Cinq ans d'inéligibilité requis en appel contre Cyril Tetuanui


Tahiti, le 21 août 2025 – Deux ans de prison dont un avec sursis assortis de cinq ans d’inéligibilité ont été requis jeudi lors du procès en appel du maire de Tumara'a, Cyril Tetuanui, dans le cadre de l'affaire de détournement de fonds portant sur le bétonnage de 13 servitudes de la commune. La cour d'appel rendra sa décision le 4 septembre.

 
Le procès du maire du Tumara'a et président du syndicat pour la promotion des communes (SPC-PF), Cyril Tetuanui, s'est ouvert jeudi matin devant la cour d'appel de Papeete. L'élu comparaissait pour répondre de détournement de fonds publics, d'escroquerie, de faux et usage de faux dans le cadre de l'affaire portant sur le bétonnage de 13 servitudes à Raiatea. Dossier qui lui avait valu une peine de six mois de prison avec sursis et une amende de trois millions de francs en première instance.

 
L'affaire avait été mise au jour suite à un rapport de la Chambre territoriale des comptes portant sur la gestion de Tumara'a et notamment sur une convention signée entre la commune et le Pays pour bétonner 13 servitudes pour un montant total de 36 millions de francs dont 80 % payés par la Polynésie. Dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet, les gendarmes de la section de recherches avaient établi l'existence d'un “différentiel important” de 16 millions de francs issu d'une subvention obtenue sur la base de fausses factures et de faux bons de commande. Ils avaient également découvert que le tāvana avait signé la fin des travaux alors que seules six des 13 servitudes avaient été bétonnées.

 
Un maire très “présent”

 
Tout comme il l'avait fait lors de son procès en première instance, Cyril Tetuanui a expliqué jeudi à la barre de la cour d'appel qu'il avait toujours “délégué” et que dans le cadre de cette affaire, “on a posé ça sur mon bureau et j'ai signé”. L'élu, déjà condamné à deux reprises, a également affirmé qu'il avait “toujours respecté la justice”. Son coprévenu, le dirigeant d'une SARL du BTP auquel il était reproché d'avoir émis de fausses factures, a, pour sa part, affirmé que ces documents n'étaient pas faux “puisqu'ils correspondaient à la réalité du marché”.

 
Malgré les dénégations de Cyril Tetuanui, l'avocat général a assuré lors de ses réquisitions que ce dernier était un maire très “présent” dans sa commune et un élu faisant preuve d'une certaine “autorité”. Balayant les arguments selon lesquels le tāvana aurait ignoré que les travaux de bétonnage n'étaient pas terminés, le représentant du ministère public a requis deux ans de prison dont un avec sursis probatoire pendant trois ans ainsi que cinq ans d’inéligibilité.

 
Pour la défense de Cyril Tetuanui, Me Robin Quinquis a assuré que son client n'était “pas à la manœuvre” et qu'il y a “matière à une relaxe” dans cette affaire. Il a ensuite demandé à la cour, si elle décidait de condamner son client, d'“écarter la peine d’inéligibilité” car le maire de Tumara'a est un “élu de premier plan”, le “thuriféraire des communes en Polynésie” et qu'il n'y a pas eu d'enrichissement personnel dans ce dossier. La cour d'appel rendra sa décision le 4 septembre.


Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 21 Aout 2025 à 15:18 | Lu 2600 fois