"Charlie Hebdo" : à Tahiti, l’indignation après le choc


A Tahiti, place Tarahoi, près de 500 personnes ont manifesté en silence leur indignation après l'attentat perpétré mercredi matin dans la rédaction de Charlie Hebdo à Paris.
PAPEETE, 7 janvier 2015 – Une profonde indignation s’est exprimée dès mercredi matin à Tahiti pour dénoncer l’attentat meurtrier contre la rédaction de Charlie Hebdo. Une manifestation populaire organisée dans la journée a réuni près de 500 personnes, place Tarahoi en fin d'après-midi.

"Triste", résume simplement un des multiples commentaires postés sur le mur Facebook de Tahiti infos. C’est probablement la pire attaque terroriste que doit subir la France depuis 1961 : l’assaut meurtrier des locaux du journal satirique Charlie Hebdo, mercredi matin en plein cœur de Paris, provoque une grande émotion dans notre collectivité. Sur les réseaux sociaux, dans la société civile, dans le monde politique, après le choc l’indignation s’exprime de façon unanime à Tahiti.

En milieu de matinée, via le réseau Facebook, un appel au rassemblement est lancé pour le soir même, 17h30 place Tarahoi : "venons nous recueillir silencieusement avec des affichettes ou des pancartes JE SUIS CHARLIE pour que Papeete, comme les autres villes du pays, montre sa solidarité et son unité contre la barbarie, l'atteinte à la liberté d'expression et à la démocratie...". Et, de suite, les promesses de participation vont abonder pour atteindre plus d’un millier en milieu d’après midi. Le soir vers 18 heures près de 500 personnes ont manifesté en silence, à Tarahoi.

Vers 10 heures, nous avons pu joindre le Président de la Polynésie française à Tubuai, peu avant son embarquement pour Rapa, aux îles Australes, où l’exécutif polynésien effectue une tournée gouvernementale d’une semaine à compter de mercredi. Edouard Fritch s’est déclaré "profondément atteint" par cet "acte de barbarie et exprime de la compassion envers les victimes et leurs proches" : "C’est attristant de voir des choses pareilles", nous a-t-il dit en qualifiant cet attentat de "règlement de compte ignoble" de "contestation grave de la liberté de la presse". Il affirme "aux autorités de l’Etat toute notre solidarité dans la lutte contre cette forme de terrorisme".

Egalement joint dans la matinée, le président de l’Assemblée de Polynésie française affirme qu'il "condamne l’immense disproportion entre d’une part des gens qui utilisent des caricatures pour exprimer un point de vue et de l’autre des terroristes qui les expriment avec des armes". Mais Marcel Tuihani lance un message citoyen invitant à "rester prudent" : "Il ne faut pas pointer du doigt la communauté musulmane : il s’agit-là d’un acte terroriste".

Le leader souverainiste Oscar Temaru "condamne cet attentat" également, en affirmant avec force mercredi matin un principe humaniste : "personne n’a le droit de retirer la vie à qui que ce soit !".

Teva Rohfritsch, le président du groupe autonomiste d’opposition A Ti’a Porinetia, exprime quant à lui une grande "stupéfaction" devant un acte qu’il juge "inqualifiable" : "On ne peut pas tuer des gens pour leurs idées", s’indigne le leader d’ATP. "La République doit réagir avec fermeté et punir ceux qui tuent au nom de la religion". Il estime en outre qu’ "en Polynésie cela doit nous inciter à réfléchir au modèle de société que nous souhaitons pour l’avenir".

Avec sobriété républicaine, mercredi matin, le Haut-commissariat a ordonné le l’observation en Polynésie française d’une consigne nationale appelant à la mise en berne du drapeau tricolore sur les édifices publics.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 7 Janvier 2015 à 17:50 | Lu 94359 fois