Communiqué de la Présidence: "Grève des agents communaux: Des débordements condamnables"


Une manifestation s’est déroulée ce matin devant le Haut-commissariat. Chacun est en droit de mettre à profit la liberté constitutionnelle de manifester pour faire valoir ses intérêts catégoriels ou ses opinions. Cependant, l’exercice de toute liberté s’inscrit dans des limites légales et celles du respect des institutions et des personnes. Il y a été porté atteinte ce matin et d’une manière qui appelle une réaction.

Comment admettre sans réagir que soit bloqué le Haut-commissariat à l’heure où le représentant de l’Etat, ceux du gouvernement et les élus de la commune chef-lieu doivent se rendre au monument aux morts afin de commémorer la fin de la guerre d’Algérie et de saluer la mémoire de toutes les victimes de ce douloureux conflit ? Le respect des morts, quels qu’ils soient, et, tout particulièrement de ceux qui ont donné leur vie au service de la patrie, aurait du commander d’éviter toute interférence entre manifestation corporatiste et cérémonie publique du Souvenir.

Comment admettre les cris hostiles et manifestations physiques de violence à l’encontre des agents de l’Etat ? Comment admettre que soit conspué le premier d’entre eux, le Haut-commissaire Lionel Beffre, homme de bien, à l’écoute des Polynésiens et toujours disposé à rechercher les voies et moyens propres à assurer à nos collectivités et à nos populations le soutien de l’Etat et le bénéfice de la solidarité nationale.

Inadmissible est cette pancarte qu’un manifestant, apparemment fier de lui-même, arborait autour du cou avec l’inscription : « BREF (NDLR : pour Beffre) RENTRE CHEZ TOI » Ainsi le Haut-commissaire de la République ne serait pas « chez lui » en Polynésie française ! Il l’est, tous comme sont « chez eux », en métropole, les deux mille étudiants originaires de la Polynésie française. Bien plus qu’une indigne offense à l’encontre d’un haut fonctionnaire dévoué à sa tâche et à notre Pays, ce « Rentre chez toi » est une attaque raciste qui, à ce titre, est moralement intolérable. N’est-elle pas passible, par ailleurs, de sanctions pénales ? Laissera-t-on semblables manifestations publiques prospérer comme ce fut le cas en 2004 ? Le nationalisme est une drogue dangereuse. Quand il se double de racisme, il devient vite meurtrier.
Bien entendu, l’arrière-plan politique ne fait pas de doute. Ce racisme est le fond de commerce de ceux qui ont perdu toutes les dernières élections. Le drapeau de l’ONU présent ce matin lors de la manifestation n’est-il pas devenu le signe de ralliement du Tavini Huiraatira ? On peut donc s’interroger de savoir si c’était une manifestation syndicale ou au contraire un mouvement politique dont l’objectif est de susciter le trouble et la crainte chez les électeurs à quelques jours du premier tour, afin de les dissuader d’aller voter ? N’avons nous pas déjà connu ce genre de procédé dans un passé que chacun croyait révolu ?

Quant aux prolongements de la revendication catégorielle, opportunément réactivée alors que le problème statutaire est vieux de plusieurs années, s’ils consistent à intimider l’électeur et à le dissuader d’aller voter ou à empêcher la tenue des élections, ils constitueraient une atteinte grave aux libertés publiques essentielles.

Le gouvernement de la Polynésie française appelle les agents communaux à ne pas se laisser piéger par le Tavini Huiraatira et à se laisser entraîner dans des errements qui les déconsidèreraient et porteraient inévitablement atteinte à leurs intérêts.


Rédigé par () le Mercredi 19 Mars 2014 à 21:44 | Lu 297 fois