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Carnet de voyage - Gambier : Aukena, Taravai, Akamaru, les îles pieuses


La porte devant le quai de Agakono, à Taravai, donnant accès à l’église St Gabriel. Elle est ornée des cœurs de Jésus et de Marie, emblème des Picpus.
La porte devant le quai de Agakono, à Taravai, donnant accès à l’église St Gabriel. Elle est ornée des cœurs de Jésus et de Marie, emblème des Picpus.
GAMBIER, le 24 mai 2018. Superbe balade aujourd’hui dans l’archipel des Gambier, au large de Mangareva. Dans ce vaste lagon de 35 km sur 30 km, quelques îles se détachent, trois d’entre elles ayant connu un destin particulier, parce qu’elles étaient peuplées et parce que les missionnaires catholiques de Picpus y ont bâti divers monuments, dont trois splendides églises. En route pour Taravai, Akamaru et Aukena.

Le bateau taille sa route sur un lagon tranquille. Louis est à la barre, il connaît son affaire. On avance, et vite : aujourd’hui, c’est pour nous le grand jour, celui d’un triple pèlerinage dans les îles principales de cet immense lagon des Gambier où le catholicisme fit tache d’huile à partir de 1834.

Taravai la gothique

Le ciel est d’un bleu limpide et quelques voiliers au mouillage annoncent le quai de Taravai, notre première étape. A peine débarqués, nous passons sous la porte majestueuse frappée des cœurs entrelacés des Picpus (la congrégation des sacrés cœurs de Jésus et de Marie, dont les missionnaires ont évangélisé tout l’archipel). Nous sommes à deux pas de l’église gothique consacrée à St Gabriel, bâtiment élancé et silencieux accentuant encore la sérénité qui se dégage du jardin ceignant l’édifice (terminé en 1868). Orangers, uru, piments, pamplemousses, le fa'a'apu entourant l’église a un petit arrière-goût de paradis perdu. La porte d’entrée est fermée mais non verrouillée. Nous pénétrons en silence dans l’édifice parfaitement entretenu par les quelques ouailles vivant encore sur cette île. De chaque côté du maître autel, érigé sous un ciel étoilé, deux doubles cœurs sont peints contre le mur, double cœurs que l’on retrouve sur la partie avant de l’autel. Les boiseries, dans lesquelles sont incrustées de la nacre, sont splendides ; indubitablement, cette église, certes modeste, est « habitée », ne serait-ce que par la foi quasiment palpable de ses fidèles.

La superbe église gothique de Taravai ; recouverts de chaux, de gros coquillages « sept doigts » ornent la partie supérieure du portail d’entrée.
La superbe église gothique de Taravai ; recouverts de chaux, de gros coquillages « sept doigts » ornent la partie supérieure du portail d’entrée.

Merveille en bois incrusté de nacre, le maître autel ; à sa base les cœurs enlacés de Jésus et de Marie.
Merveille en bois incrusté de nacre, le maître autel ; à sa base les cœurs enlacés de Jésus et de Marie.

L’intérieur de l’église St Gabriel de Taravai est parfaitement entretenu par les fidèles de l’archipel.
L’intérieur de l’église St Gabriel de Taravai est parfaitement entretenu par les fidèles de l’archipel.

Akamaru la romane

Cap ensuite sur Akamaru et sa splendide église romane à double clocher, dédiée à Notre-Dame de Paix (achevée en 1844). Une merveille parmi les merveilles des Gambier. C’est d’ailleurs ici que vivait le père Honoré Laval, sa maison, avec sa cave et son four à pain, se dressant juste à côté de l’édifice religieux.

L’arrivée se fait sur un quai désert, une longue allée de pelouse, parfaitement bien entretenue, conduisant à l’église aux clochers dissymétriques, référence à la cathédrale de Chartres (le père Laval était originaire de cette région). Le lieu sacré n’est pas fermé à clé ; l’intérieur du sanctuaire est en très bon état, toujours utilisé d’ailleurs par les habitants de Rikitea (quelques familles vivent encore sur cette île et entretiennent avec dévotion ce lieu de culte et les jardins l’entourant.).

Les boiseries du maître autel sont en parfait état et finement ornées de nacres incrustées. On peut accéder à l’un des clochers où se balance doucement la grosse cloche (prière de ne pas tirer sur la corde !).

La petite église de style gothique de Akamaru avec ses deux clochers dissymétriques, rappelant la cathédrale de Chartres chère à Honoré Laval.
La petite église de style gothique de Akamaru avec ses deux clochers dissymétriques, rappelant la cathédrale de Chartres chère à Honoré Laval.

