Cinq ans ferme pour le chauffard qui avait tué une femme de 26 ans sur la RDO


Tahiti, le 13 novembre 2025 – Le 11 novembre 2022, une jeune femme de 26 ans perdait la vie après avoir été percutée par un chauffard complètement ivre. Déjà condamné à six reprises pour conduite sous l'empire d'un état alcoolique et sous sursis probatoire lors des faits, l'homme a été condamné vendredi à cinq ans de prison ferme pour homicide involontaire.
 
Quasiment trois ans jour pour jour après qu'une femme de 26 ans a perdu la vie dans un violent accident survenu à l'entrée de la RDO à Papeete, le conducteur du véhicule qui l'avait percutée a été jugé par le tribunal correctionnel vendredi en présence de la famille de la victime venue de métropole pour assister à l'audience.
 
Les faits s'étaient déroulés le 11 novembre 2022 vers deux heures du matin. Alors qu'il conduisait un SUV avec un taux de 2,97 grammes d'alcool, le prévenu avait percuté le scooter sur lequel circulaient la jeune femme et son compagnon. Il avait continué sa course folle en percutant un autre véhicule dans lequel circulaient deux dames qui avaient été projetées sur le terre-plein. Si ces deux dernières s'en étaient miraculeusement sorties indemnes, la passagère du scooter était décédée sur les lieux de l'accident des suites d'un polytraumatisme. Blessé, son compagnon s'était quant à lui vu prescrire 45 jours d'incapacité totale de travail.
 
Placé sous contrôle judiciaire après avoir effectué 14 mois de détention provisoire, le conducteur du SUV a donc comparu libre vendredi. A la barre, cet homme déjà condamné à six reprises pour conduite sous l'empire d'un état alcoolique et sous sursis probatoire lors de l'accident, a expliqué qu'avant de prendre le volant ce soir-là, il avait fait une chute et s'était blessé à la tête. Il a indiqué qu'il n'avait pas souvenir de la vitesse à laquelle il roulait. Les automobilistes qui avaient croisé sa route avant le drame avaient pourtant assuré que sa voiture faisait des « embardées » et qu'elle roulait à vive allure. La présidente du tribunal a ensuite diffusé les photos des véhicules qui attestent de l'extrême violence du choc avec un scooter complètement disloqué. La victime avait d'ailleurs été retrouvée à 30 mètres du point de choc.
 
Une jeune femme « solaire »
 
Alors que la famille de la jeune femme, très digne durant cette audience éprouvante, n'a pas souhaité prendre la parole à la barre, la présidente du tribunal a lu l'enquête de personnalité faite à son sujet. Lors des faits, cela faisait quelques mois qu'elle venait d'arriver en Polynésie où elle avait commencé une nouvelle vie avec un jeune homme rencontré ici. Elle s'appelait Clémence et son entourage la décrit comme une jeune femme « vivante », « agréable » et « dynamique », un « rayon de soleil ».
 
Lors de sa plaidoirie, l'avocat des parties civiles, Me Thierry Jacquet a lui aussi évoqué une « personne solaire » qui a été la victime d'un drame annoncé au regard du comportement du prévenu. L'avocat du compagnon de Clémence, Me Heivarau Taiarui, a pour sa part insisté sur le casier judiciaire du prévenu en rappelant qu'il avait fallu attendre un mort pour que ce dernier arrête de boire de l'alcool.
 
Prenant la parole pour requérir, le procureur de la République a déploré un « dossier de drame de la route toujours catastrophique pour les victimes » en affirmant que ce qui « choque en premier lieu », c'est le « casier judiciaire du prévenu ». Avant de requérir cinq ans de prison dont deux avec sursis probatoire pendant trois ans assortis d'un mandat de dépôt, il s'est adressé à la famille de la victime en rappelant qu'il savait qu'un tel drame "ne se répare pas"  par une peine d'emprisonnement.
 
« Malade de l'alcool »
 
Ayant la lourde tâche de défendre le prévenu, Me Sylvain Fromaigeat a entamé sa plaidoirie en rappelant que « tout le monde peut et doit être défendu ». «  Je vais dire des choses qui vont peut-être offusquer et je m'en excuse par avance ». « Il n'a jamais eu la volonté de faire du mal à qui que ce soit. Manifestement, c'est un alcoolique, il est malade de l'alcool » a-t-il assuré avant d'en venir au partage de responsabilité puisque le conducteur du deux-roues, qui avait bu, a « commis un délit qui n'a pas été retenu par la justice ». Quant à Clémence, elle avait « commis l'imprudence d'accepter d'être sa passagère alors qu'il n'était pas en état de conduire ».
 
Après en avoir délibéré, le tribunal est allé bien au-delà des réquisitions du parquet en condamnant le trentenaire à cinq ans de prison assortis d'un mandat de dépôt. Il encourait une peine maximale de sept ans de prison ferme. 

Rédigé par Garance Colbert le Samedi 15 Novembre 2025 à 07:42 | Lu 3661 fois