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Covid: en France, un frémissement mais pas d'affolement


ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
Paris, France | AFP | vendredi 22/10/2021 - C'est la fin de deux mois de repli du Covid-19 en France. L'épidémie connaît un petit rebond automnal qui n'affole en l'état ni les médecins, ni le gouvernement, mais pousse ce dernier à rester intransigeant quant au maintien du pass sanitaire.

"On assiste à une tendance à la hausse" des cas liés au Covid-19, a résumé vendredi le ministre de la Santé Olivier Véran sur BFMTV et RMC.

Mais il s'agit d'une "petite poussée, pas une vague épidémique", a-t-il tout de suite relativisé, estimant qu'une forte reprise du Covid-19 n'était pas "le plus probable".

Depuis la fin du mois d'août, l'épidémie s'est repliée en France pour atteindre un niveau particulièrement bas depuis le début de la crise sanitaire, sur fond notamment de succès de la campagne de vaccination, l'une des plus avancées en Europe.

Désormais, le déclin est fini: "après huit semaines successives de baisse, le taux d'incidence a augmenté", a souligné vendredi Nicolas Méthy, l'un des responsables de Santé Publique France, lors d'un point presse.

Cet indicateur témoigne de la proportion de personnes infectées parmi la population. Son rebond n'est pas surprenant: la baisse des températures pousse les gens à se regrouper en intérieur, à fermer les fenêtres et donc à augmenter les risques de contamination.

Pour autant, si les infections repartent en hausse, Santé Publique France juge excessif de parler de "reprise de l'épidémie", un point de vue largement partagé par chercheurs et autorités.

Point le plus crucial, il n'y a pas pour l'heure de rebond des hospitalisations liées au Covid-19 et on peut espérer que la situation reste maîtrisée au regard de l'importante proportion de Français vaccinés. Près des trois quarts le sont.

Or, si les vaccins perdent au fil du temps en efficacité face aux infections, ils continuent à être très protecteurs contre les formes graves, limitant le risque d'hospitalisation.

Attention au relâchement 

"Avec le vaccin, on peut avoir une reprise de la circulation du virus sans pour autant avoir nécessairement une reprise des hospitalisations ou un niveau qui mettrait en tension les systèmes de santé", souligne auprès de l'AFP Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique qui guide le gouvernement français.

Il juge donc essentiel de continuer à inciter au maximum les Français à se faire vacciner, soit s'ils ne l'ont pas encore fait du tout, soit s'ils font partie des personnes éligibles depuis septembre à une dose de rappel, ce qui comprend notamment les plus de 65 ans.

"Il ne faut vraiment pas être passif là-dessus", insiste M. Fontanet.

La situation de la France continue à contraster avec d'autres pays européens où l'épidémie est en pleine reprise, notamment dans l'Est où la vaccination est moins avancée, mais aussi au Royaume-Uni qui a levé cet été quasiment toutes les restrictions.

Même s'il reste à voir à quel point le système de santé britannique va souffrir de la reprise des infections. Plusieurs chercheurs voient la situation locale comme un avertissement à ne pas se laisser aller à un relâchement.

Il faut "ne pas relâcher totalement les gestes barrières et les précautions comme le pass sanitaire pour l'instant", juge auprès de l'AFP Jean-Claude Manuguerra, virologue à l'institut Pasteur. "C'est ce qui s'est passé en Grande-Bretagne et c'est probablement ce qui n'aide pas la situation du tout."

Le gouvernement français est sur la même ligne et ne cache pas qu'il est très improbable de lever prochainement l'obligation de présenter ce pass délivré aux personnes totalement vaccinées ou testées négativement pour pénétrer dans une vaste gamme de lieux parmi lesquels restaurants et cinémas.

"Le moment n'est pas venu d'ôter des outils qui nous protègent alors qu'on voit que le virus ne baisse plus", a prévenu M. Véran, alors que les députés viennent d'ouvrir la voie à une extension du pass au-delà de la date butoir initialement prévue mi-novembre.

Le ministre a aussi jugé qu'il n'était pas "illogique" de conditionner le pass à une dose de rappel chez les personnes censées en bénéficier.

le Vendredi 22 Octobre 2021 à 06:51 | Lu 387 fois