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Carnet de voyage à Fakarava : dans les tièdes mares à kopara


Une très belle mare à kopara, comme on en voit dans tous les atolls des Tuamotu. À Fakarava, elles sont souvent vastes, pures et profondes de plus de deux mètres. Idéal pour nager.
Une très belle mare à kopara, comme on en voit dans tous les atolls des Tuamotu. À Fakarava, elles sont souvent vastes, pures et profondes de plus de deux mètres. Idéal pour nager.
FAKARAVA, le 29 janvier 2016. Vous connaissez tout des atolls ? Lagons turquoise, coraux, poissons, requins, récifs, cocoteraies ? Tahiti Infos vous guide aujourd’hui dans les piscines les plus originales de la Polynésie française, les mares à kopara.

Pour profiter de belles mares à kopara, il faut d’abord trouver un atoll vaste et propre. Fakarava a les dimensions qui conviennent. Son lagon est extraordinaire, il est classé comme réserve de la biosphère et à ce titre, il permet au visiteur de découvrir une faune et une flore exceptionnelles. Mais aujourd’hui, c’est du côté terre que nous allons nous tourner ; la longue bande corallienne émergée des atolls recouvre, en effet, une lentille d’eau douce (saumâtre à dire vrai) qui, par endroits, forme de larges lacs jaunes à brun noir. Inquiétants paysages ? En apparence seulement.
Ces affleurements d’eau douce, généralement pas très profonds, sont en effet assez peu engageants. Vous en verrez sur tous les atolls, mais à Fakarava, il s’en trouve quelques-uns suffisamment vastes pour se prêter à la baignade et donc à une véritable exploration.

Des poissons mystérieux

Première surprise quand on se glisse dans ces eaux en apparence mortes, leur chaleur : entre 32 et 37°, parfois même un peu plus. Seconde surprise, l’aspect fantomatique de tout ce qui se trouve dans la mare, recouvert de drapés que l’on dirait tout droit sortis d’un film fantastique. La mare à kopara est un univers clos, où la vie paraît retenir son souffle.

La troisième surprise qui s’y cache, une torpille vif-argent, est le fameux chanos chanos (on prononce scanos scanos), le poisson-lait, un animal quasiment légendaire tant son comportement est extraordinaire : lorsque les eaux de l’océan sont en furie, lorsque la mer pénètre dans les cocoteraies et inonde les atolls en se confondant avec leur lagon, le chanos chanos suit les flots, quitte l’océan et s’aventure crânement “à terre”.

Plutôt que de repartir vers le large, via les passes après la tempête, le chanos chanos préfère, apparemment, se laisser piéger dans les mares qui se forment et perdurent après l’inondation. Son instinct lui fait éviter celles qui finissent par s’assécher ; c’est dans celles qui demeurent toujours en eaux qu’il se réfugie, car celles-ci sont en contact direct avec la lentille d’eau saumâtre de l’atoll et cela, le poisson le sait.

Prisonniers volontaires

Évidemment, les petits lacs peu profonds, en plein soleil toute la journée, se réchauffent très vite. L’oxygène y devient rare et tous les poissons “normalement constitués” finissent par disparaître, ventre en l’air ; tous, sauf les increvables chanos chanos, qui dépassent parfois un mètre de longueur. Ils peuvent ainsi rester prisonniers de ce bain-marie pendant un, deux ou trois ans, attendant la prochaine forte tempête ou dépression pour retrouver le grand bleu et les eaux océaniques. Comportement énigmatique et même ahurissant. Au moins échappent-ils à tout prédateur pendant leur captivité volontaire…

De quoi se nourrissent-ils ? De ce fameux kopara. Scientifiquement, ce mot a été emprunté à la langue paumotu ; kopara désigne les mattes microbiennes qui s’accumulent dans les mares d’eau saumâtre des atolls. Il s’agit de micro algues, de cyanobactéries et de bactéries (elles soigneraient les brûlures du corail de feu).

Nourriture abondante, mais peu variée, absence d’oxygène, le chanos chanos accepte de vivre dans un véritable univers concentrationnaire, sans que l’on s’explique très bien la raison de ce choix (si c’en est un).

Bien sûr, sur un atoll comme Fakarava, filez à Te Tamanu, plongez dans les passes, baignez-vous, et profitez de l’océan comme du lagon, tous deux si lumineux ; mais si, d’aventure, vous en avez la possibilité, explorez une ou deux mares à kopara pour découvrir un univers que peu de personnes connaissent, même après de nombreuses années passées en Polynésie. Le décor y est féerique…

Textes et photos : Daniel Pardon

Depuis un léger relief corallien, on peut parfois apercevoir les gros chanos chanos, prisonniers volontaires des mares.
Depuis un léger relief corallien, on peut parfois apercevoir les gros chanos chanos, prisonniers volontaires des mares.

Un chanos chanos en embuscade, épiant le baigneur venant à lui. Il faut littéralement se transformer en morceau de bois pour l’approcher.
Un chanos chanos en embuscade, épiant le baigneur venant à lui. Il faut littéralement se transformer en morceau de bois pour l’approcher.

Bon à savoir

-L’eau des mares à kopara est (normalement) propre, mais en revanche, ces endroits sont souvent laissés à l’abandon ; les cocos percés et vidés par les rats sont des gîtes à moustiques innombrables. Une brousse épaisse entoure de nombreuses mares ; palmes, feuilles mortes, branchages y pourrissent, ce qui donne alors à l’eau une couleur noire peu engageante. Si vous décidez d’en explorer une en palmes, maque et tuba, pour éviter tout risque d’otite, pensez à vous mettre une goutte d’huile dans les oreilles (l’huile d’amande douce est la plus indiquée). Nagez toujours très silencieusement, pour surprendre les chanos chanos, mais aussi pour ne pas troubler l’eau par des battements de jambes ou de bras intempestifs.

