Coronavirus: l'armée française au défi de continuer ses missions


Paris, France | AFP | mercredi 11/03/2020 -Se protéger tout en continuant à assurer ses missions de défense: telle est l'équation complexe que s'efforce de résoudre l'armée, alors que la France figure parmi les pays les plus touchés par l'épidémie de coronavirus.

Les personnels du ministère des Armées ont été parmi les premiers à être contaminés, avec l'apparition de plusieurs cas en février sur la base aérienne militaire de Creil, dans l'Oise, principal foyer de propagation du Covid-19 en France.
Au total, 16 personnes travaillant sur cette base ont été testées positives, et deux d'entre eux sont hospitalisées, néanmoins "les chiffres ne bougent plus", a appris l'AFP de source proche du dossier.
Mais en France, l'épidémie continue de progresser, avec un dernier bilan mardi de 33 décès (contre 25 lundi) sur 1.784 cas confirmés. Et "nous sommes au tout début de cette épidémie", a prévenu Emmanuel Macron.
Fort de 270.000 employés civils et militaires, le ministère des Armées s'organise pour prévenir autant que possible les contaminations de ses personnels, éviter de perturber l'indispensable cycle de recrutement et préserver la continuité des missions-clés: dissuasion nucléaire, opérations extérieures, service de santé, opération Sentinelle sur le territoire national...
S'inspirant des plans gouvernementaux élaborés pendant la pandémie grippale de 2013 ou de H1N1 en 2009, les armées françaises ont établi plusieurs "plans de continuité d'activité (PCA), dont la dureté varie en fonction de la situation", explique-t-on au cabinet de la ministre Florence Parly.
En cas de risque accru de dissémination de la contagion dans un service ou sur une base, "le principe est de fonctionner avec deux équipes: on met une équipe B +au vert+, en télétravail par exemple, avec un risque de contamination bien moins important. Si l'équipe A commence à être contaminée, on la met en quarantaine et on rappelle l'équipe B", explique l'entourage de la ministre.
C'est ce qui s'est passé sur le site de Creil: la base militaire, qui accueille notamment la Direction du renseignement militaire (DRM), fonctionne actuellement avec 50% de ses effectifs habituels et les activités sportives et les réunions collectives ont été suspendues, ainsi que les déplacements entre la base et d'autres implantations du ministère. 
  -Opérations extérieures sous surveillance -  
Pour préserver la mission de dissuasion nucléaire, "clé de voûte" de la stratégie de défense française, des "procédures rôdées" tenues secrètes sont "déjà mises en oeuvre", "le but étant d'injecter dans les missions, en particulier dans les sous-marins, des gens dont on est sûrs qu'ils ne vont pas faillir", fait-on valoir au sein du ministère.
Par précaution, la Marine a annulé la visite prévue jeudi d'une délégation de l'OTAN sur la très sensible base de l'Ile-Longue, où sont stationnés les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE), selon son porte-parole, confirmant des informations du journal Le Monde.
Sur le plan des opérations extérieures (Opex), qui mobilisent plus de 30.000 militaires français, l'apparition du virus n'a jusqu'ici pas perturbé les rotations de personnels vers le Sahel, l'Irak, le Liban et les pays où la France assure des missions permanentes.
"Les rotations majeures sur les théâtres extérieurs étaient déjà accomplies à 70% quand on a mis en place les protocoles avec l'apparition des premiers cas", fait-on valoir au cabinet de Mme Parly.
Les personnels qui restaient à déployer "ont été massivement soumis à des questionnaires et des prises de température avant leur départ en avion, pour vérifier qu'il n'y ait pas de gens symptomatiques", commente un haut gradé.
Sur tous les lieux d'opérations extérieures, le service de santé des Armées (SSA) est en train de déployer des "kits de tests" qui permettront de tester les personnels montrant des symptômes.
"En Opex, pour l'instant nous n'avons pas de cas", mais en cas de soupçon, "on apppliquera le protocole isolement, recherche du cas contact, test... pour que cela ne se répande pas parmi les personnels déployés", ajoute cette source. La question des prochaines rotations de personnels, prévues en avril, est à l'étude.
Plus largement, un "plateau international" regroupant l'ensemble des acteurs du ministère concernés (coopération militaire, attachés de défense, exercices...) a récemment été monté pour analyser l'état des relations avec les différents pays: arrêt ou non des coopérations militaires, quarantaines à l'arrivée comme dans le cas d'Israël...
Le ministère français s'attend déjà à devoir "protocoliser l'escale des bateaux, pour montrer patte blanche". 

le Mercredi 11 Mars 2020 à 06:57 | Lu 480 fois