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Conflit en Ukraine: Kiev pour des "négociations directes" avec Moscou


GENYA SAVILOV / AFP
GENYA SAVILOV / AFP
Kiev, Ukraine | AFP | mercredi 01/12/2021 - Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé mercredi à des "négociations directes" avec la Russie pour mettre fin au conflit dans l'Est de son pays, en plein pic de tensions avec Moscou que Kiev accuse de préparer une invasion.

Kiev et les Occidentaux s'inquiètent depuis des semaines du renforcement du potentiel militaire russe aux frontières ukrainiennes. Si Moscou dément toute velléité belliqueuse, les autorités ukrainiennes ont dit craindre une invasion imminente et appelé leurs alliés à dissuader le Kremlin.

C'est dans ce climat très tendu que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken rencontrera jeudi à Stockholm son homologue russe Sergueï Lavrov, a annoncé mercredi un responsable américain.

L'Est de l'Ukraine est le théâtre d'une guerre entre Kiev et des séparatistes prorusses qui a éclaté en 2014 après l'annexion de la Crimée par Moscou. Ce conflit a déjà fait plus de 13.000 morts.

"Nous ne pourrons pas arrêter la guerre sans négociations directes avec la Russie", a souligné mercredi M. Zelensky, ajoutant qu'il n'avait "pas peur d'une conversation directe" avec le président russe Vladimir Poutine.

Mais Moscou, qui dément tout soutien aux séparatistes prorusses en Ukraine, a semblé rejeter cette invitation mercredi.

Il s'agit d'une "guerre civile" qui "ne peut être stoppée que par des négociations entre Ukrainiens", a dit à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, interrogé au sujet des déclarations de M. Zelensky.

Mesures "dissuasives" 

L'appel de Kiev au dialogue intervient alors que, sur le terrain, le face-à-face est tendu.

L'Ukraine accuse ainsi la Russie d'avoir massé plusieurs dizaines de milliers de soldats et des armes lourdes à ses frontières, y voyant les préparatifs d'une possible invasion.

Lors d'une réunion de l'Otan mercredi à Riga, en Lettonie, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a demandé un "paquet de dissuasion" contre Moscou.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a de son côté estimé qu'il fallait rendre "clair que toute agression contre l'Ukraine serait suivie d'une réponse ferme".

M. Zelensky a néanmoins affiché sa confiance mercredi dans les capacités de l'Ukraine à faire face à une éventuelle attaque, affirmant que son pays avait l'armée "la meilleure au monde".

Signe que les tensions continuent, Moscou a à son tour accusé mercredi l'Ukraine de "renforcer ses capacités militaires, en faisant venir des équipements lourds et du personnel" dans l'Est du pays.

Kiev y a déployé 125.000 soldats, soit "la moitié des forces armées ukrainiennes", a assuré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

"L'Ukraine ne prévoit aucune offensive militaire dans le Donbass (Est de l'Ukraine). Nous nous consacrons à la recherche d'une solution politique et diplomatique du conflit", avait assuré lundi M. Kouleba. 

"Politique destructrice" 

Au-delà de Kiev, M. Lavrov a fustigé mercredi la "politique destructrice" des pays de l'Otan qui "cherchent à attirer l'Ukraine dans leur orbite et à la transformer en pays antirusse".

Moscou reproche notamment aux alliés de Kiev de lui avoir fourni des armes, notamment des drones de combat, et d'avoir mené récemment des manoeuvres militaires en mer Noire.

M. Lavrov a averti que Moscou "continuera de répondre à toute démarche inamicale".

Mardi, M. Lavrov avait dénoncé la "menace directe" que représente selon lui l'Ukraine, disant craindre que les autorités de Kiev ne se lancent dans une "aventure militaire" dans l'Est.

Au milieu de ces bruits de bottes, le président Poutine a assuré mardi qu'il était nécessaire de "raccommoder les liens" avec Kiev, afin que "personne ne se sente menacé".

L'actuel pic de tensions rappelle une crise précédente en avril, lorsque la Russie avait déployé des dizaines de milliers de soldats aux frontières ukrainiennes pour des "exercices militaires", en réponse à des activités "menaçantes" de l'Otan.

Après des semaines de tensions, Moscou avait finalement annoncé le rappel de ses troupes, affirmation contestée par Kiev.

le Mercredi 1 Décembre 2021 à 05:40 | Lu 149 fois