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Coronavirus : Des mesures pour rassurer


Tahiti, le 28 janvier 2020 - Le gouvernement, réuni hier en conseil des ministres extraordinaire, a pris cinq mesures pour “éviter l’entrée du coronavirus en Polynésie”. Des mesures préventives qui se veulent rassurantes pour la population gagnée par la psychose. Le vice-président, Teva Rohfritsch, assure qu’en fonction de l’évolution du virus, le gouvernement pourra “prendre d’autres mesures dans les jours à venir”. 

Le coronavirus a fait 106 morts en Chine. Il a aussi gagné les pays frontaliers, ainsi que l’Europe et les États-Unis. Plus de 4 500 personnes ont été infectées, dont quatre en France. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs revu son évaluation de la menace à l’international, la rehaussant de “modérée” à “élevée”. Au regard de cette évolution, le vice-président Rohfritsch a convoqué un conseil des ministres extraordinaire. A son issue, cinq mesures “pour éviter l’entrée du coronavirus en Polynésie française”, ont été annoncées.

Une caméra thermique… à l’utilité contestée

La première mesure prise est la mise en place d’une caméra thermique à l’aéroport de Tahiti-Faa’a. Ce dispositif permet de s’assurer qu’aucun voyageur débarquant à Tahiti n’est fiévreux. Le week-end dernier, le ministre de la Santé, Jacques Reynal avait en effet assuré que le Pays possédait une de ces caméras, mais que son utilisation n’était alors “pas encore justifiée”. Selon lui, c’est le cas aujourd’hui pour prévenir l’entrée du virus au fenua. Son utilité est cependant contestée car les personnes infectées par le virus ne présentent pas de symptômes fiévreux durant l’incubation. Soit une période qui peut aller jusqu'à 14 jours. La ministre française de la Santé a elle-même précisé que “tous les experts s’accordent à dire que c’est une fausse sécurité. C’est un symbole qui ne sert à rien, à part faire plaisir à la population.”

​Des masques proposés en zone aéroportuaire

Les deux mesures suivantes concernent les entreprises de la plateforme aéroportuaire et du port de Papeete. Les entreprises sont tenues de “fournir à leurs employés qui en font la demande, des moyens de protection individuels de prévention contre la propagation du virus”. Quant aux voyageurs entrant en Polynésie française, ceux qui le souhaitent ou “qui présentent une faiblesse physique apparente ou des symptômes grippaux” pourront eux aussi recevoir des moyens de protection individuels comme des masques. Cependant, le ministère français de la Santé explique sur son site que “le port de ce type de masque par la population non malade afin d’éviter d’attraper la maladie ne fait pas partie des mesures barrières recommandées et son efficacité n’est pas démontrée.”

​Des contrôles médicaux obligatoires

La quatrième mesure concerne les voyageurs en provenance d’Asie, qui souhaitent embarquer depuis la Nouvelle-Zélande ou le Japon à destination du fenua. Ils sont tenus de présenter une attestation médicale de moins de 15 jours. Ce document devra attester de l’absence de “signes d’infestation viral”. Le gouvernement précise qu’en “l’absence d’attestation, il est demandé aux compagnies aériennes de refuser l’embarquement des voyageurs concernés”. Deux compagnies sont concernées par cette mesure : Air Tahiti Nui et Air New Zealand. Le vice-président, Teva Rohfritsch, qui représente les intérêts du Pays dans le conseil d’administration de la compagnie au Tiare, a fortement insisté sur sa coopération. Quant à Air New Zealand, elle est dans l’attente d’informations concernant la suite à donner à la demande du Pays. Selon la ministre du Tourisme et du Travail, Nicole Bouteau, “les compagnies aériennes comprennent et collaboreront sans hésitation”.
La dernière mesure concerne toujours les voyageurs, et plus particulièrement ceux qui arrivent en jets privés. Ces derniers feront obligatoirement “l’objet d’un contrôle médical par les services compétents du Pays à leur arrivée en Polynésie française”. Quant aux quelque 300 voyageurs chinois déjà présents sur le territoire, pour la plupart hébergés à Bora Bora, ils seront eux aussi “soumis à un contrôle médical sur place, à la charge de la Polynésie française et des services du Pays”. Une opération qui se fera “dans le respect de la dignité de chacun” selon le vice-président.

​Les permis de travail et de séjour chinois suspendus

En ce qui concerne le secteur du travail, Nicole Bouteau annonce “une décision forte”. Pour toute demande de permis de séjour et de travail de ressortissants chinois, la réponse du Pays sera défavorable. Cette mesure est effective immédiatement, et ce “jusqu’à nouvel ordre”.
En parallèle, Teva Rohfritsch appelle la population “à garder son calme”, et assure que “ces mesures sont prises à titre préventif”. Mais le gouvernement assure qu’il “pourra prendre d’autres mesures” en fonction de l’évolution du virus.

La Polynésie en pleine psychose

Au fenua, les réactions sont vives. En l'espace de quelques semaines, le coronavirus est devenu un sujet d'angoisse pour la population. A tel point qu'une rumeur selon laquelle un cas avait été diagnostiqué et placé sous quarantaine à l'hôpital du Taaone a éclaté le week-end dernier. Elle a aussitôt été démentie par le ministre de la Santé, Jacques Raynal.
Le port du masque chirurgical alimente la psychose qui sévit au fenua. Teva Rohfritsch prévient la population : “Il s'agit d'une habitude des personnes venant d'Asie. Si elles portent un masque, ce n'est pas un signe d'infection. Il peut juste s'agir d'un rhume qu'elles ne souhaitent pas vous transmettre.”

le Mardi 28 Janvier 2020 à 18:40 | Lu 3676 fois