-Fakarava est le deuxième plus grand atoll des Tuamotu, avec une superficie de 1 121 km2 (contre 1 640 km2 pour Rangiroa). Il fut découvert tardivement, le 17 juillet 1820, par le navigateur russe Bellingshausen, qui baptisa l’île Wittgenstein.


Gros plan sur la bouche d’un chanos chanos, située en dessous de sa tête, ce qui met en évidence ses moeurs de poisson fouilleur et “brouteur”.
Gros plan sur la bouche d’un chanos chanos, située en dessous de sa tête, ce qui met en évidence ses moeurs de poisson fouilleur et “brouteur”.

Des crevettes presque totalement transparentes vivent dans les mares à kopara. Parfois elles y pullulent. Attirez-les avec l’abdomen d’un bernard l’hermite.
Des crevettes presque totalement transparentes vivent dans les mares à kopara. Parfois elles y pullulent. Attirez-les avec l’abdomen d’un bernard l’hermite.

Les bonnes adresses de Séjours dans les îles

Pension Paparara

Un jardin typique des Tuamotu au bord du lagon, une plage où s'entremêlent sable fin et fragments coralliens, des eaux pures, limpides, c'est le décor que vous offre la pension Paparara. Plusieurs bungalows de style polynésien, offrant un confort simple et joliment décorés, sont disposés le long du rivage.
Séjour Vol + 2 nuits à partir de 56 614 Fcfp/pers. avec demi-pension

Pension Tokerau Village

La pension Tokerau Village se compose de 4 bungalows confortables et spacieux, joliment décorés, dans une belle propriété arborée et fleurie. La flore locale est mise en valeur de façon très originale ; les aito, les miki miki sont habilement taillés en forme de boules ou de jolies haies, offrant à la pension un ravissant écrin de verdure. A quelques pas, le bord de mer, le sable blanc, les eaux cristallines…
Séjour Vol + 2 nuits à partir de 61 834 Fcfp/pers. avec demi-pension

Pension Veke Veke

C'est sur le motu principal, non loin du village de Rotoava, que l'on peut découvrir la pension Veke Veke Village. Cette dernière se compose de 6 bungalows construits dans un style à la fois simple et traditionnel; décorés avec goût, ils sont répartis sur la plage ou au bord du lagon. A quelques pas de là, le "fare" restaurant où vous pourrez déguster une cuisine familiale et goûteuse mettant en valeur les saveurs locales.
Séjour Vol + 2 nuits à partir de 45 544 Fcfp/pers. avec petit-déjeuner

Pension Vaiama Village

Une plage de sable fin parsemée de cocotiers au bord du lagon offrant toute la palette des bleus et des verts, tel est le cadre enchanteur proposé par la pension Vaiama Village. 5 bungalows pleins de charme sont installés au bord de l'eau ou dans le jardin. Ils allient avec simplicité et élégance, le bois de cocotier, le mobilier en bois et des paréos colorés ; les salles de bains, avec leur sol recouvert de galets de corail et leurs plantes vertes, enchanteront les amateurs d'authenticité.
Séjour Vol + 2 nuits à partir de 47 014 Fcfp/pers. avec petit-déjeuner

Pearl Havaiki Lodge Petite hôtellerie familiale

Le Pearl Havaiki Lodge a le plaisir de vous proposer 15 bungalows posés sur la plage ou côté jardin ainsi que des services dignes d'un petit hôtel. Les bungalows jardin et plage offrent un décor moderne et épuré avec leur parquet en bois précieux, leur vasque de type contemporain, leur salle de bains aux miroirs ornés de bois flotté et leurs murs incrustés de galets, sans oublier la climatisation en bungalow premium, luxe aux Tuamotu !
Séjour Vol + 2 nuits à partir de 42 964 Fcfp/pers.

A lire :

“Les atolls des Tuamotu”, Orstom Editions (1994)

Enchevêtrement de racines de cocotiers recouvertes d’algues. Un décor de film fantastique.
Enchevêtrement de racines de cocotiers recouvertes d’algues. Un décor de film fantastique.

Gros plan sur des algues en forme de coussins qui dégagent de l’oxygène en “respirant”. Les mares à kopara, mortes en apparence, sont en réalité pleines de vie.
Gros plan sur des algues en forme de coussins qui dégagent de l’oxygène en “respirant”. Les mares à kopara, mortes en apparence, sont en réalité pleines de vie.


Rédigé par Daniel Pardon le Vendredi 29 Janvier 2016 à 13:34 | Lu 2220 fois
           



Commentaires

1.Posté par simone grand le 30/01/2016 07:42 | Alerter
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Après des recherches très intéressantes menées par le professeur Trichet il y a plus d'une vingtaine d'année, il a découvret que les bains dans les mares à kopara guérissaient des maladies de peau.
J'ai proposé au gouvernement un volet touristique particulier en utilisant ces mares pour des bains curatifs.
Un jour, j'ai vu dans un couloir de la présidence, mon dossier par terre, prêt à être jeté à la poubelle.
Pourtant c'est toujours un créneau à prospecter.
C'est fou ce que nos politiciens haissent les scientifiques.