L’intérieur de Notre-Dame de Paix, à Akamaru, est impeccable, des offices religieux y ayant lieu régulièrement.
L’intérieur de Notre-Dame de Paix, à Akamaru, est impeccable, des offices religieux y ayant lieu régulièrement.

Le maître autel de Notre-Dame de Paix, sobre mais élégant.
Le maître autel de Notre-Dame de Paix, sobre mais élégant.

Par un petit escalier, on peut accéder à la cloche de Notre-Dame de paix qui sert à appeler les fidèles.
Par un petit escalier, on peut accéder à la cloche de Notre-Dame de paix qui sert à appeler les fidèles.

Le four à pain du père Laval, sa modeste maison (à gauche) et un des clochers de Notre-Dame de Paix.
Le four à pain du père Laval, sa modeste maison (à gauche) et un des clochers de Notre-Dame de Paix.

Saint Raphaël d'Aukena

L’escale suivante est pour l’île de Aukena, petite, mais riche en monuments. Le plus emblématique est la tour de guet qui domine un éperon s’avançant dans le lagon, face à Rikitea. Il permettait aux navires arrivant « à Gambier » (comme on disait alors) de se repérer et surtout d’être repérés et donc annoncés.

Autres vestiges de taille, l’ancien séminaire des garçons (en ruines), un très vaste four à chaux, une meule brisée (qui servait à extraire l’huile de tamanu) et bien sûr la modeste église dédiée à St Raphaël (achevée en 1840, elle fut la première à être bâtie en dur, un an avant la cathédrale St Michel de Rikitea). Cet édifice n’est pas en ruine, certes, mais mériterait une sérieuse restauration, prisonnier qu’il est d’une gangue végétale humide et envahissante.

Textes et photos : Daniel Pardon

La petite église dédiée à St Raphaël, sur Aukena, fut la première à être bâtie en dur.
La petite église dédiée à St Raphaël, sur Aukena, fut la première à être bâtie en dur.

Les ruines du séminaire de Aukena que la végétation envahit.
Les ruines du séminaire de Aukena que la végétation envahit.

La tour de guet qui symbolise Aukena et que tous les navires approchant de Rikitea ne peuvent manquer de voir.
La tour de guet qui symbolise Aukena et que tous les navires approchant de Rikitea ne peuvent manquer de voir.

Le mont Duff (441m), dans le lointain, vu depuis la tour de guet de Aukena.
Le mont Duff (441m), dans le lointain, vu depuis la tour de guet de Aukena.

Générosité des formes et des matières

Les religieux des Gambier, activement aidés par la population, firent preuve d’ingéniosité dans les matériaux utilisés pour leurs édifices : faute de galets (pas de rivière), ils utilisèrent des blocs de basalte ou des coraux, ces derniers arrachés aux lointaines barrières de corail et ramenés par radeaux. La chaux était fabriquée à partir de corail brûlé au four.

Les Mangaréviens furent si performants que, plus tard, on fit appel à eux pour construire la cathédrale de Papeete.
La décoration comptait beaucoup ; les églises furent de style roman (sauf la splendide Saint-Gabriel de Taravai).

Sur les façades, on peut observer des corniches, des colonnes, des pilastres, des fresques, des triglyphes, des gouttes, des oves, des cannelures, des cimaises, des métopes… L’intérieur est souvent admirablement décoré (nacres et boiseries à St Gabriel ou Notre-Dame de Paix).

A savoir…

Les monuments religieux des îles
- Église Notre-Dame de Paix à Akamaru (L. 24m., l. 9m.). 1844
- Église St Gabriel à Taravai (L. 24m., l 9m.). 1868
- Église St Raphaël à Aukena (L. 18m., l. 7m.). 1840.

À lire impérativement
- Mangareva et les Gambier (François Vallaux, 208 pages, 1994). Publié par le Ministère de l’Éducation de Polynésie française et l’ETAG, Établissement territorial d’achats groupés.
- Mémoires pour servir à l’histoire de Mangareva (ère chrétienne, 1834-1871) par Honoré Laval. Édité par C.W. Newbury et P. O’Reilly. Publication de la Société des océanistes N°15. Musée de l’Homme. Cet ouvrage monumental est la suite de “Mangareva, l’histoire ancienne d’un peuplement polynésien” (édité en 1938) du même auteur.

Les bonnes adresses

Séjours dans les îles

Chez Bianca et Benoit
Séjour Vol + 3 nuits à partir de 71 204 Fcfp/pers., avec demi-pension

Pension Chez Jojo
Séjour Vol + 3 nuits à partir de 74 359 Fcfp/pers., avec demi-pension

Pension Maro’i
Séjour Vol + 3 nuits à partir de 72 639 Fcfp/pers., avec demi-pension


Rédigé par Daniel PARDON le Jeudi 24 Mai 2018 à 17:00 | Lu 2519 fois