"Course contre la montre" après l'effondrement de deux immeubles à Marseille


Marseille, France | AFP | lundi 05/11/2018 - Débris après débris, les secours ont commencé à rechercher d'éventuelles victimes sous les décombres de deux immeubles vétustes qui se sont effondrés lundi en plein centre de Marseille, faisant au moins deux blessés légers parmi des passants.

"Ce qui compte c'est qu'on trouve le moins de morts possible, mais nous pensons qu'il y en aura", a prévenu sur place le maire LR de Marseille, Jean-Claude Gaudin.
Les sauveteurs "travaillent d'arrache-pied pour savoir si des individus sont coincés" sous les décombres, dans des "poches de survie où ils auraient pu se réfugier", a ajouté, à ses côtés, le ministre du Logement Julien Denormandie.
Pour cette "course contre la montre", comme l'a qualifiée le ministre, près de 100 marins-pompiers et 33 véhicules ont été déployés, dans une rue commerçante du quartier populaire de Noailles, à deux pas du Vieux-Port et de la Canebière.
Sur le monticule de gravats blanchâtres qui obstrue la moitié de la voie, des marins-pompiers, casque de protection sur le crâne, fouillent les décombres de ces deux bâtiments de quatre et cinq étages. Opération très délicate: les sauveteurs craignent l'effondrement d'un troisième immeuble, très fragilisé, sur la zone de recherches.
Par intermittence, des chiens inspectent les restes des immeubles effondrés, à la recherche d'une trace de vie, et un drone s'est élevé pour une meilleure reconnaissance de la zone. Des voitures ont également été ensevelies.
  - "On l'a entendu crier" -  
Les deux immeubles effondrés étaient situés aux numéros 63 et 65 de la rue d'Aubagne, dans ce quartier défavorisé du centre-ville qui compte de nombreux immeubles dégradés voire insalubres.
L'un des deux bâtiments (le 63) était "fermé et muré", selon la mairie. La municipalité l'avait racheté après avoir pris un arrêté de péril en 2008. Cependant, l'immeuble était "entièrement sécurisé", a martelé l'adjointe au maire chargée du logement, Arlette Fructus.
Dans l'autre immeuble, 9 appartements sur 12 étaient en revanche habités, selon les pompiers. En copropriété, il avait fait l'objet le 18 octobre "d'une expertise des services compétents qui avait donné lieu à la réalisation de travaux de confortement permettant la réintégration des occupants", selon un communiqué de la mairie.
Plusieurs témoins ont confirmé à l'AFP la présence possible de personnes dans les bâtiments au moment de l'effondrement. Dans un centre d'accueil ouvert pour les habitants, Michael, un jeune homme qui vit dans la rue d'Aubagne, a assuré voir "tous les jours des gens sortir des immeubles, des squatteurs, des sans-papiers".
"Au premier étage de cet immeuble (au 65), il y avait cette dame comorienne. Comme tous les matins, elle avait accompagné ses deux enfants à l'école et elle est revenue peu de temps avant l'explosion. On l'a entendu crier. Elle est retournée pour mourir", a quant à lui assuré Nacer Sellani, gérant d'une boutique située en face.
Selon lui, deux autres hommes étaient dans l'immeuble au même moment, "venus voir un des locataires de l'immeuble". Une caméra de surveillance a également filmé deux passants devant l'immeuble un instant avant l'effondrement.
  - Fortes pluies -  
"Il y avait beaucoup de passants dans la rue à cette heure-là dans le quartier", a témoigné Ludovic, 26 ans, qui habite en face. 
Propriétaire d'un appartement au premier étage de l'immeuble en copropriété, Alexis Bonetto a quant à lui affirmé que "des travaux étaient prévus cette semaine": "C'était un immeuble ancien, construit il y a 200 ans, mais pas insalubre. Il avait été remis aux normes".
Une enquête a été confiée à la police judiciaire, qui doit notamment déterminer l'origine de la catastrophe. Selon la mairie, "ce dramatique accident pourrait être dû aux fortes pluies qui se sont abattues sur Marseille ces derniers jours".
Mais plusieurs représentants de l'opposition ont pour leur part rappelé l'ampleur du problème du logement indigne à Marseille, notamment dans le centre. "Derrière la carte postale idyllique on mesure une fois de trop les échecs de la politique de l'habitat et du centre-ville", a déclaré la sénatrice PS Samia Ghali.
La cité phocéenne est particulièrement concernée : selon un rapport remis au gouvernement en 2015, le logement indigne menace la santé ou la sécurité de "quelque 100.000 habitants" de Marseille.

le Lundi 5 Novembre 2018 à 07:04 | Lu 501 fois