste un conseiller de l'Elysée, en soulignant la différence entre sujets "urgents" et réformes de long terme. "Sur l'hôpital il y a une urgence. Mais ce n'est pas le cas pour la réformes des retraites où le gouvernement n'a absolument pas l'intention de passer en force", selon lui.
Pour l'Elysée, rassurer sur la santé répond aussi à une des préoccupations majeures des retraités. Presque comme une coagulation des réponses....
"Pour l'instant ce sont des intérêts particuliers qui se manifestent chacun dans leur coin", décrypte un parlementaire LREM. "Et les +gilets jaunes+", qui fêtent samedi le premier anniversaire du mouvement, "on ne sait pas trop qui ils représentent aujourd'hui".
Il reste que l'exécutif demeure "vigilant sur ce qui peut se passer", selon la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa. 
"On est dans une situation imprévisible, dans la mesure où il y a une forme d'Uberisation des syndicats, parfois dépassés par leurs membres. Il y a, de ce fait, une difficulté accrue de la question des négociations", observe-t-elle encore auprès de l'AFP.
Pour tenter de faire retomber un peu la pression, Emmanuel Macron et Edouard Philippe se démultiplient sur le terrain. Le jour-même où le président évoquait jeudi un plan d'urgence pour l'hôpital, le Premier ministre annonçait qu'il recevrait les partenaires sociaux fin novembre sur les retraites.
Parallèlement, des négociations accrues se mènent au niveau ministériel, les syndicats étant conviés à une réunion le 21 novembre avec le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye et le secrétaire d'État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari. Jeudi, le secrétaire d'Etat Gabriel Attal a pour sa part pour reçu les associations d'étudiants après l'immolation d'un étudiant à Lyon pour dénoncer la précarité.
"Il y a des douleurs pour un certain nombre de catégories professionnelles", a admis vendredi la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. "Et à chacun nous apporterons une réponse, mais les réponses ne sont pas systématiquement des réponses budgétaires", a-t-elle aussi prévenu.

le Vendredi 15 Novembre 2019 à 05:26 | Lu 250 fois